Act 0

Un destin mordant

a woman in a white shirt and black pants
a woman in a white shirt and black pants

Vous avez aimé cet act.

★★★★★

Chapitre 1: Les feux de la guerre

L'hiver enveloppait le monde d'un manteau blanc, et la neige tombait en silence sur les ruines des batailles passées. Le village de Sleepinwood, autrefois théâtre de tant de conflits, était désormais un havre de paix où résonnaient les rires des enfants. Niché au cœur d'une forêt dense et majestueuse, Sleepinwood vivait au rythme harmonieux, lent et doux de la nature, son nom "Bois dormant" reflétant parfaitement le calme qui y régnait.

À l'orée de la forêt, l'orphelinat de Sleepinwood se dressait fièrement. C'était un bâtiment accueillant, aux murs en pierre recouverts de plantes grimpantes et aux fenêtres encadrées de bois sculpté. À l'intérieur, le feu de cheminée crépitait joyeusement, projetant des ombres dansantes sur les murs ornés de dessins d'enfants et de souvenirs des années passées, chaque objet ayant son histoire propre.

Ce soir-là, les enfants de l'orphelinat se rassemblèrent autour du feu, assis en ronde, leurs yeux brillants de curiosité et d'excitation. Assise sur une vieille chaise, Titis, une grand-mère au visage doux et aux cheveux grisoyant, entama son histoire. Pally et Merwinn, deux garçons espiègles et pleins de vie, se serrèrent l'un contre l'autre, impatients d'entendre les exploits des anciens. William, un enfant plus réservé et taciturne, s'appuya contre un tabouret, écoutant d'une oreille distraite.

"Il y a bien longtemps," commença Titis, "les royaumes des Alekims et des Délanars étaient en guerre. Une bataille pour la terre et le pouvoir, mais aussi pour l'âme des hommes."

Les enfants, les yeux écarquillés, se penchèrent en avant pour ne pas perdre un mot de l'histoire. Titis, leur décrivit les deux peuples en guerre : les Alekims et les Délanars.

"Les Alekims étaient un peuple guerrier, représentant des valeurs d'éthique, de foi et de lumière. Leur capitale, Faithstone, était une grande cité majestueuse bâtie sur une colline dans une plaine à perte de vue, où se trouvaient les pierres de foi. Selon la légende, un ange envoyé par Le Créateur avait placé ces pierres là. Un prophète de leur peuple avait pour mission de créer une cité à côté de ces pierres. Aujourd'hui, ces pierres reposent dans les profondeurs de la cité, protégées par le peuple. Sur le dos de leurs tuniques, armures et capes de combat, deux ailes d'ange étaient brodées, symbole de leur divine mission. Les meilleurs combattants des Alekims, appelés 'Les Paladins', étaient des guerriers promus qui associaient leurs compétences martiales à leur foi. Leur discipline leur permettait de lancer des sorts de guérison et d'attaque liés à la lumière de leur âme."

Les flammes de la cheminée dansaient, créant une atmosphère mystique qui captiva encore plus l'auditoire. Titis poursuivit avec une description des Délanars.

"Les Délanars, quant à eux, étaient un peuple fier, savant et pragmatique. Ils étaient des magiciens aux facultés magiques très poussées, capables de lancer divers sorts destructeurs tels que des sorts de feu, de givre, ou de magnétisme. Leur connaissance leur avait permis de créer leur grande capitale, Elvendor, une cité mage abondante en énergie magique et à l'économie florissante. Leurs vêtements, des tuniques longues brodées de capuches avec des bordures dorées, étaient de différentes couleurs relatives à leur famille et leur rang de sorts magiques : rouge vin pour le feu, bleu roi pour la glace, etc. Leurs meilleurs combattants étaient les sorcelames, des puissants magiciens qui avaient décidé d'utiliser une lame ressemblant à un sabre, qu'elle soit physique ou éthérique, pour combler le manque d'action au corps à corps que les mages pouvaient avoir. Très agiles et destructeurs, ils combinaient leurs compétences martiales et magiques de manière redoutable."

Les enfants étaient suspendus aux lèvres de Titis. Pally et Merwinn, particulièrement, se sentaient transportés dans ce passé héroïque, imaginant les batailles épiques et les exploits des guerriers et des mages.

"À cette époque, deux guerriers se sont affrontés sans savoir qu'ils étaient destinés à changer le monde : Kadhescar, chef des Délanars, et Serena, la plus redoutable guerrière Alekim que l'histoire ait connue.

La neige tombait doucement recouvrant le sol d'une fine couche blanche. Les arbres, chargés de givre, se tenaient silencieux témoins des conflits passés et présents. En ce jour d'hiver, le grondement de la guerre entre les Alekims et les Délanars résonnait à travers la forêt. Les cris des combattants et le choc des armes remplissaient l'air glacial.

Serena, la plus redoutable guerrière Alekim, avançait d'un pas assuré. Sa tunique blanche, salie par la poussière, la terre et le sang, contrastait avec la pureté de son visage. Ses yeux perçants, illuminés par la lumière intérieure de sa foi, scrutaient les ombres mouvantes entre les arbres. Elle était seule, mais son cœur était habité par une détermination inébranlable.

Soudain, elle aperçut Kadhescar, le chef des Délanars, accompagné de trois de ses associés. Kadhescar portait une tunique violet impérial brodée d'or, et son sabre dentelé luisait de manière menaçante. Un sourire glacial se dessina sur son visage lorsqu'il reconnut Serena.

"Serena," dit-il d'une voix douce mais ferme, "ton nom résonne à travers les champs de bataille. Il est temps de voir si ta réputation est méritée."

Serena ne répondit pas. Elle se contenta de dégainer son sabre long, la lame scintillant sous la lumière tamisée du jour d'hiver. Elle savait que pour atteindre Kadhescar, elle devrait d'abord se débarrasser de ses acolytes. Sans attendre, elle se jeta dans la mêlée avec une agilité et une rapidité déconcertantes.

Le premier acolyte, un mage Délanar vêtu de rouge vin, lança un sort de feu dans sa direction. Serena esquiva d'un mouvement fluide, sa silhouette semblant se fondre avec la neige qui tombait. En un éclair, elle fut sur lui, son sabre décrivant une courbe gracieuse avant de trancher net le bras du lanceur de sort. Elle enchaîna avec un pivotement fluide qui l'amena directement à la gorge du mage, qu'elle taillada d'un coup précis. Le sang éclaboussa la neige, ajoutant une touche macabre au paysage hivernal.

Les deux autres acolytes, un guerrier et un sorcier, tentèrent de l'encercler. Le sorcier, vêtu d'un bleu roi, incanta un sort de givre pour immobiliser Serena, mais elle pivota avec une rapidité fulgurante, son sabre fendant l'air, la glace et le mage en même temps. Ça tête roula au sol. Le guerrier-mage, utilisant une lame magique, se précipita sur elle. Serena para le coup avec une grâce déconcertante avant de riposter avec une précision chirurgicale, perçant le cœur du guerrier-mage.

Kadhescar, observant la scène, ressentit un frisson d'excitation. Serena avait éliminé ses meilleurs acolytes avec une aisance qui le surprit agréablement. Il se tenait désormais seul face à elle, son sourire s'élargissant. "Impressionnant," murmura-t-il avant de lever son sabre dentelé.

Les enfants étaient captivés. William, malgré son air détaché, ne pouvait s'empêcher de jeter des regards curieux vers Titis.

Le combat entre les deux légendes commença. Serena, utilisant sa dextérité et sa finesse, attaquait avec des coups rapides et précis, sa lame traçant des arcs de lumière dans l'air. Kadhescar, calme et calculateur, gela l'air autour de lui pour former des barrières de glace, bloquant les attaques de Serena. Chaque coup de sabre de Serena était accompagné d'une lueur éclatante, un reflet de sa foi et de sa détermination.

Kadhescar répliqua en lançant des langues de feu dévastatrices. La forêt s'illumina de flammes, le contraste entre le feu et la neige créant une scène à la fois belle et terrifiante. Serena, esquivant avec agilité, semblait danser parmi les flammes, sa silhouette se mouvant avec une grâce presque surnaturelle. Elle para quelques coups avec son sabre, l'acier résonnant contre le métal dentelé de l'arme de Kadhescar.

Leurs esprits combatifs se réveillèrent, et ils se jetèrent dans le duel avec une ardeur renouvelée. Chaque coup de sabre, chaque sort lancé, chaque esquive témoignait de leur maîtrise et de leur passion pour le combat. Serena, malgré la fatigue qui commençait à peser sur ses épaules, sentait une étrange joie monter en elle. Kadhescar, de son côté, savourait chaque moment, trouvant en Serena une adversaire digne de lui."

Les yeux de Pally brillaient d'excitation, serrant les poings, comme s'il pouvait sentir la bataille dans ses veines.

"La forêt, témoin silencieuse de cet affrontement épique, semblait retenir son souffle. Les flocons de neige retombaient doucement, apaisant la scène de leur blancheur immaculée. Serena et Kadhescar, deux âmes destinées à changer le monde, se regardaient en silence, partageant une compréhension tacite de leur rôle dans cette grande guerre.

Le combat atteignit son apogée lorsque Serena, dans un mouvement désespéré, concentra toute la lumière de son âme dans un coup unique. Son sabre brilla intensément, comme une étoile filante, et elle attaqua avec toute la force qu'il lui restait. Kadhescar, surpris par l'intensité de l'attaque, forma une barrière de glace plus épaisse.

La glace, sous la puissance de son sort de givre, se matérialisa en un cône imposant et translucide qui s'étendait de ses pieds jusqu'à plusieurs mètres en avant. Les flocons de neige se cristallisèrent autour du cône, le rendant presque opaque. Serena, poussée par sa détermination, se lança contre ce mur de glace. Son sabre, illuminé par une lumière divine, perça le cône, créant une fissure qui s'étendit rapidement. Le cône de glace se brisa en éclats, et Serena, dans un dernier effort, planta son épée dans l'épaule gauche de Kadhescar.

Kadhescar recula sous la douleur, mais son sourire demeurait. La blessure n'était pas mortelle, mais suffisamment profonde pour ralentir ses mouvements. "Tu es vraiment incroyable, Serena," dit-il, essoufflé mais visiblement heureux.

Serena, haletante, baissa son sabre. Elle avait réussi à ébranler le puissant chef des Délanars. Leur duel, bien que farouche, avait réveillé en eux un respect mutuel. Leurs âmes de guerriers s'étaient reconnues, au-delà de la haine et des conflits qui opposaient leurs peuples.

Cependant, Kadhescar n'était pas prêt à se laisser vaincre. En un éclair, il concentra sa magie de feu dans son sabre dentelé, transformant la lame en une langue de feu incandescente. D'un geste rapide, il asséna un coup puissant à Serena. Elle tenta de parer, mais la force de l'attaque la projeta violemment contre un arbre. Elle s'effondra au sol, son sabre tombant à quelques mètres d'elle.

Kadhescar s'approcha, dominant la situation. Il leva la main et une flamme entoura Serena, empêchant tout mouvement. "Tu es une combattante exceptionnelle," murmura-t-il en la regardant avec une admiration sincère. "Je ne peux pas te tuer. Pas encore."

Il fit un signe à ses hommes restants, qui s'approchèrent pour attacher Serena. Malgré la douleur et l'épuisement, elle tenta de se débattre, mais les liens magiques étaient trop forts. Kadhescar se pencha vers elle, son regard intense plongé dans le sien. "Je t'emmène à Elvendor. Il y a tant de choses que nous devons discuter."

Le regard de Titis se perdit dans les flammes dansantes.

Ellendia, une petite fille aux yeux curieux, leva la main et demanda : "Qu'est-il arrivé à Serena après cela, Titis ?"

Titis soupira légèrement, son visage empreint de tristesse. "On n'a plus entendu parler d'elle après cela, Ellendia. Certains disent qu'elle a été emprisonnée à Elvendor, d'autres pensent qu'elle a réussi à s'échapper et vit cachée quelque part. Mais une chose est sûre, son esprit combatif et son courage continuent d'inspirer ceux qui se souviennent de son histoire."

Titis reprit l'histoire, sa voix captivant de nouveau l'attention des enfants.

"Les Alekims avaient réussi à gagner du terrain et à arriver devant les portes du royaume Délanar, cherchant la paix. Le chef des Alekims, revêtu de sa tunique blanche ornée des ailes d'ange, s'avança, se tenant fièrement devant les remparts. Levant les yeux vers la grande tour d'Elvendor, il éleva la voix pour être entendu par tous.

"Kadhescar, grand chef des Délanars ! Je te propose une trêve entre nos deux peuples. Il est temps de mettre fin à ce bain de sang et de trouver une voie vers la paix," déclara-t-il, sa voix résonnant avec une autorité et une sincérité profondes.

Du haut de sa tour dans la cité d'Elvendor, Kadhescar observait la scène. En entendant les paroles du chef Alekim, une vague de colère, de haine, de douleur et de frustration le submergea. Il poussa un cri primal, un rugissement qui résonna à travers la cité, exprimant toute la fureur qu'il contenait en lui.

D'un geste rapide et brutal, Kadhescar invoqua une énorme boule de feu pyrotechnique, utilisant la magie du feu avec une puissance dévastatrice. La boule de feu jaillit de ses mains, illuminant la tour d'une lueur infernale.

"Il n'y aura pas de trêve," murmura Kadhescar avec un sourire cruel, avant de lancer la boule de feu.

En un instant, la boule de feu traversa l'air et pulvérisa le chef Alekim, réduisant son corps en cendres devant les yeux horrifiés de ses guerriers.

Les Alekims, furieux et accablés de chagrin, se lancèrent à l'assaut avec une rage inégalée, ravageant tout sur leur passage. Les portes d'Elvendor furent brisées, et les forces des Alekims déferlèrent dans la cité, déterminées à venger leur chef et à détruire tout obstacle sur leur chemin.

La capitale des Délanars, Elvendor, n'était plus qu'un champ de ruines, dangereusement radioactive en raison des dégâts infligés à leur centrale magique détruite.

Le fils de l'ancien chef Alekim, Gothrik, debout parmi les décombres fumants, sentit monter en lui une colère et une haine malsaine. Son père a été tué devant ses yeux et il n'a rien pu faire pour empêcher cela. Soudain, dans un élan de clairvoyance, il se souvenait des dernières paroles que lui avait confié son père dans le campement, juste avant de partir pour la capitale des Délanar, la nécessité d'une paix durable et d'une unification entre les deux peuples. Inspiré par cette vision, il réussit à gérer ses émotions et fit honneur aux dernières volontés de son père.

Il s'adressa à son peuple avec une voix empreinte de fermeté et de compassion. "Alekims, mes frères et sœurs," dit-il, "nous avons subi une grande perte aujourd'hui. Mon père, notre souverain tant aimé, est mort. Mais nous ne devons pas laisser la haine et la vengeance nous consumer. Regardez autour de vous. Elvendor est en ruines, et ce lieu est devenu dangereux pour nous tous, Alekim et Délanar y compris. Nous avons besoin d'un nouveau départ pour les peuples de ce continent."

Les Alekims, écoutant leur nouveau chef, commencèrent à apaiser leur rage.

Ils regardèrent les Délanars, autrefois leurs ennemis, avec une nouvelle perspective. Gothrik poursuivit, "Nous devons tendre la main aux Délanars et les inviter à Faithstone. Ensemble, nous pouvons bâtir une cité encore plus prospère et grandiose que le monde n'ait jamais connue. Les Alekims et les Délanars peuvent fusionner leurs qualités respectives et travailler main dans la main pour un avenir meilleur."

Les paroles de Gothrik résonnèrent dans le cœur des Alekims et des Délanars. La vision d'un avenir de paix et de prospérité partagée commença à prendre forme. Les Délanars, reconnaissant la sagesse de Gothrik, acceptèrent son offre avec gratitude et espoir.

Ainsi, la Grande Exode commença. Des familles entières de Délanars, portant le peu d'affaires et d'objets qu'il leur restait, se mirent en marche vers Faithstone, la capitale des Alekims. Le voyage était long et ardu, trois semaines de marche à travers des paysages enneigés et des terrains accidentés. Mais l'espoir d'un avenir meilleur les soutenait.

Les Alekims, sur le chemin, partageaient leurs provisions et leurs abris avec les Délanars, créant des liens de camaraderie et de solidarité. Les enfants des deux peuples jouaient ensemble, apprenant les coutumes et les langues de chacun, tandis que les anciens échangeaient des histoires et des connaissances. Chaque jour, les distances entre eux se réduisaient, et une nouvelle société commençait à émerger.

Enfin, après un périple épuisant mais riche en rencontres et en échanges, les Délanars et les Alekims arrivèrent à Faithstone. La vue de la grande cité majestueuse, avec ses tours étincelantes et ses murs imposants, arracha des soupirs de soulagement et d'admiration aux nouveaux arrivants. Ils furent accueillis chaleureusement par les habitants de la capitale, et ensemble, ils commencèrent à bâtir une nouvelle ère de paix et de prospérité.

Les deux peuples prospérèrent côte à côte, leurs compétences et leurs cultures fusionnant pour créer une civilisation florissante. Les cicatrices de la guerre commencèrent à guérir, et une nouvelle légende naquit : celle de l'union des Alekims et des Délanars, travaillant ensemble pour forger un avenir lumineux et harmonieux."

Les paroles de Titis s'estompèrent doucement, laissant planer dans l'air le souvenir de cette histoire extraordinaire. Les enfants, suspendus à ses lèvres jusqu'au bout, mirent un instant à revenir à la réalité de l'orphelinat. Le crépitement du feu dans la cheminée, le craquement des bûches, les ramenèrent progressivement au présent.

Pally et Merwinn, excités à l'idée de devenir de grands guerriers eux-mêmes, échangèrent des regards complices. "Un jour, nous aussi nous serons des héros," murmura Merwinn, les yeux brillants. "Ça, c'est sûr," répondit Pally avec assurance. William, agacé par leur enthousiasme, tchip doucement, ce qui n'échappa pas à Pally.

"Demain, c'est la grande fête de Sleepinwood," déclara Titis en se levant. "Reposez-vous bien, car vous aurez besoin de toutes vos forces pour aider aux préparatifs."

Chapitre 2: Les Frasques de la Fête

Le matin se levait doucement sur Sleepinwood, enveloppant le village d'un calme serein et d'une paix presque palpable. La neige, tombée pendant la nuit, recouvrait les toits et les chemins d'une couche blanche immaculée, transformant le village en un tableau hivernal parfait. Les premiers rayons de soleil perçaient à travers les branches des arbres centenaires, faisant scintiller la neige comme des milliers de diamants minuscules.

Les ruelles sinueuses de Sleepinwood, bordées de haies et de murs de pierre, étaient encore désertes. Les habitants, bien installés dans leurs couvertures, savouraient les derniers instants de chaleur avant de commencer leur journée. Seules les traces laissées par quelques animaux nocturnes rompaient la surface lisse de la neige, témoignant de la vie qui continuait malgré le froid.

Un peu plus tard, le village s'éveilla lentement et se mit en effervescence. Les premiers habitants sortirent de leurs maisons, bien emmitouflés, pour commencer les préparatifs de la fête. Les rues autrefois silencieuses se remplirent de voix joyeuses et de rires, les commerçants ouvrirent leurs échoppes, et on commença à entendre les premiers coups de marteau indiquant que les préparatifs de la fête de Sleepinwood commençaient.

William, le petit garçon aux cheveux bruns toujours accompagné d'un air triste, sortit tranquillement de l'orphelinat, prenant une grande bouffée d'oxygène de cet air frais hivernal. Il ferma les yeux, savourant la sensation vivifiante de l'air glacial sur son visage. Cependant, à peine eut-il fait un pas dehors qu'un grand seau d'eau glacée se déversa sur sa tête, le trempant de la tête aux pieds. La sensation était si froide qu'il eut l'impression que son âme elle-même était gelée.

Les éclats de rire qui suivirent furent ceux de Pally et Merwinn, perchés sur le toit de l'orphelinat, se tenant les côtes tant ils riaient.

"Ah ah ah ! Tu aurais dû voir ta tête !" s'exclama Pally, les larmes aux yeux à force de rire.

William, furieux et dégoulinant, lança un regard noir en direction des deux garçons. "VOUS !!! JE VAIS VOUS TUER !!!"

Merwinn, entre deux rires, se redressa et déclara un peu inquiet, "Euh... C'était son idée !" en pointant du doigt Pally.

Pally, toujours hilare, ajouta. "Oh, allez William, c'était juste pour rigoler un peu, continue de nous tchiper comme tu sais le faire!"

William comprit qu'il faisait référence à hier quand il trouvait les deux rigolos insupportables.

Les dents serrées et les poings fermés, William fit un pas en avant bien décidé à leur donner une leçon. "VOUS ALLEZ VOIR !"

Mais avant qu'il ne puisse réagir, la porte de l'orphelinat s'ouvrit brusquement, et Braum, le chef du village, apparut, les sourcils froncés.

"Les enfants, aujourd'hui c'est la grande fête de Sleepinwood alors vous allez venir nous aider. William, toi tu... mais William pourquoi es-tu trempé ?"

"Grrrraaa," grogna William, rentrant nerveusement dans l'orphelinat pour se changer.

Pally et Merwinn pouffaient de rire discrètement, mais leur amusement fut de courte durée.

"Oh, je vois," Braum se racla la gorge, "PALLY, MERWINN !" lança-t-il d'un ton sec et agacé. Les deux garçons sursautèrent. "Descendez d'ici et allez dans les champs aider les villageois à la récolte."

Pally soupira, mais il s'exécuta avec Merwinn. "Pffoo! Faut pas rigoler avec Braum," murmura-t-il à son ami en descendant du toit.

Une fois dans leur chambre ils s'habillèrent chaudement avant de sortir aider les villageois. Leur chambre d'orphelinat était simple mais confortable, et elle reflétait parfaitement leurs personnalités distinctes.

La pièce, bien éclairée par une grande fenêtre, était divisée en deux espaces distincts.

À gauche se trouvait le lit de Merwinn, un espace ordonné et propre, avec un couvre-lit bleu ciel soigneusement tiré. Devant le lit de Merwinn, un coffre en bois était posé, où il rangeait ses affaires et ses petits trésors d'aventure. Sur une étagère à côté du lit, divers objets étaient disposés : des livres de contes, des figurines en bois sculpté et des dessins colorés, reflétant son amour pour les histoires et sa grande sensibilité.

À droite de la pièce, le lit de Pally était couvert d'une couverture rouge vif, un peu froissée. Devant son lit, un autre coffre en bois abritait ses possessions, des épées en bois et des souvenirs de ses aventures. Son étagère était remplie de toutes sortes d'objets : des pierres brillantes, des plumes d'oiseau, des cartes de trésor dessinées à la main et des outils d'aventure. Chaque objet racontait une histoire de ses escapades dynamiques et de son insatiable curiosité.

Pally, débordant d'énergie, ouvrit son coffre et en sortit une épaisse veste en laine et une écharpe rouge. "Merwinn, tu es prêt pour cette journée d'aventure ?" dit-il avec un sourire espiègle.

Merwinn, toujours plus méthodique, choisit soigneusement ses vêtements. Il enfila un manteau bleu foncé et une écharpe violet assortie, puis attrapa ses gants en laine. "Carrément prêt" s'exclama-t-il, avec un grand sourire.

"Dis, Pally, tu penses qu'on devrait prendre nos épées en bois ?" demanda Merwinn.

"Bien sûr !" répondit Pally avec enthousiasme. Les deux garçons fouillèrent alors dans leurs coffres respectifs pour trouver leurs épées en bois. Une fois trouvées, ils les attachèrent sur leur dos.

Pendant qu'ils s'équipaient, Pally se plaignit, "Je trouve ça vraiment ridicule que Braum ait demandé qu'on nous enlève nos vraies épées pour les remplacer par celles en bois. Après tout, on a sauvé le village contre les contrebandiers pourpres il y a trois mois. On a bien montré qu'on savait s'en servir.

"Oui, c'est vrai," approuva Merwinn. "C'était grâce à notre mentor Cirilla qui nous avait enseigné l'art de l'épée alors que le village entier était réduit en esclavage dans les mines au sud du village. Elle nous avait beaucoup aidés à libérer le village."

"Oui, enfin, on avait battu pas mal de contrebandiers avant qu'elle nous aide contre leur chef," ajouta Pally.

"Oui, c'est vrai," approuva Merwinn. "Mais Braum dit que des enfants ne doivent pas 'jouer' avec de vraies armes."

"J'ai 8 ans, je suis un grand maintenant," rétorqua Pally avec indignation. "Ce que dit Braum est complètement ridicule."

En traversant le couloir pour descendre au rez-de-chaussée de l'orphelinat, Pally et Merwinn remarquèrent la traînée d'eau laissée par William et ne purent s'empêcher de rire à nouveau. William devait sûrement être en train de se changer, pensaient-ils.

"On a peut-être un peu dépassé les bornes cette fois-ci, tu ne trouves pas, Pally ?" demanda Merwinn.

"William et moi, on ne s'entend pas, c'est comme ça. Puis, il n'avait qu'à pas se moquer de nous hier pendant l'histoire de Titis," répliqua Pally.

En descendant dans la cuisine, Pally et Merwinn furent immédiatement enveloppés par une chaleur accueillante et réconfortante. La cuisine de l'orphelinat était un véritable havre de convivialité, où chaque détail dégageait une ambiance rustique mais chaleureuse. Les murs en pierre étaient décorés de nombreuses étagères en bois, sur lesquelles reposaient des bocaux de conserves, des épices et des herbes séchées. Des casseroles et des poêles en cuivre brillaient doucement à la lueur des flammes du fourneau.

Au centre de la pièce, une grande table en bois massif, usée par les années et les nombreuses préparations culinaires, était couverte de nappes à carreaux rouges et blancs. Autour de la table, des chaises dépareillées mais confortables, attendaient les enfants pour le prochain repas. Les fenêtres, encadrées de rideaux en dentelle, laissaient entrer une douce lumière matinale, accentuant encore plus la chaleur et la sérénité du lieu.

L'air était imprégné de la délicieuse odeur de pain fraîchement cuit et de viande hachée en train de dorer dans le four. C'était un parfum qui faisait immédiatement saliver et donnait l'impression d'être chez soi. Au-dessus du four, une marmite émaillée laissait échapper une vapeur aromatique, témoignant des préparations en cours.

Titis, la cuisinière de l'orphelinat, était au fourneau, son tablier maculé de farine et de diverses éclaboussures de cuisine. Son sourire bienveillant et son regard doux dégageaient une aura d'amour et de dévouement. Chaque mouvement qu'elle faisait, chaque plat qu'elle préparait, était empreint d'une affection sincère pour les enfants dont elle prenait soin.

"Bonjour, mes petits aventuriers ! Vous êtes juste à temps, les pains à la viande hachée sont presque prêts," dit-elle en se tournant vers eux, un sourire éclatant sur le visage. "Ils sont normalement pour midi, après votre travail dans les champs, mais j'ai un petit secret pour vous."

Elle sortit discrètement deux petits pains du four et les tendit à Pally et Merwinn. "Surtout, ne dites rien à la directrice de l'orphelinat," murmura-t-elle avec un clin d'œil complice.

Pally et Merwinn, les yeux brillants de reconnaissance, lui firent un gros câlin qui réchauffa le cœur de Titis. "Merci, Titis ! Tu es la meilleure !" s'exclamèrent-ils en chœur avant de mordre joyeusement dans leurs pains encore chauds.

Leur ventre rempli et le cœur léger, les deux garçons se préparèrent à sortir pour aider les autres dans les champs. "Allez, on y va ! Bisoux Titis!" lança Pally en courant vers la porte, suivi de près par Merwinn.

Le village était magnifique, décoré de guirlandes et de lanternes. Les habitants s'activaient pour préparer le grand festin. Pally et Merwinn furent envoyés aux champs pour aider à la récolte des carottes. "Je veux plus d'aventure dans ma vie," râla Pally en arrachant une carotte du sol. "Pourquoi t'aimes pas les carottes ?" demanda Merwinn en faisant une tête de lapin, ce qui déclencha une crise de fou rire entre les deux garçons.

William, agacé par leurs pitreries, leur lança un regard noir. "Bon, vous allez arrêter !!!"

Pally et Merwinn, avec leurs têtes de lapin, se contentèrent de le regarder fixement tout en faisant mine de grignoter une carotte. "Bande de débiles," soupira William.

Braum les appela soudainement. "Pally, Merwinn ! Benz a besoin de miel pour ses steaks du délice." Les yeux des garçons s'illuminèrent à la mention des steaks. "Allez en chercher dans la forêt et ne traînez pas!".

"Enfin quelque chose qui ressemble à une vraie aventure," s'exclama Pally. Ils s'équipèrent de leurs épées en bois et partirent à la recherche de miel dans la forêt.

Chapitre 3: Une abeille pas comme les autres

Pally et Merwinn, excités à l'idée de vivre une nouvelle aventure, se dirigèrent vers le sud du village en direction de la grande forêt de Sleepinwood. Le soleil de 10h baignait la forêt d'une lumière douce et dorée, réchauffant légèrement l'air frais du matin. La neige, encore fraîchement tombée, scintillait sous les rayons du soleil. À mesure qu'ils avançaient, la lumière du soleil jouait à travers les branches des arbres, créant une alternance envoûtante de lumière et d'ombre sur le sol enneigé. Des petites traces de rongeurs se dessinaient sur la neige immaculée, témoignant de la vie secrète qui animait cette forêt paisible. De temps en temps, un écureuil curieux apparaissait, observant les deux aventuriers avant de disparaître rapidement dans les hauteurs des arbres.

Pally et Merwinn marchaient avec enthousiasme, leurs épées en bois accrochées dans leur dos, prêts à affronter toutes les aventures que la forêt pourrait leur réserver. Leurs pas faisaient crisser la neige sous leurs bottes, et ils échangeaient des sourires complices, excités par la mission que Braum leur avait confiée.

"Regarde, Merwinn," dit Pally en pointant du doigt une série de petites empreintes de pas dans la neige. "Ça doit être un lapin."

Merwinn hocha la tête, les yeux brillants d'excitation. "C'est vraiment trop bien ! J'aimerais beaucoup avoir un animal de compagnie que je pourrais mettre dans ma poche et qui me suivrait partout où j'irais."

"Et tu l'appellerais comment ?" demanda Pally.

"Moshi !" rétorqua Merwinn.

"Moshi ? Ça veut dire quoi ?"

"J'en sais rien, je trouve juste que ça sonne mignon, haha !"

"Moshi ? Moi, ce nom me donne faim..." répondit Pally en se tenant le ventre qui gargouillait.

"Hey Moshi n'est pas à manger !" s'exclama Merwinn.

"Moshiiiiiii j'ai faim !!!!" dit Pally sous le ton de l'humour.

Les enfants ricanèrent.

"On pourra essayer d'en capturer un quand l'occasion se présentera," répondit Pally. "En attendant, trouvons ce miel pour les RUMSTEAK DU DÉLICES!" des étoiles se faisant de nouveau lire dans leurs yeux à la mention de ces délicieux rumsteak.

Merwinn reprenant ces esprits demanda, "Tu as une idée de l'endroit où on pourrait chercher?"

Pally hocha la tête avec assurance. "La dernière fois que je suis venu ici, j'ai vu plusieurs abeilles aller vers un endroit derrière le ruisseau à quelques km. On devrait commencer par là."

Les deux enfants marchèrent donc en suivant le son apaisant du ruisseau, leurs pas synchronisés avec le doux murmure de l'eau.

Ils arrivèrent finalement à un endroit où le ruisseau s'élargissait légèrement et remarquant un tronc d'arbre séché, posé en travers de l'eau, formant un pont naturel. Le tronc, probablement déplacé par les crues ou les vents forts, offrait une passerelle idéale pour traverser le ruisseau sans se mouiller.

"Regarde, Merwinn, on peut traverser ici," dit Pally en désignant le tronc. "Fais attention à ne pas glisser."

Merwinn acquiesça et suivit Pally, grimpant prudemment sur le tronc. L'équilibre était essentiel, car le bois, bien que solide, était parfois glissant à cause de la fine couche de glace qui le recouvrait. Les deux garçons avancèrent lentement, leurs bras tendus pour garder leur équilibre.

Le son de l'eau qui coulait sous eux ajoutait une note d'aventure à leur traversée. Pally et Merwinn, ressentant l'excitation de cette traversée, avaient l'impression de braver un grand danger. Leurs cœurs battaient la chamade alors qu'ils s'équilibraient sur le tronc d'arbre, se sentant comme de véritables explorateurs où le moindre faux pas serait fatal.

"Fais attention à ne pas tomber dans la lave, Merwinn !" s'exclama Pally, les yeux brillants. "Elle te tuerait instantanément !"

"Oui !" répondit Merwinn, ses mains tremblant légèrement d'excitation et se prenant un peu trop au jeu de son imagination débordante. "Il ne faut surtout pas que je tombe..." se dit-il à lui-même.

L'adrénaline pulsait dans leurs veines alors qu'ils franchissaient le ruisseau. Leur imagination débordante transformait cette simple traversée en une épopée héroïque, où chaque bruit de l'eau se présentait à eux comme du magma en fusion et chaque éclat de lumière ajoutait à la magie de leur quête.

Une fois de l'autre côté, ils sautèrent sur le sol enneigé, fiers de leur exploit.

"Bien joué, chevalier Merwinn," dit Pally avec un sourire, lui tendant la main et désignant de l'autre la suite de leur aventure. "On continue par là. Je suis sûr que les abeilles viennent de cette direction."

Merwinn sourit en retour, se sentant plus confiant après avoir traversé le ruisseau, et prit la main de Pally. "D'accord, je te suis. Trouvons ce miel !"

Ils reprirent leur marche, suivant les traces discrètes laissées par les abeilles qu'ils avaient observées plus tôt.

En marchant dans la forêt pendant quelques minutes, ils entendirent des bourdonnements. Ils étaient sur la bonne piste. Ils se mirent à courir vers ces bruits, et virent une belle grosse ruche accrochée à une branche basse d'un grand chêne portant la neige.

"Par-là !" chuchota Pally à Merwinn.

Ils se cachèrent rapidement derrière un buisson pour observer la scène de loin, à l'abri des abeilles. La ruche était impressionnante, de forme ovale, avec une texture rugueuse et dorée, semblable à du papier mâché, mais beaucoup plus solide. Les couches de cire qui la composaient formaient des motifs ondulés et harmonieux, témoignant de l'incroyable travail des abeilles. Elle pendait lourdement sous la branche, légèrement recouverte de neige, qui scintillait sous les rayons du soleil.

"Magnifique !" chuchota Pally.

Autour de la ruche, une nuée d'abeilles bourdonnait de manière incessante. Elles allaient et venaient en un ballet parfaitement orchestré, leurs ailes transparentes créant un doux vrombissement dans l'air froid de la forêt. Leurs petits corps noirs et jaunes se déplaçaient avec une précision étonnante, entrant et sortant de la ruche par de petites ouvertures parfaitement alignées.

Ils restèrent un moment à observer, captivés par le spectacle.

"Mais Pally, comment on va faire pour récupérer le miel ? Les abeilles sont tellement nombreuses, elles nous en empêcheront," s'interrogea Merwinn, inquiet.

"Hmmm..." réfléchit Pally. "HA ! Je sais !" répondit-il avec un petit sourire malicieux.

Pally demanda à Merwinn de se positionner à un endroit où il serait visible par les abeilles et lui demanda surtout de ne pas bouger.

"Va là-bas, Merwinn. Juste devant ce tronc, et surtout, ne bouge pas," murmura Pally en pointant un endroit dégagé.

Merwinn, un peu perplexe, hocha la tête. "D'accord, mais qu'est-ce que tu comptes faire ?"

"Fais-moi confiance," répondit Pally avec un clin d'œil.

Merwinn, toujours plein de questions, se plaça à l'endroit indiqué. Pally, pendant ce temps, se mit à ramasser discrètement des cailloux en se rapprochant du buisson. Une fois en place, il se tourna vers Merwinn avec un sourire malicieux.

"Tu es prêt ?" demanda-t-il.

"Euuh... prêt à quoi ?" répondit Merwinn, un peu naïvement.

"À courir !" cria Pally en lançant les cailloux sur la ruche.

Instantanément, Pally se cacha dans le buisson tandis que les abeilles, sorties en masse et furieuses, repéraient Merwinn comme le seul coupable possible. Terrifié, Merwinn commença à courir dans une direction qui l'éloignait de Pally.

"FUUUMIIIERRR!!!!" cria-t-il, sa voix se faisant entendre de moins en moins à mesure qu'il s'éloignait en courant.

"Bon courage, mon pote !" s'exclama Pally, tout en observant la scène, mort de rire.

"Bon... maintenant que l'endroit est calme, c'est le moment de récupérer le miel," murmura Pally à lui-même.

Il sortit un pot de sa poche, monta à l'arbre et mit sa main dans la ruche pour récupérer le miel. Mais à peine une seconde après avoir inséré sa main, il reçut une grosse piqûre.

"AOUCH !" cria-t-il, lâchant prise de l'arbre. Il tomba en se mangeant plusieurs branches avant de se cogner la tête au sol.

"aaaa..." gémit Pally. "J'imagine que c'est mon karma..." dit-il avec un peu d'agonie.

En relevant la tête, il vit une abeille anormalement grosse et... bleue ! Il fit une roulade en arrière, lâchant le pot, et sortit son épée de bois de son dos dès que possible, la présentant devant lui en cas d'attaque.

Ses yeux, d'habitude pleins de malice, étaient devenus sérieux. Il observa cette énorme abeille qui commença doucement à s'avancer vers lui pour régler ses comptes.

L'abeille qui se tenait devant Pally était d'une taille impressionnante, mesurant au moins la moitié de la ruche. Son corps massif était d'un bleu sombre, presque nocturne, strié de rayures noires qui accentuaient son apparence menaçante. Ses ailes, translucides mais robustes, émettaient un son lourd et inquiétant.

Les yeux de l'abeille, d'un noir profond et brillant, semblaient observer Pally avec une intelligence glaciale. Ses antennes épaisses se dressaient, captant chaque mouvement de l'air. Sa tête était légèrement inclinée vers l'avant, donnant l'impression qu'elle se préparait à attaquer.

Son abdomen se terminait par un dard redoutable, aussi long que la moitié du bras de Pally, et d'une luisance inquiétante. Les pattes de l'abeille, épaisses et couvertes de poils, se déplaçaient avec une agilité surprenante pour une créature de cette taille.

L'abeille avançait lentement mais sûrement vers Pally, chaque mouvement de son corps imposant dégageant une aura de danger imminent. Le bleu sombre de son corps semblait absorber la lumière environnante, ajoutant à l'atmosphère déjà lourde de tension.

Le son lourd et inquiétant de ses ailes résonnait dans l'air à mesure qu'elle s'approchait de Pally, semblable à un tambour profond et lent, créant une ambiance oppressante autour de Pally. Chaque battement d'aile envoyait une vibration à travers l'air, renforçant la présence intimidante de l'abeille.

Pally, son épée de bois brandie devant lui, sentait son cœur battre la chamade. Il n'avait jamais vu une abeille de cette taille et de cette couleur auparavant, et il ressentait instinctivement le danger qu'elle réprésentait.

Pally se mit en garde, prêt à parer l'attaque de l'abeille bleue. "Allez, viens," murmura-t-il, déterminé à se défendre contre cette créature inhabituelle.

L'abeille bleue chargea Pally avec son dard pointé en avant. Pally, les muscles tendus, parvint à dévier le dard avec son épée en bois, bien que celle-ci s'était un peu effritée sous l'impact de l'attaque féroce de l'abeille qui fendait l'air. Pally fut surpris par la puissance de l'attaque de l'abeille, qui semblait se jeter sur lui avec une telle intensité, comme si chaque coup était son dernier souffle de vie. Il riposta immédiatement avec un coup en taillade, mais l'abeille esquiva avec une agilité surprenante, continuant sa course derrière lui.

L'abeille marqua un temps d'arrêt, ses antennes frémissant tandis qu'elle évaluait la situation. Pally, les pieds bien ancrés au sol, attendait le prochain assaut, prêt à réagir. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour son épée en bois, qui montrait déjà des signes d'effritement après l'impact précédent. Il se dit qu'il devait trouver une solution pour éviter de subir trop d'attaques directes, sous peine de voir son épée se briser et de se retrouver sans défense.

Une idée lui vint soudainement. Il pivota sur ses talons et se mit à courir dans la direction opposée.

L'abeille bleue, voyant sa proie lui tourner le dos, chargea de nouveau, son dard prêt à frapper. Pally se précipita vers l'arbre où se trouvait la ruche. Au moment où l'abeille allait presque planter son dard dans son dos, il fit un pas, deux pas sur le tronc de l'arbre, se retrouvant à l'horizontale. Avec une agilité féline, il sauta en arrière, effectuant un saut périlleux dans les airs.

L'abeille, emportée par son élan, planta son dard profondément dans l'arbre, y restant coincée. Pally, en pleine rotation de 180 degrés, frappa de toute sa force d'un coup horizontal, son épée en bois rencontrant l'abdomen de l'abeille dans un craquement sourd. La force du coup propulsa l'abeille jusqu'à un autre arbre, où elle s'écrasa lourdement.

Pally retomba avec grâce, effectuant une pirouette qui le fit atterrir sur ses deux jambes comme un chat. Il reprit immédiatement sa posture de combat, son regard fixé sur l'abeille bleue. Celle-ci titubait, visiblement affectée par le coup, mais encore loin d'être hors d'état de nuire.

"Alala, si j'avais ma vraie épée, le combat serait déjà terminé," murmura Pally, exaspéré de la situation.

L'abeille, bien que blessée, se redressa avec difficulté, ses ailes battant frénétiquement pour se stabiliser. Elle émit un vrombissement furieux, ses yeux noirs fixés sur Pally avec une lueur de vengeance. Le jeune garçon savait qu'il n'avait pas beaucoup de temps avant qu'elle ne se lance dans un nouvel assaut.

Pally se déplaça rapidement sur le côté, cherchant un angle d'attaque avantageux. L'abeille s'éleva légèrement, puis plongea vers lui avec une vitesse déconcertante. Pally esquiva de justesse, sentant le vent du dard frôler son épaule. Il contre-attaqua avec une série de coups rapides, cherchant à désorienter la créature.

Le combat devint une danse frénétique, chaque mouvement de Pally étant une question de vie ou de mort. Il utilisait son environnement à son avantage, se servant des arbres pour se propulser et attaquer avec une agilité impressionnante. L'abeille, bien que massive, montrait une ténacité redoutable, répliquant avec des attaques précises et rapides.

Chaque battement d'aile, chaque bourdonnement résonnait comme un compte à rebours sinistre. Pally sentait l'épuisement commencer à peser sur ses membres, mais il ne pouvait pas se permettre de ralentir. L'abeille, elle, ne montrait aucun signe de fatigue, ses mouvements restant rapides et précis, comme si elle ne ressentait rien, ni douleur, ni fatigue.

Pally trouvait cela étrange et inquiétant, se demandant comment une abeille de cette taille pouvait continuer à se battre avec une telle vigueur. "Cela n'a rien de naturel," se disait-il. Mais assez de réflexions ! Il devait trouver un moyen de neutraliser l'abeille avant qu'elle ne parvienne à le toucher de son dard mortel.

Pally ne voyait pas comment il allait mettre hors d'état de nuire cette abeille infatigable. Son épée ne tiendrait pas longtemps, et fuir ne servirait à rien, elle était beaucoup trop rapide. Il se dit en lui-même qu'il devait utiliser ce pouvoir qui l'habitait, même s'il ne savait pas le contrôler et qu'on lui avait formellement interdit de l'utiliser vu les dangers que cela pouvait causer à lui-même et à son entourage.

Mais il n'avait pas le choix.

L'abeille attaqua furieusement, comme pour en finir. Pally se concentra, fermant les yeux et levant la paume de sa main en direction de l'abeille. Au dernier moment, il ouvrit les yeux avec détermination, et des flammes jaillirent de sa main dans tous les sens, certaines atteignant l'abeille. Celle-ci agonisa et tomba par terre non loin de Pally, les flammes la consumant.

Pally sentit des brûlures au niveau de sa main, ce qui lui fit crisper le visage. Il ne contrôlait pas ses flammes, qui jaillissaient un peu partout, brûlant l'herbe visible autour de lui. Il se dépêcha de marcher dessus pour éteindre toutes les flamèches au sol.

Pally se redressa, encore sous le choc de ce qui venait de se passer. Il se força à calmer sa respiration, sentant l'adrénaline redescendre doucement. Heureusement, il n'avait pas créé d'incendie. C'était sûrement grâce au froid et la neige. Il souffla de soulagement en se disant cela.

Il regarda sa main, elle contenait quelques brûlures, mais rien d'alarmant. Son regard se redressa de nouveau vers l'abeille, qui agonisait jusqu'à finir par ne plus bouger, laissant les flammes la consumer totalement.

L'odeur de cette abeille calcinée était nauséabonde, bizarre et étrange. Pally n'avait jamais senti une telle chose.

Au fur et à mesure que l'abeille, morte à présent, brûlait, sa taille rapetissait. Ce qui avait été une créature gigantesque devenait de plus en plus petit, jusqu'à atteindre la taille d'une abeille normale. Finalement, elle disparut sous les flammes, qui finirent par s'éteindre totalement, laissant seulement quelques cendres et une odeur persistante dans l'air. Pourquoi cette abeille était-elle passée de gigantesque à une taille normale ? Que lui était-il arrivé ? D'où lui venait cette force surprenante ?

"Aaah, je me pose trop de questions !" s'exclama Pally à voix haute, fatigué de ces réflexions. "Récupérons plutôt ce miel !"

Il reprit son pot, qui heureusement n'était pas cassé, et puisant dans la ruche, il le remplit de miel.

Pally entendit crier Merwinn au loin. "PALLLY !!!". Il ne voyait pas encore son ami, mais il était content de l'entendre arriver afin de lui conter ses exploits. "Aah Merwinn t'es enfin là, il faut que j'te rac..." commença-t-il.

Merwinn le coupa en hurlant, "PALLY COUUUURSSS !"

Pally vit alors Merwinn affolé, poursuivi par le tas d'abeilles qu'il avait énervées avec ses cailloux. Pally fit une grimace, ses yeux s'écarquillant de terreur. "GEEEEEEEEEEEEUUUUH !" s'exclama-t-il avant de se mettre à courir avec Merwinn.

S'enclencha alors une course-poursuite effrénée. "PUREE MERWINN TU T'ES TOUJOURS PAS OCCUPÉ D'ELLES !!"

"QU'EST-CE QUE TU VOULAIS QUE JE FASSE ? TU M'AS MIS DANS LA SAUCE SANS ME PRÉVENIR, FUMIER !" répliqua Merwinn en criant.

"AAAAAAAAH !" cria Pally, cherchant désespérément une solution. En avançant près du ruisseau, il hurla à Merwinn, "LA, DANS L'EAU !"

Ils plongèrent tous les deux tête la première dans le ruisseau glacé. L'eau les enveloppa instantanément, leur coupant le souffle. Ils se cachèrent sous l'eau, entendant les bourdonnements des abeilles au-dessus d'eux, le son étant légèrement altéré mais toujours inquiétant.

Leur environnement devint soudainement oppressant, les rayons du soleil filtrant à peine à travers la surface de l'eau agitée par les abeilles en furie. Les poissons effrayés filaient entre les rochers, et les bulles d'air s'échappaient de leurs bouches, rendant leur situation encore plus précaire.

Pally et Merwinn attendaient patiemment sous l'eau, mais ils commençaient à manquer d'air. La panique montait en eux, leurs poumons brûlant de l'intérieur. Les abeilles étaient bien décidées à attendre. Alors qu'ils étaient sur le point de remonter à la surface, Pally remarqua deux plantes aquatiques à proximité. Il les arracha et réalisa qu'elles avaient des tiges creuses.

"Tiens, prends ça !" dit-il en mimant à Merwinn d'utiliser la plante comme une paille.

Ils utilisèrent les tiges pour respirer sans avoir à sortir la tête de l'eau. Les bourdonnements au-dessus d'eux restaient menaçants, mais savoir qu'ils pouvaient respirer les aida à garder leur calme.

Dans l'attente, Merwinn jeta un coup d'œil à Pally et vit que l'une des flammes utilisées plus tôt avait brûlé une partie de son vêtement, révélant un bout de sa fesse. La vue était si inattendue et ridicule que Merwinn peinait à contenir son rire, provoquant une avalanche de bulles autour de sa tige.

"OOUAAA, c'est quoi cette tête ?" se dit Pally en remarquant l'expression de Merwinn, qui luttait désespérément pour ne pas éclater de rire. Pris dans le même fou rire silencieux, Pally essaya de retenir ses éclats, mais leurs tentatives se soldèrent par une cascade de bulles qui ne fit qu'attirer davantage l'attention des abeilles.

Les abeilles, piquées par la curiosité, commencèrent à se poser sur leurs tiges, investiguant les mystérieux bourdonnements et mouvements sous l'eau. La situation devenait de plus en plus périlleuse, mais aussi terriblement comique.

C'est alors que William apparut. En voyant deux idiots dans l'eau, soufflant des bulles autour de leurs tiges avec des abeilles furieuses au-dessus d'eux, il ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel d'exaspération. Brandissant la torche de feu qu'il avait apportée, il chassa les abeilles en quelques mouvements rapides.

Pally et Merwinn, libérés de leur tourment, émergèrent de l'eau en toussant et en crachant, essayant de dégager l'eau de leurs nez et oreilles. Trempés et épuisés, mais indemnes, ils se redressèrent péniblement.

"Vous êtes vraiment incorrigibles," déclara William d'un ton sec et sérieux.

"Qu'est-ce que tu fais là, William ?" demanda Pally, frigorifié, tout en essayant d'enlever l'eau de sa chaussure.

"Braum m'a donné l'ordre de vous aider pour le miel," répondit William, les yeux mi-clos de lassitude. "Vous avez oublié la torche pour récupérer le miel, idiots du village." Il jeta la torche enflammée par terre avec une précision exaspérée. "C'est chose faite, je vous laisse maintenant," ajouta-t-il avant de tourner les talons et partir sans un mot de plus.

"Pally, tu as pu récupérer le miel ?" demanda Merwinn, encore légèrement tremblant de leur escapade sous-marine.

"Oui, t'inquiète pas," répondit Pally avec un sourire malicieux. "Quelle aventure..."

Les deux garçons se regardèrent et éclatèrent de rire, réalisant enfin la folie de tout ce qui venait de se passer. Leurs rires résonnèrent dans la forêt, emportant avec eux la tension et les frayeurs de l'instant.

Chapitre 4: Une rencontre i-nain-ttendue

Pally et Merwinn, le sourire aux lèvres et les pieds encore un peu trempés, retournèrent triomphalement vers le village. Ils tenaient fièrement le pot de miel dans leurs mains.

Alors qu'ils approchaient, Rolf et Brat, les deux petits garçons du village, les aperçurent et accoururent vers eux, les yeux brillants d'admiration.

"Vous avez réussi ! Vous avez trouvé le miel !" s'exclama Rolf, excité.

"Racontez-nous comment vous avez fait ! Vous êtes vraiment les meilleurs !" ajouta Brat, tout aussi enthousiaste.

Pally, savourant l'attention, bomba le torse et prit la parole avec un air de bravade. "Ah, les gars, c'était une vraie aventure. On a dû braver les dangers de la forêt, traverser des rivières glacées et affronter des créatures terrifiantes. Une énorme abeille bleue a essayé de nous attaquer, mais avec mon courage et ma grande dextérité au combat, je l'ai mise hors d'état de nuire."

Les yeux de Rolf et Brat s'élargirent d'émerveillement. "Waouh ! T'es vraiment incroyable, Pally !" dit Rolf.

"Oui, un vrai héros !" ajouta Brat.

Pally continua avec un sourire malicieux, "Et vous auriez dû voir Merwinn ! Il s'est fait courser par un tas d'abeilles, mais il n'a pas paniqué. Il a couru aussi vite que possible, tellement vite que même son ombre traînait derrière. À cette vitesse, les abeilles ont presque pris feu en essayant de le suivre !"

Merwinn le regarda de travers, conscient que cette remarque était à la fois un compliment et une moquerie, mais les deux petits garçons n'y virent que du feu.

"Waouh, Merwinn, c'est trop cool !" s'exclama Rolf.

"Oui, tu es aussi un vrai héros !" ajouta Brat, émerveillé.

Pally hocha la tête avec un sourire satisfait. "Bon, allez les gars, je dois aller rendre le miel. Les grandes personnes ont du travail."

Les deux petits garçons les regardèrent partir, encore plus convaincus que jamais que Pally et Merwinn étaient les plus grands héros de Sleepinwood.

Lorsqu'ils arrivèrent chez Benz, le cuisinier légendaire de Sleepinwood, ils furent accueillis avec un sourire rayonnant.

"Benz ! On a le miel !" annonça Pally en tendant le pot.

Benz prit le pot avec une précaution exagérée, comme s'il contenait un trésor inestimable. Il passa son doigt dans le miel et le porta à ses lèvres, savourant la douceur sucrée. "Ah, mes précieux rumsteaks du délice...✨" murmura-t-il, des étoiles pétillant dans ses yeux. Ce simple mot avait un effet magique, évoquant des visions de festins somptueux et de saveurs inégalées.

Merwinn et Pally ne purent s'empêcher de partager cet éclat de joie, leurs yeux pétillant également à la mention des fameux rumsteaks. "Les rumsteaks du délice...✨" répétèrent-ils en chœur, savourant l'anticipation de ce festin.

"Ce miel est d'une excellente qualité. Vous avez fait du bon travail, les garçons."

Mais Benz remarqua quelque chose d'inhabituel. "Pally, ton doigt est enflé ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?"

Pally haussa les épaules, essayant de minimiser l'incident. "Oh, juste une guêpe vraiment anormale qui m'a piqué. Ça fait un peu mal, mais c'est supportable," dit-il, jouant les durs devant Merwinn.

Benz fronça les sourcils, visiblement préoccupé. "Ça n'a pas l'air très bon," dit-il en frottant nerveusement ses mains, un geste qu'il faisait toujours lorsqu'il était inquiet. "Écoute, va dans la boutique juste à côté de ma maison. Ils vendent maintenant des macarons guérisseurs qui viennent tout droit de la capitale, Faithstone."

"Des macarons guérisseurs ? C'est quoi, un gâteau ?" demanda Merwinn, intrigué.

Benz sourit et secoua la tête. "C'est bien plus impressionnant que de simples gâteaux, même s'ils en ont l'allure. Demandez directement à Pierrot, le vendeur de la boutique. Il vous expliquera tout."

Intrigués, Pally et Merwinn se dirigèrent vers la boutique de Pierrot. En entrant, ils furent accueillis par un homme jovial au visage rond et aux joues roses.

"Salut, les garçons ! Que puis-je faire pour vous ?" demanda Pierrot.

"Benz nous a dit que vous avez des macarons guérisseurs. C'est vrai ?" demanda Pally.

Pierrot hocha la tête avec enthousiasme. "Ah, oui ! Les tout nouveaux macarons guérisseurs de Faithstone ! Ils ont le pouvoir de guérir les blessures pratiquement instantanément lorsqu'on les mange, à condition de ne pas en abuser, bien sûr. Ceux que j'ai sont à la framboise, ils guérissent les blessures, mais il en existe plusieurs types, beaucoup trop chers pour moi. Mais comme on dit, la santé avant tout !"

Pally et Merwinn échangèrent un regard excité. Pierrot tendit un macaron à Pally. "Tiens, essaie celui-ci pour ton doigt."

Pally prit une bouchée du macaron, savourant la douceur sucrée. Merwinn, les yeux brillants de curiosité, lui demanda : "Alors, tu sens quelque chose ?"

Pally se concentra un instant avant de répondre. "Je me sens mieux, mais... la blessure à mon doigt n'a pas l'air d'avoir guéri."

Pierrot, après tout son discours commercial, se sentit un peu bête et embarrassé. "Euh, peut-être qu'il faut attendre un peu..." balbutia-t-il.

"Ou peut-être que c'est juste un gâteau, finalement," suggéra Merwinn, un sourire malicieux sur le visage.

Pierrot s'énerva, les joues rougissant davantage. "Bon, allez, les enfants, vous avez sûrement autre chose à faire ! J'ai entendu dire que notre tavernier avait un petit souci avec sa commande de cargaison de jus de raisins. Allez donc l'aider, allez, oust oust !" Il marmonna dans sa barbe, "Ils vont me casser mon business, ces deux-là..."

Sortis de force de chez Pierrot, Pally et Merwinn se dirigèrent vers la taverne.

La boutique de Pierrot, la maison de Benz, et la taverne n'étaient qu'à quelques pas les unes des autres. Le village de Sleepinwood, bien que petit, était chaleureux et accueillant, où tout le monde se connaissait et où chaque lieu important était à portée de marche. Des chemins parsemés de galets, soigneusement disposés, dessinaient des sentiers sinueux reliant les maisons et les commerces, ajoutant une touche pittoresque à l'ensemble.

En entrant dans la taverne, les garçons furent immédiatement frappés par le contraste entre le froid mordant de l'extérieur et la chaleur réconfortante de l'intérieur. La neige qui recouvrait leurs bottes commença à fondre doucement, formant de petites flaques d'eau autour de leurs pieds. L'air froid qui les avait enveloppés dehors laissait place à une atmosphère chaleureuse, emplie des arômes alléchants de bois brûlé, de pain frais et de ragoûts mijotés.

Pally et Merwinn se secouèrent légèrement, faisant tomber les derniers flocons de neige de leurs épaules. Leurs joues rougies par le froid se réchauffaient rapidement, et ils sentaient une agréable sensation de picotement alors que la chaleur de la taverne les enveloppait. Ils prirent un moment pour apprécier cette transition, respirant profondément l'air chaud et épicé de la taverne, se sentant presque comme chez eux.

En s'avançant plus loin dans le couloir de la taverne pour finalement arriver dans la salle principale, ils furent surpris de voir un nain avec... un ours !

Le tavernier n'avait pas l'air du tout serein avec cet ours dans sa taverne, mais le nain commandait tellement de boissons qu'il prenait son mal en patience.

"Ah, voilà c'que j'appelle une taverne digne de c'nom ! Plus de bière, mon ami ! Et que ça coule à flots !" s'exclama le nain, sa voix forte et son accent rugueux résonnant dans la salle. "N'ayez crainte, mon ours est aussi doux qu'un agneau après quelques pintes ! Hahaha !" Il termina son rire par un rot tonitruant, puis s'enfila son verre juste après, en levant haut sa chope.

À ses pieds, l'ours était posé, allongé sur le ventre, la tête reposant sur ses pattes, faisant une sieste paisible. Le contraste entre le calme serein de l'ours et la fougue exubérante du nain était saisissant.

La taverne de Sleepinwood était un lieu chaleureux, avec des murs en bois sombre et des poutres apparentes qui ajoutaient une touche rustique. Des lanternes en fer forgé diffusaient une lumière douce et dorée, créant une ambiance conviviale. Des tables et des bancs en bois massif étaient disposés de manière à favoriser les discussions animées et les éclats de rire. Un grand foyer crépitait dans un coin, répandant une chaleur agréable dans toute la pièce.

L'air était généralement imprégné d'une délicieuse odeur de bois brûlé mélangée à celle de pain fraîchement cuit et de ragoûts mijotant lentement. Cependant, aujourd'hui, une nouvelle odeur s'était ajoutée, plus âcre et sauvage, mélange de sueur de nain et de fourrure d'ours. Il était difficile de dire lequel des deux sentait le plus fort, mais cette odeur musquée et terreuse dominait désormais l'atmosphère.

La taverne était étrangement vide. À part le tavernier, le nain et son ours, il n'y avait personne. Il était évident que la présence de l'ours avait fait fuir tous les clients habituels, qui avaient préféré éviter une rencontre avec la bête massive. Le tavernier, malgré son inquiétude visible, continuait de servir les boissons avec une patience admirable, espérant que la situation ne dégénère pas.

"Durrin ! Baloo !" s'écria Pally, sa voix remplie d'excitation.

Le nain se retourna, ses yeux pétillants de joie. "Pally, Merwinn ! Mes p'tits héros ! Approchez donc !" rugit-il, un sourire éclatant sur le visage.

"Ça fait longtemps, vous deux !" ajouta Merwinn en s'approchant, son propre sourire illuminant son visage.

Baloo, entendant son nom, leva paresseusement la tête, les yeux à moitié ouverts, avant de refermer doucement ses paupières. Même dans son état de somnolence, il semblait reconnaître les deux garçons.

Durrin était un nain de petite taille, avec une stature robuste malgré son petit corps. Sa barbe et ses cheveux noirs comme la nuit lui donnaient un air imposant, bien que sa barbe atteignant son ventre ne soit pas si impressionnante vu sa petite taille – une remarque souvent source de plaisanterie. Il portait des vêtements en cuir usé, indiquant une vie passée en grande partie en plein air. Un fusil était accroché à son dos, et une hache pendait à sa ceinture, signes de sa préparation pour la survie. Tout dans son apparence criait l'expérience d'un rôdeur habitué à vivre dans la nature, toujours prêt à affronter les dangers.

À ses côtés se trouvait son fidèle compagnon, Baloo, un ours noir massif. Baloo avait un pelage épais et lustré, et son corps imposant et musclé trahissait une puissance brute. Ses yeux doux contrastaient avec son apparence redoutable, montrant la profonde loyauté et la tendresse qu'il avait pour son maître. La tranquillité de l'ours lorsqu'il était allongé à côté de Durrin créait un contraste saisissant avec l'énergie débordante du nain.

"Ah, mes amis ! Que d'souvenirs !" dit Durrin en leur tapant vigoureusement sur les épaules. "Vous v'souvenez d'la fois où on a fait fuir ces maudits bandits pourpres ? Quel combat glorieux !"

Pally hocha vigoureusement la tête. "Oui, et je me souviens de ton fameux coup de marteau qui a fait voler trois d'entre eux en même temps !"

"Hahaha, c'tait un coup d'maître, ça !" répondit Durrin, les yeux remplis de fierté.

Merwinn, plus réservé, ajouta : "Et Baloo qui a effrayé toute la bande en un seul rugissement... Je crois même que y'en a un qui s'est fait pipi dessus, hahaha !"

Ils éclatèrent tous de rire, leurs éclats résonnant joyeusement dans la taverne.

Baloo émit un léger grognement de satisfaction, toujours couché, les yeux fermés.

"Et vous, les garçons, qu'est-c'que vous d'venez ? Toujours en train d'sauver le monde, j'parie !" dit Durrin, levant son verre pour une nouvelle gorgée.

Pally et Merwinn se regardèrent, un sourire complice aux lèvres. "On a eu quelques aventures depuis," dit Pally, "mais rien de comparable à ce jour-là."

"Ah, c'est bien, c'est bien," acquiesça Durrin. "Les aventures forgent l'caractère ! Et vous en avez du caractère, mes amis !"

"Tu participeras à la grande fête de Sleepinwood, Durrin ?" demanda Merwinn, les yeux pleins d'espoir.

"Ah, ça, je raterais pas ça pour tout l'or du monde !" répondit Durrin avec enthousiasme.

Le tavernier, qui avait gardé un visage inquiet depuis le début, intervint : "Il n'y aura pas de fête digne de ce nom si mon livreur de jus de raisin, Marcel, n'arrive pas à temps pour préparer ces délicieux crus."

Pally et Merwinn échangèrent un regard déterminé. "Ne t'inquiète pas, on ira le chercher," déclara Pally avec assurance.

"Il devait venir du village de Breziel, là où les meilleures vignes sont cultivées. Vous aurez plus de chance de le rencontrer vers le haut de la montagne, au nord de Sleepinwood," expliqua le tavernier, un peu plus rassuré.

Pally et Merwinn acquiescèrent. "On y va tout de suite. À tout à l'heure, Durrin ! À tout à l'heure, Baloo !" lança Pally en se dirigeant vers la porte.

"À tout à l'heure, mes p'tits héros ! Faites attention à vous !" répondit Durrin, levant sa chope en guise d'au revoir, tandis que Baloo émit un grognement d'assentiment.

Les deux garçons quittèrent la taverne, prêts pour une nouvelle aventure, et prirent la direction du nord du village.

Chapitre 5: Duel sur la cascade

Pally et Merwinn quittèrent la taverne, le vent froid de l’hiver mordant leurs joues alors qu’ils se dirigeaient vers le nord. Le sentier menant à la montagne était recouvert de neige fraîchement tombée, étouffant les bruits de leurs pas et ajoutant une atmosphère feutrée à leur expédition.

"Tu penses qu'on trouvera Marcel facilement ?" demanda Merwinn, les yeux plissés pour scruter les environs enneigés.

"Je suis sûr qu'on trouvera des indices sur son passage. Marcel ne doit pas être très loin," répondit Pally, ajustant son écharpe.

Le chemin était escarpé et parsemé de rochers, mais cela ne faisait qu'ajouter à l'aventure. Ils escaladaient des parois rocheuses, se hissant avec agilité sur des lianes épaisses qui pendaient entre les arbres. Ils connaissaient bien ce chemin, car il menait vers la maison de Cirilla, leur mentor.

"J'ai hâte de revoir Cirilla... Elle me manque tellement. J'espère qu'elle va bien," dit Merwinn, jetant un regard inquiet à Pally.

"Tu t'inquiètes pour Cirilla ?" demanda Pally amusé. "C'est une guerrière redoutable et hors norme. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi fort qu'elle."

"Oui, c'est vrai qu'elle a réussi, à elle seule, à battre le chef des bandits pourpres, là où nous deux étions incapables de le faire," répondit Merwinn, ce qui irrita un peu Pally.

Le paysage devint de plus en plus sauvage et impressionnant à mesure qu'ils gravissaient la montagne. Les arbres, leurs branches alourdies de neige, formaient un tunnel blanc et scintillant sous le soleil d'hiver. Chaque pas dans la neige fraîche émettait un léger crissement, seul bruit perceptible dans cette nature endormie.

Finalement, ils débouchèrent sur un grand plateau. Devant eux s'étendait un panorama spectaculaire : une immense cascade se déversait avec fracas dans une étendue d'eau gelée en contrebas. La glace recouvrait une partie de l'eau, mais on pouvait voir le courant puissant et indomptable de la rivière qui continuait son chemin à travers la vallée enneigée. Le bruit assourdissant de la chute d'eau résonnait dans l'air, créant un contraste saisissant avec le silence de la forêt qu'ils venaient de quitter.

La rivière, large et impétueuse, leur faisait barrage, rendant impossible toute traversée directe. Au loin, un pont en bois, ancien mais robuste, surplombait la cascade à son sommet, là où la distance entre les deux morceaux de terre était la plus courte. Pour atteindre ce pont, ils devaient encore monter la montagne, empruntant un sentier escarpé serpentant parmi les rochers et les arbres gelés.

La montée, bien que difficile, ne les intimidait pas. Pally et Merwinn étaient habitués à ce chemin escarpé, grâce à l'entraînement rigoureux de Cirilla, leur mentor. Elle les avait formés sans relâche, les obligeant à monter et descendre cette montagne plusieurs fois par semaine. Leur endurance et leur agilité étaient le fruit de ces exercices intenses. Chaque rocher, chaque racine d'arbre, leur était familier, et leurs muscles, sculptés par l'effort, répondaient avec précision à chaque défi du sentier glissant.

"Je me souviens encore de la première fois que Cirilla nous a fait monter ici," dit Pally, esquissant un sourire. "Je croyais que mes jambes allaient lâcher."

Merwinn hocha la tête. "Oui, elle n'a montré aucune pitié. Mais regarde-nous maintenant. On grimpe ça comme des pros."

"À l’époque, c’était notre terrain de jeu et de souffrance," ajouta Pally en riant.

À mesure qu'ils grimpaient, ils se souvenaient des nombreuses séances d'entraînement avec Cirilla, qui ne montrait jamais la moindre indulgence. Elle les avait poussés à dépasser leurs limites, les encourageant à grimper plus haut, à courir plus vite, et à se battre plus fort. Ses leçons n'étaient pas seulement physiques ; elle leur enseignait aussi la discipline, la stratégie, et l'art de l'épée. Ses yeux perçants et son attitude implacable les avaient souvent terrifiés, mais c'était cette rigueur qui les avait transformés en jeunes guerriers redoutables.

"Tu te rappelles cette fois où toi et moi l'avions presque touchée avec nos épées en bois ?" demanda Merwinn.

"Haha, oui, on lui avait fait notre spéciale, elle était débordée !" dit Pally en se grattant le bas du nez, fier de lui-même. "Elle a été contrainte d'utiliser ses pouvoirs sinon on l'aurait touchée, c'est sûr."

Leur mentor leur avait inculqué non seulement la force et l'agilité, mais aussi la souplesse et la précision. Ils avaient appris à se déplacer avec une fluidité surprenante, leurs mouvements devenant aussi naturels que leur respiration. Cirilla avait insisté sur l'importance de la souplesse, leur faisant exécuter des enchaînements compliqués jusqu'à la perfection. Les souvenirs de ces entraînements revenaient en force, alimentés par la vue de cette montagne qui avait été leur terrain de jeu et d'épreuves.

"Ou encore quand elle nous a jetés dans la rivière et qu'on devait nager de l'autre côté alors que le courant aurait pu nous emporter loin. C'était vraiment une question de vie ou de mort là," se remémora Merwinn. "Je pensais vraiment ne jamais y arriver."

"Et quand elle a dit que ce n'était qu'un échauffement, et qu'on devait faire dix allers-retours," ajouta Pally.

"Haha oui, tu étais tellement en colère que tu lui avais balancé un caillou qu'elle a esquivé, attrapé en plein vol et te l'a rebalancé dans la tronche," ajouta Merwinn en riant.

Ils éclatèrent de rire, leurs éclats résonnant dans l'air frais de la montagne. Leurs rires, innocents et joyeux, se mêlaient au fracas assourdissant de la cascade en contrebas. L'écho de leurs voix d'enfants s'étendait à travers la vallée enneigée, créant une mélodie harmonieuse avec le rugissement de l'eau qui se déversait dans l'étendue gelée.

Le paysage autour d'eux était époustouflant. Les arbres figés dans la glace brillaient sous le soleil hivernal, leurs branches alourdies par la neige scintillant comme des diamants. La cascade, majestueuse et puissante, semblait éternelle et immuable, sa force brute contrastant avec la délicatesse des flocons de neige qui dansaient dans l'air.

"Écoute ça," dit Pally en s'arrêtant un instant, les mains sur les hanches. "On dirait que la montagne rit avec nous."

Merwinn hocha la tête, un sourire aux lèvres. "Ouais, c'est comme si la nature elle-même se souvenait de nos aventures avec Cirilla."

Ils se remirent en marche, leurs esprits animés par ces souvenirs.

Ils se rappelaient aussi de la bataille contre les bandits pourpres, où tout ce qu'ils avaient appris avait été mis à l'épreuve. Cirilla avait réussi à les libérer des griffes des bandits, mais c'était grâce à l'entraînement rigoureux qu'ils avaient pu tenir tête et finalement triompher. Ils étaient les seuls à avoir réussi à s'échapper de l'esclavage imposé à leur village.

"Sans Cirilla, nous n'aurions jamais survécu contre les bandits pourpres," dit Merwinn, pensif. "Elle nous a vraiment sauvé la vie."

C'était la deuxième fois que Merwinn irritait Pally en rappelant que Cirilla les avait sauvés, et cela touchait son ego.

"En tout cas, aujourd'hui je suis bien plus fort qu'auparavant. Je l'aurais bouffé tout cru, le chef des bandits, et sans aucune aide," rétorqua Pally.

Merwinn leva les yeux au ciel, amusé par la réaction de son ami. "Moi aussi, j'ai fait des progrès. Je me suis beaucoup entraîné quand tu ronflais encore le matin," dit-il avec un sourire en coin.

"Malgré tous les progrès que tu feras, Merwinn, je serai toujours plus fort que toi," dit Pally, croisant les bras derrière sa tête et adoptant une attitude nonchalante.

Merwinn, piqué par la remarque, sortit son épée en bois du fourreau et frappa avec rapidité. Pally bloqua immédiatement avec la sienne. Le fracas des deux épées en bois fit s'envoler plusieurs oiseaux, perturbant le silence de la montagne.

Le visage de Pally s'anima avec une énergie de défi, comme si une flamme venait de s'allumer en lui.

"Qu'est-ce que tu dis d'un duel, ici et maintenant ?" dit Merwinn, un sourire rempli de défi étirant ses lèvres.

"J'attendais que ça..." répondit Pally avec le même sourire.

Merwinn ne perdit pas de temps. Il s'élança avec agilité, frappant rapidement et enchaînant les attaques. Son épée en bois siffla dans l'air, visant les flancs et les jambes de Pally, qui se défendait avec aisance. Le fracas des deux épées en bois résonnait dans l'air, un son sec et net qui se répercutait à travers la montagne. Pally reculait, parant chaque coup avec précision, ses mouvements fluides et maîtrisés.

"Pas mal, Merwinn, mais tu devras faire mieux que ça," dit Pally en bloquant un coup rapide visant son épaule gauche.

Merwinn, déterminé, augmenta la cadence. Il frappait avec une rapidité impressionnante, ses coups se succédant sans répit. Pally continuait de reculer, absorbant les attaques de son ami tout en gardant un œil sur le terrain accidenté. Ils s'enfonçaient de plus en plus dans la montagne, leurs pas laissant des empreintes nettes dans la neige.

Merwinn enchaîna une série de frappes diagonales, alternant entre le côté gauche et le côté droit de Pally, essayant de briser sa défense. Ses frappes partaient du bas pour remonter ensuite vers le haut, attaquant successivement la jambe gauche, l'abdomen droit, puis la tête de Pally.

Pally sentit la tension monter dans cet enchaînement, mais anticipa tout de même chaque mouvement, parant les coups avec une habileté et une précision déconcertantes, ses bras répondant instinctivement aux attaques.

"Tu te relâches, Pally. Je vais finir par te toucher," taquina Merwinn en lançant une nouvelle attaque visant les jambes de Pally.

"On verra bien," répondit Pally avec un sourire amusé, sautant légèrement pour éviter le coup.

Pally esquiva directement une attaque verticale de bas en haut de Merwinn en bougeant latéralement d'un pas sur le côté, il sentit l'épée de Merwinn lui frôler le visage. Mais c'était contrôlé, se dit-il.

Soudain, Pally se retourna et courut dans la direction de l'amont de la montagne, ses pieds glissant légèrement sur la neige. L'adrénaline parcourait leurs veines, et ils étaient excités et pleins d'énergie, la vie bouillonnant en eux. Leurs rires éclataient dans l'air froid, se mêlant au bruit assourdissant de la cascade.

Ils approchaient du pont, et Merwinn, en attaquant, tenta une feinte sur le côté pour frapper horizontalement par surprise sur le flanc opposé. Pally esquiva de justesse, à la manière d'un acrobate, tout en parant l'attaque d'un coup puissant, ce qui désarma Merwinn et le fit tourner sur lui-même.

Pally se redressa et s'avança sur le pont, pendant que Merwinn, sans se laisser décourager, le suivait pour continuer ses assauts.

Le pont, légèrement glissant sous leurs pieds, bougeait légèrement avec chaque pas et était secoué par le vent glacial qui sifflait à travers les planches de bois. La cascade rugissante en contrebas ajoutait une menace constante ; une chute de ce pont signifierait une descente directe dans les eaux tumultueuses. Pourtant, malgré le danger évident, ni Pally ni Merwinn ne paniquaient. L'adrénaline bouillonnait en eux, focalisant leur attention entièrement sur leur duel.

Pally et Merwinn haletaient, leurs souffles formant de petits nuages de vapeur dans l'air glacial. Leurs visages étaient rougis par l'effort et le froid, et des gouttes de sueur perlaient sur leurs fronts malgré les températures hivernales. Pally, plus endurant, montrait des signes de fatigue mais restait solide sur ses appuis, ses mouvements encore précis et déterminés. Ses yeux brillaient de concentration, une lueur de défi animant son regard.

Merwinn, quant à lui, était visiblement plus épuisé. Ses respirations étaient plus rapides et ses épaules se soulevaient lourdement à chaque inspiration. Son épée en bois tremblait légèrement dans sa main, et ses jambes semblaient prêtes à céder sous la tension du duel. Pourtant, il refusait d'abandonner, son regard déterminé fixé sur Pally, prêt à continuer le combat malgré la fatigue évidente.

"Pas mal, Merwinn. Mais tu sembles à bout de souffle," lança Pally, un sourire en coin.

"Je ne suis pas encore fini," rétorqua Merwinn, resserrant sa prise sur son épée, déterminé à prouver qu'il pouvait encore tenir tête à son ami.

Merwinn, inspiré par un second souffle, tenta une série d'attaques complexes, espérant surprendre Pally. Ce dernier, bien que légèrement déstabilisé, resta en contrôle, esquivant et parant chaque coup avec une habileté impressionnante.

Soudain, Pally décida de passer à l'offensive. Il dévia une attaque fragile de Merwinn, due à la fatigue, et riposta avec une rapidité fulgurante. Merwinn, surpris par le changement de rythme, recula précipitamment, ses pieds glissant légèrement sur le bois du pont.

"Tu n'as pas encore vu tout ce que je sais faire," dit Pally, les yeux brillants de détermination.

Le duel prit une nouvelle tournure. Pally attaquait avec force et précision, forçant Merwinn à reculer et à se défendre avec acharnement. Les coups pleuvaient, leurs épées en bois s'entrechoquant avec un son clair et net. Le pont suspendu tremblait légèrement sous leurs pieds.

Merwinn, bien que repoussé, ne se laissait pas abattre. Il utilisa son agilité pour esquiver les attaques de Pally, cherchant des ouvertures pour contre-attaquer. Leur complicité et leur connaissance mutuelle rendaient le combat fascinant à observer, chaque mouvement anticipé et contré avec une précision remarquable.

"Ce pont marque la fin de ton voyage !" dit Pally avec une voix grave se voulant dramatique.

Pally, après un dernier assaut puissant, désarma Merwinn d'un mouvement habile. L'épée en bois de Merwinn vola dans les airs avant de retomber sur le pont avec un bruit sourd.

"Bien joué, Merwinn. Tu t'es bien battu," dit Pally, tendant la main à son ami. Merwinn, essoufflé mais souriant, attrapa la main de Pally et se releva. "Toi aussi, Pally. Tu es vraiment trop fort ! J'ai tout donné pourtant."

"Je faisais le gars cool, mais en vrai tu m'as beaucoup impressionné, tes progrès sont fulgurants !" s'exclama Pally, surpris.

Merwinn reprit son épée et s'installa à côté de Pally. Ils restèrent un moment sur le pont, reprenant leur souffle et appréciant la beauté du paysage autour d'eux.

La cascade grondait en dessous, et le soleil d'hiver illuminait la scène d'une lumière douce et dorée.

"Prêt à continuer notre mission ?" demanda Pally en souriant.

"Prêt," répondit Merwinn, déterminé. "Allons retrouver Marcel."

Après avoir traversé le pont, ils descendirent la montagne avec précaution. La neige recouvrait le sentier, créant un paysage d'une blancheur éclatante, chaque pas dans la neige fraîche émettant un léger crissement. La descente, bien que glissante, leur semblait plus facile après l'intensité de leur duel.

Finalement, ils atteignirent un plateau plus bas où la maison de Cirilla se trouvait. L'endroit était enchanteur même en hiver. La cabane en bois, construite avec des rondins épais, se tenait solidement contre le flanc de la montagne. Des guirlandes de lumière scintillaient aux fenêtres, ajoutant une touche de chaleur et de réconfort à la scène glaciale. Un toit de neige alourdissait légèrement la cabane, mais la cheminée fumante laissait deviner un intérieur accueillant et chaud.

Les arbres environnants, des sapins majestueux, étaient couverts de neige, leurs branches lourdes formant des arches naturelles qui semblaient protéger la cabane. En arrière-plan, les montagnes enneigées s'étendaient à perte de vue, leurs sommets étincelant sous le soleil d'hiver. Le ciel était clair, d'un bleu profond, et l'air était pur et mordant.

En face de la cabane, un petit potager recouvert par la neige laissait deviner quelques légumes d'hiver, courageux survivants du froid.

Sur le côté, une structure particulière attirait leur attention. Cinq rondins en bois étaient placés en hauteur, formant une plateforme d'entraînement. Les rondins étaient disposés de manière symétrique, avec certains plus grands que d'autres, partant du rondin central. C'était ici que Pally et Merwinn s'entraînaient à l'équilibre tout en devant se battre l'un contre l'autre sans tomber, sous les conseils avisés et autoritaires de Cirilla.

"Regarde, Merwinn, les rondins sont encore là," dit Pally avec un sourire nostalgique. "Combien de fois avons-nous chuté de ces plateformes avant de réussir à tenir dessus ?"

"Plus que je ne peux compter," répondit Merwinn en riant. "Cirilla nous forçait à recommencer encore et encore, jusqu'à ce que nous puissions nous battre sans tomber."

Ils se souvenaient des heures passées à sauter d'un rondin à l'autre, leurs pieds cherchant désespérément à trouver un équilibre stable tout en parant les coups de leur adversaire. Cirilla se tenait en bas, les observant avec ses yeux perçants, corrigeant leur posture et leur technique d'une voix ferme.

"Ne baissez pas votre garde ! Restez concentrés !" criait-elle souvent. Ses mots résonnaient encore dans leurs esprits, rappelant l'intensité de leurs entraînements.

Une fine rivière gelée serpentait non loin de la cabane, son eau claire et immobile capturant la lumière du soleil, créant des reflets scintillants. Le calme environnant n'était perturbé que par le doux murmure du vent à travers les arbres.

"Tu penses que Cirilla est là ?" demanda Merwinn.

"Non, elle a l'habitude d'allumer un feu et là je ne vois aucune fumée sortir de sa cheminée," répondit Pally. "Mais c'est une excellente nouvelle...", lança-t-il d'un air suspicieux.

"Ah bon, pourquoi ?" demanda Merwinn.

"Tu vas comprendre ! Suis-moi !" répondit Pally tout excité.

Ils coururent jusqu'à la maison de Cirilla, oubliant totalement la mission pour laquelle ils étaient venus à la base, et entrèrent en toute illégalité dans la maison de Cirilla.

L'intérieur de la maison de Cirilla était simple et rustique. La salle principale avait une ambiance très minimaliste. Une cheminée imposante dominait le mur central, équipée d'un support pour accrocher un pot afin de faire cuire des aliments. Près de la cheminée, deux chaises en bois semblaient attendre que quelqu'un s'y installe pour profiter de la chaleur du feu lorsqu'il est allumé.

Des draps posés à même le sol témoignaient des nuits passées ici, ajoutant une touche de confort spartiate à cet espace. Une grande table en bois massif occupait le centre de la pièce principale, encombrée de cartes anciennes, de livres aux couvertures usées et d'armes soigneusement entretenues. Les cartes étaient marquées de notes et de dessins, indiquant des lieux stratégiques et des itinéraires détaillés. Les livres semblaient avoir été lus maintes fois, leurs pages jaunies portant les marques de nombreux voyages et de longues heures d'étude.

Autour de la table, des étagères sommaires étaient chargées de parchemins roulés, de potions aux couleurs vives et d'objets utilitaires. Les armes, soigneusement rangées, allaient des épées et des dagues aux arcs et flèches, chaque pièce étant entretenue avec le plus grand soin. La salle était tout de même assez sombre avec très peu de fenêtres.

"Wow, c'est encore plus impressionnant que dans mes souvenirs," murmura Merwinn, les yeux écarquillés.

"Oui, on pourrait passer des heures ici à découvrir des trésors," répondit Pally, son excitation palpable. "Mais concentrons-nous, sur nos trésors."

"Nos trésors ?" s'interrogea Merwinn.

"Oui... GEUUUUUUUUUUU!!!" s'exclama Pally, faisant une grimace exagérée et pointant du doigt devant lui.

"OUAAA! QUOI! QU'EST-CE QU'IL Y A ?" s'exclama Merwinn, pris de panique.

Merwinn regarda devant lui et vit deux épées suspendues sur des supports accrochés à la structure en bois. Ces épées étaient de la même taille, forgées dans un acier de qualité supérieure, avec des manches finement sculptés et parfaitement équilibrés.

"NOS TRÉSORS !!!!" s'exclama Merwinn.

Ces armes appartenaient à Pally et Merwinn, mais leur possession avait été brièvement révoquée par Braum et Cirilla, qui n'approuvaient pas que deux enfants manient de telles lames. En échange, ils avaient été obligés d'utiliser des épées en bois pour leur entraînement.

"Les voilà," murmura Pally en tendant la main vers son épée, ses doigts effleurant la lame froide. "Nos véritables armes. Nos bébés..."

Merwinn s'approcha également, ses yeux brillant de fierté en retrouvant son épée. "Tu te souviens de la première fois qu'on les a tenues ? C'était comme si elles avaient été faites pour nous."

"Oui," répondit Pally, un sourire nostalgique aux lèvres. "Elles le sont. Et un jour, Braum et Cirilla comprendront que nous sommes prêts."

Ils restèrent ainsi, un moment figés devant leurs armes, profitant de cet instant de retrouvailles.

"ALLEZ ! Ne perdons pas plus de temps ! On les prend," dit Pally sans hésiter.

Ils déposèrent leurs épées en bois avec une certaine solennité, comme s'ils se séparaient d'anciennes amies, puis s'équipèrent de leurs vraies épées. Merwinn et Pally ressentirent immédiatement une connexion profonde avec ces armes. En les saisissant, ils ressentirent un frisson de puissance et de familiarité parcourir leurs bras. Les épées, parfaitement équilibrées, semblaient faites sur mesure pour eux.

Merwinn caressa le manche de son épée, sentant la texture familière du cuir usé sous ses doigts. "Ça fait tellement du bien de la retrouver," murmura-t-il, les yeux brillants d'émotion.

Pally hocha la tête, un sourire nostalgique sur les lèvres. "On a traversé tellement de choses avec elles. C'est comme retrouver une partie de nous-mêmes."

Ils prirent une grande bouffée d'oxygène et soufflèrent de soulagement, savourant la sensation de leur épée chérie dans leurs mains. Une nouvelle énergie semblait les envahir, une détermination renouvelée par la présence rassurante de leurs armes.

Soudain, ils entendirent une voix appeler à l'aide : "AU SECOURS ! À L'AIDE !!" Ils sursautèrent tous les deux, se figèrent et se regardèrent l'un et l'autre, l'inquiétude et la détermination se lisant dans leurs yeux.

Chapitre 6: La Caverne aux Mille et Une Pattes

"Marcel, le livreur de jus de raisin ?" demanda Merwinn, ses sourcils froncés d'inquiétude.

"Ça en a l'air," répondit Pally. "Allons-y !".

Ils sortirent précipitamment de la maison de Cirilla, leurs épées bien en main, et coururent en direction de la voix désespérée. L'adrénaline montait en eux alors qu'ils se rapprochaient de la source des cris.

"À l'aide ! Par ici !" continua la voix, plus proche maintenant.

Le son de sa voix provenait d'une grotte située en aval, à quelques pas de la maison de Cirilla. Pally et Merwinn accélérèrent, leurs cœurs battant à tout rompre, et s'arrêtèrent devant l'entrée de la grotte. L'ouverture était si étroite qu'il fallait presque se mettre de profil pour y pénétrer, et l'intérieur était plongé dans une obscurité totale. La voix de Marcel ne se faisait plus entendre, et le silence à présent qui émanait de la grotte était presque trop silencieux pour être naturel.

Pally et Merwinn étaient sur leurs gardes, leurs mains serrant fermement les poignées de leurs épées, prêts à tout. Ils attendirent un moment ainsi, le silence pesant sur leurs épaules. Puis Pally, prit finalement une profonde inspiration, et décida d'entamer le pas.

"Qu'est-ce que tu fais ? Ça a l'air dangereux," murmura Merwinn, inquiet.

"Ne t'inquiète pas," répondit Pally avec une assurance feinte.

Il commença à marcher pour pénétrer dans la grotte, avançant prudemment dans l'obscurité.

Soudain, alors qu’il n’avait fait qu’un seul pas à l’intérieur de cette grotte, une horrible créature à plusieurs pattes et yeux sortit brusquement de la grotte, comme pour attaquer Pally.

"WAAAOOOOOOOOOH !!!" s'exclama Pally en faisant un bond en arrière, se retrouvant juste devant Merwinn, qui écarquilla les yeux de terreur.

C'était une araignée géante, ses nombreuses pattes cliquetaient sur le sol de pierre, et ses yeux brillaient d'une lueur menaçante. Elle émettait un bruit qui faisait froid dans le dos, semblable à celui d'un serpent.

L’insect hors norme était venue défendre son repas et, pourquoi pas, en ajouter encore d'autres.

"MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE ÇAAAA ?" paniqua Merwinn, sa voix tremblant de peur. "MAIS LES ARAIGNÉES NE SONT PAS CENSÉES ÊTRE AUSSI GROSSES !!"

Soudain, l'araignée bondit sur Merwinn. Paniqué, il n'arrivait pas à bouger. Pally, dans un élan rapide, posa son pied dans le flanc gauche de Merwinn, non pas pour le blesser mais bien pour l’éjecter de la trajectoire de l’attaque de l’araignée. Il enchaîna avec un coup d'épée, mais celui-ci fut paré par l'une des pattes de l'araignée, dont le bout était très aiguisé comme des couteaux.

Pally se déplaça alors sur le côté opposé à Merwinn, cherchant à attirer l’attention de l’araignée vers lui.

"MERWINN, REPRENDS-TOI !" cria Pally, sa voix tremblante d'adrénaline et d'émotion. "ON PEUT LA VAINCRE ENSEMBLE! RESTE CONCENTRÉ !"

Merwinn, les yeux écarquillés et le cœur battant à tout rompre, sentit un sursaut de courage monter en lui en entendant les mots de Pally.

Il reprit son épée qu'il avait lâchée au sol et se mit en position de garde. L'araignée, focalisée sur Pally, l'attaqua avec une série de coups violents de ses pattes aiguisées. Pally para plusieurs de ces coups, esquivant et bloquant avec une agilité remarquable.

Pendant ce temps, Merwinn profita de l'ouverture pour se faufiler derrière l'araignée et lui asséna un puissant coup de taille sur l'abdomen.

L'araignée émit un cri strident de douleur, mais bref, qui fit vibrer les arbres environnants. Elle se retourna rapidement pour attaquer Merwinn, mais Pally intervint en frappant l'araignée de son côté.

Les deux garçons échangèrent un regard complice, leur stratégie se mettant en place de manière fluide. Ils allaient la rendre folle à alterner leurs coups comme cela. Ils répétèrent cette tactique une deuxième fois, Pally attirant l'attention de l'araignée tandis que Merwinn frappait de l'autre côté avec un autre coup dévastateur.

L'araignée, réalisant leur petit jeu, se focalisa sur Pally, le meneur de l’attaque.

Elle attaqua férocement avec un coup vertical que Pally para de justesse par un saut sur le côté, mais l'araignée maligne, enchaîna avec une charge de la tête, envoyant Pally voler dans les buissons derrière un arbre.

"AAAAAAH !" cria Pally, son corps tournoyant comiquement comme une feuille avant de disparaître dans un feuillage.

L'araignée se tourna alors vers Merwinn, ses yeux noirs brillants de rage. Merwinn, en panique, tremblait, se demandant comment il allait s'en sortir.

L'araignée bondit sur lui, mais Merwinn esquiva in extremis en sautant en arrière. Elle attaqua de nouveau avec frénésie, et Merwinn para les coups avec difficulté, un coup, deux coup, trois coups, chacun plus puissant que le précédent.

Comment une araignée pouvait-elle être aussi coriace, se disait-il. Elle semblait n'avoir aucune peur ni conscience, juste une rage animale déterminée à dévorer Merwinn.

Sous les assauts répétés de l'araignée, Merwinn finit par trébucher et tomber à terre. Il leva son épée pour se défendre, mais la créature paraissait infatigable, ses attaques incessantes le maintenant en position de faiblesse.

Au moment où l'araignée voulut attaquer, une chaussure rebondit sur sa tête, stoppant son attaque finale sur Merwinn. L'araignée, folle de rage, s'arrêta et se retourna lentement pour voir qui avait osé l'interrompre, sa patte toujours en l'air.

"Heyyy vieille patte velue !" fit une voix familière. Merwinn, étendu sur le sol, sentit un immense soulagement en entendant la voix de son ami. "Alors comme ça tu veux nous manger ?".

Il regarda derrière l'araignée et vit Pally debout sur une branche d'un arbre. Il allait sûrement lui sauver la vie d'une manière héroïque, comme toujours. Mais en regardant mieux, la vue de Merwinn se stabilisa et il vit Pally, pantalon et slip baissés, montrant ses fesses à l'araignée.

"Ouuuh, Ouuuuh! Tiens, viens manger mes petites fesses bien tendres et moelleuses comme du poulet !" dit Pally en tapotant ses fesses avec sa main.

Merwinn pouffa de rire en mettant sa main devant sa bouche, bien qu'il fut dans une situation de mort imminente.

L'araignée, quant à elle, était folle de rage, et on pouvait voir la frénésie dans ses yeux.

Pally, observant l’araignée de loin, ricana, l'air gêné en gardant une petite réserve sur ce qui allait se passer maintenant.

L'araignée fonça sur l'arbre pour le grimper.

Pally remit vite son slip et son pantalon et tenta d'esquiver avec ses pieds les attaques fulgurantes de l'araignée, qui cherchait à le dévorer.

« OUAAAAAAH! » s’exclama Pally, surpris par la fureur de l’araignée.

Il tapa avec ses pieds la tête de l'araignée pour la dégager, mais elle revenait à la charge encore et encore avec une grande ardeur. Soudain, une idée lui traversa l’esprit. Il se rappela le coup qu'il avait fait à l'abeille bleue plus tôt. À ce moment-là, il avait une épée en bois, qui n’avait pas suffi à vaincre l’abeille. Mais à présent, il avait une vraie épée en acier, bien tranchante.

Il sauta alors de la branche où il se trouvait, effectua un saut périlleux en tournant de 180 degrés pour faire face à l’abdomen de l’araignée. Celle-ci, prise par surprise, n’eut pas le temps de réagir. Pally canalisa toute son inertie, depuis ses hanches jusqu’à ses bras, et asséna un coup puissant avec son épée. La lame laissa une profonde cicatrice sur l’araignée, qui poussa un cri plus fort que jamais.

En retombant sur ses pieds avec l’agilité d’un chat, il recula en effectuant deux sauts en arrière pour rejoindre Merwinn, qui en avait profité pour se relever.

L’araignée était gravement blessée, mais cela ne la ralentissait pas. Elle se tourna vers eux, ses yeux noirs brillants d’une lueur étrange, comme si une force obscure la contrôlait.

"MERWINN !" cria Pally.

"OUI !" répondit Merwinn avec l'énergie d'un soldat.

"T'es prêt pour notre spéciale ?" demanda Pally, ce qui donna un élan de courage et un sourire à Merwinn.

"OUI !" s'exclama-t-il, souriant.

"Alors, c'est parti !" ajouta Pally avec détermination.

Les deux garçons attaquèrent en même temps, exécutant leur enchaînement de coups voltige comme une danse chorégraphiée.

Ils variaient l'intensité et la rapidité de leurs attaques, passant de frappes puissantes à des coups rapides et précis, visant les articulations et les points faibles de l'araignée. Leurs épées sifflaient dans l'air, percutant la carapace de l'araignée avec des impacts sourds, et chaque coup semblait résonner dans leurs propres muscles tendus par l'effort.

Leur synchronisation était impeccable. Tandis que l'un attaquait, l'autre se tenait prêt à parer les contre-attaques de l'araignée.

L'araignée, malgré sa taille et sa férocité, commençait à perdre son équilibre. Elle reculait sous l'assaut incessant des deux garçons, ses pattes glissant sur le sol enneigé et rocailleux.

"MAINTENANT!" s'écria Pally, la voix tremblant d'excitation et de concentration.

Pally chargea l’araignée d’une attaque circulaire de la main droite, son épée traçant un arc lumineux.

Utilisant l'inertie de son attaque, il prit la main gauche de Merwinn et le lança vers l’araignée permettant à Merwinn d'exécuter une attaque puissante qui fendit l'air avec un sifflement menaçant. L'araignée recula sous le coup dévastateur, mais ils n’allaient pas en rester là.

Merwinn après son attaque se mit en boule par terre, offrant stratégiquement son dos comme une rampe pour Pally.

Pally en profita pour prendre une impulsion avec son pied sur le dos de Merwinn, utilisant toute sa force pour se propulser en avant le bras armé pointant vers l’araignée.

Le temps sembla ralentir un instant alors que Pally avec toute l'inertie accumulée, esquivant de justesse deux pattes de l’araignée qui venait sur lui, plongea avec force et précision son épée dans l'œil de la créature.

« SSSSSSHHHHHHhHHHhhh! ». L'araignée recula violemment, poussant un cri de douleur qui résonna à travers toute la forêt.

Elle se recroquevilla sur elle-même, ses pattes repliées en signe de souffrance intense, n’arrivant plus à marcher correctement.

Pally atterrit avec grâce, roulant sur le sol avant de se redresser en un bond, prêt à l'action.

"On l'a fait, Merwinn !" dit Pally, essoufflé mais triomphant. Merwinn, le cœur battant à tout rompre, hocha la tête, un sourire de soulagement et de victoire se dessinant sur son visage.

L'araignée, toujours en proie à la douleur, continuait de reculer.

Pally et Merwinn firent des bruits et des gestes avec leurs épées, intimidant la créature pour qu'elle s'éloigne davantage.

Finalement, l'araignée retourna dans sa caverne, poussant des cris déchirants de douleur et de tristesse.

La forêt retomba dans un silence lourd, interrompu seulement par le souffle saccadé des deux jeunes guerriers, encore sous le choc de leur victoire.

"Tape-là, mon pote !" dit Pally avec enthousiasme.

Merwinn tapa dans la main de Pally avec un grand sourire. "Ça, c'était complètement dingue !" s'exclama Merwinn, encore sous le choc de l'excitation. "On a fait notre spéciale et ça a marché ! Je n'en reviens pas ! Je pensais vraiment qu'on allait y passer. T'as vu comment elle a reculé quand t'as sauté ?"

"Et toi, avec ton coup d'épée, tu l'as carrément déstabilisée !" répondit Pally, les yeux brillants. "C'était trop bien ! On est trop forts ! De vrais héros !"

"Oui ! C'était comme dans les histoires de Titis !" répondit avec joie Merwinn.

"Je te l'avais dit, ensemble, on peut tout faire !" affirma Pally avec fierté.

"Ouaiiis !" s'écria Merwinn, son visage rayonnant de joie.

"Euh... à l'aide ?" dit une voix calme. Pally et Merwinn se retournèrent, se rappelant soudain leur mission. "Marcel !" s'exclamèrent-ils en chœur.

Ils se dirigèrent vers l'entrée de la grotte, leur confiance renforcée par leur récente victoire.

L'obscurité de la grotte ne les intimidait plus autant. Ils avancèrent prudemment, leurs pas résonnant doucement sur le sol rocheux.

Il ne faisait pas si sombre que cela finalement, se disaient-ils.

"Marcel, t'es où ?" appela Pally. "Par ici," répondit Marcel, sa voix venant de plus loin dans la grotte.

Finalement, ils arrivèrent à une grande cavité.

Marcel était là, scotché par de la toile d'araignée sur le mur, sa charrette et sa livraison de jus de raisin non loin de lui.

Un ruisseau souterrain, à courant descendant, coulait non loin de lui.

"J'ai de la chance que ce soit vous qui étiez dans les parages," dit Marcel avec un sourire faiblard. "Vous m'avez pas oublié, j'espère."

Pally et Merwinn éclatèrent de rire. "T'inquiète pas, on est là pour te sortir de là," dit Merwinn en s'approchant pour commencer à couper les toiles d'araignée avec son épée.

"Oui, on va te sortir de là en un rien de temps," ajouta Pally, attaquant les toiles avec détermination. "Et après, on aura bien mérité un verre de jus de raisin !"

Marcel ricana et laissa s’échapper un soupir de soulagement en voyant les deux garçons s'approcher de lui avec leurs épées.

"Merci, les gars. Je commençais vraiment à me demander si j'allais finir en dîner pour cette araignée," dit Marcel avec un sourire plus sincère cette fois.

Une fois libre, Marcel se massa les poignets et se redressa. "Merci infiniment! Je n'aurais jamais pu m'en sortir sans vous.

"Pas de souci, Marcel. C'est notre truc, sauver les gens…, tout ça," dit Pally avec un sourire malicieux.

Merwinn regarda la charrette et les bouteilles de jus de raisin. "On doit ramener tout ça au village. Tout le monde compte sur nous pour la fête."

"Oui, bien sûr. Je vous aide à tout charger," répondit Marcel en se dirigeant vers la charrette.

Ils commencèrent à charger les bouteilles de jus de raisin sur la charrette, travaillant ensemble efficacement.

"On va devoir être rapides," dit Merwinn en jetant un coup d'œil vers l'entrée de la grotte. "L'araignée pourrait revenir."

"On sera sortis d'ici en un rien de temps," affirma Pally en levant une caisse de jus de raisin. "Et puis, on est prêts à l'affronter à nouveau si elle revient."

"Je suis vraiment impressionné par vous deux," dit Marcel en chargeant une autre caisse. "Vous avez le courage de vrais guerriers."

Pally et Merwinn échangèrent un sourire complice.

Ils terminèrent de charger la charrette, chaque bouteille de jus de raisin soigneusement placée. Pally et Merwinn prirent chacun un côté de la charrette, prêts à la tirer hors de la grotte.

"On y va," dit Pally en jetant un coup d'œil à Merwinn, qui hocha la tête en signe d'approbation.

Alors qu'ils s'apprêtaient à bouger, un bruit étrange et inquiétant résonna dans la grotte.

Un gémissement rauque, suivi de bruits de mastication et de grognements gutturaux, se fit entendre, comme si une créature dévorait quelque chose avec une faim insatiable. Le son de la chair déchirée et des mâchoires claquant résonnait sinistrement dans l'air froid et humide de la caverne.

Ce n'était sûrement pas une araignée qui pouvait faire ce bruit.

Pally et Merwinn s'arrêtèrent net, leurs cœurs battant plus fort à mesure que les bruits se rapprochaient.

Marcel, les yeux écarquillés, murmura, "Qu'est-ce que c'était que ça ?"

Pally échangea un regard inquiet avec Merwinn. "Je ne sais pas..."

Un silence oppressant s'installa, ponctué seulement par le son sinistre des grognements et des mastications en provenance de l'obscurité.

Leurs respirations devinrent saccadées, chacun ressentant une montée d'adrénaline mêlée à une peur viscérale. Leurs mains tremblaient légèrement, serrant plus fort les poignées de la charrette comme pour se rassurer. Marcel avala difficilement sa salive, ses yeux se déplaçant nerveusement de l'un à l'autre.

Pally, habituellement confiant, sentait une boule de crainte grandir dans son estomac. Son esprit se débattait entre l'envie de fuir à toutes jambes et celle de découvrir l'origine de ces bruits terrifiants.

Merwinn, quant à lui, avait le regard fixé sur l'obscurité devant eux. Sa respiration était rapide et superficielle, comme s'il craignait que le moindre mouvement ou le moindre son puisse attirer une attention indésirable.

Soudain, ils entendirent plusieurs bruits de pattes se rapprocher rapidement et dangereusement, résonnant comme une cascade de tambours dans la grotte.

Des formes sombres émergèrent de l'obscurité, révélant non pas une, mais plusieurs araignées, toutes aussi grandes et terrifiantes les unes que les autres.

Leurs pattes cliquetaient sinistrement sur la pierre, leurs yeux multiples brillant d'une lueur menaçante.

Leur panique atteignit son paroxysme lorsqu'ils réalisèrent que l'une des araignées bloquait la sortie. Marcel, Pally et Merwinn se sentaient piégés, leurs cœurs battant à tout rompre.

Ils croyaient leur sort scellé, mais dans cet instant de panique, Pally réagit instinctivement.

"MERWINN, DANS L'EAU !" hurla Pally, sa voix perçant la panique ambiante.

Malgré sa terreur, Merwinn réagit au quart de tour.

Il se jeta dans l'eau, entraînant la charrette avec lui.

Marcel, agrippé à la charrette, fut emporté par le mouvement.

L'eau glacée les enveloppa, coupant leur souffle et s'infiltrant à travers leurs vêtements, ajoutant au frisson de la peur.

Chaque seconde passée dans l'eau semblait étirer le temps, le courant les poussant avec une force implacable. Ils montèrent rapidement sur la charrette et la cargaison qui flottait à la surface de l'eau.

Le courant les emporta, les entraînant à travers le ruisseau souterrain.

Les araignées, refusant de les laisser échapper, se lançaient à leur poursuite, grimpant sur les parois de la grotte et se déplaçant avec une agilité terrifiante.

Pally, Merwinn et Marcel, assis sur la charrette, tentaient de garder leur équilibre tandis que le courant les faisait naviguer à une vitesse vertigineuse.

Les araignées se rapprochaient dangereusement, leurs pattes griffant les murs de la grotte avec des sons stridents. "Attention, elles arrivent par en haut !" cria Pally, levant son épée juste à temps pour parer une attaque.

Il repoussa une araignée qui tentait de bondir sur eux, son épée s'enfonçant dans la carapace de la créature avec un bruit sourd. Elle finit par tombée à l’eau.

Merwinn, son épée brandie, coupa les pattes d'une autre araignée qui tentait de piquer Marcel par le côté. "Je l'ai eue !" cria-t-il, son visage éclatant de détermination malgré la peur qui lui tordait les entrailles.

Marcel, agrippé à la charrette, faisait de son mieux pour ne pas tomber. "Faites attention aux côtés !" hurla-t-il, ses yeux écarquillés de terreur.

Les araignées les harcelaient sans relâche, certaines plongeant directement dans l’eau pour les atteindre, d'autres essayant de les capturer par les flancs. Pally et Merwinn se battaient férocement, leurs épées brillant dans l'obscurité, chaque coup d'épée repoussant les créatures qui menaçaient de les engloutir.

Leur course folle à travers le ruisseau souterrain continuait, le courant les entraînant de plus en plus vite.

Leur cœur battait à tout rompre, la peur et l'adrénaline se mêlant dans un tourbillon vertigineux. "On ne tiendra pas longtemps comme ça !" cria Merwinn, parant un autre coup de patte avec difficulté.

"Accrochez-vous ! On va s'en sortir !" répondit Pally, sa voix pleine de détermination. "Continuez à les repousser !".

La grotte semblait sans fin, chaque tournant révélant de nouvelles araignées, toutes aussi déterminées à les attraper.

Le courant devenait de plus en plus rapide, les secouant violemment. Les araignées, inlassables, continuaient leur assaut. Pally et Merwinn, malgré leur épuisement, continuaient de se battre avec une énergie renouvelée par leur volonté de survivre. Les coups d'épée se succédaient, repoussant les créatures une à une. L’echo des grognements et des cris des araignées se mêlaient au fracas de l'eau, créant une cacophonie terrifiante.

Enfin, au détour d'un virage, ils aperçurent une lumière au bout de la grotte. "On y est presque !" cria Pally, l'espoir renaissant en lui.

Avec un dernier effort désespéré, ils continuèrent à repousser les araignées, chaque coup d'épée résonnant comme un cri de défi contre la mort.

Quand soudain ! Le courant, devenu furieux, les arracha soudainement à la caverne sombre, les projetant violemment dans une rivière extérieure !

« AAAAAAAAAAAAH ! », crièrent-ils tous en chœur.

L'obscurité oppressante de la grotte céda soudainement à une explosion de lumière éclatante.

L'eau glacée les saisit de nouveau, coupant leur souffle, mais la lumière éclatante du jour et l'air frais, si vivifiant, leur insufflèrent un regain d'espoir.

Le contraste brutal entre l'ombre froide de la grotte et la chaleur lumineuse du jour les aveugla un instant, les forçant à plisser les yeux.

Les araignées, hurlant de rage et de frustration, se cabrèrent face à la lumière qu'elles ne pouvaient supporter. Elles abandonnèrent leur poursuite, retournant dans l'obscurité de la grotte, laissant les trois survivants flotter, épuisés mais libres, dans les eaux tumultueuses de la rivière.

Mais leur répit fut de courte durée.

Le courant devint encore plus rapide, les emportant à une vitesse vertigineuse à travers des rapides déchaînés.

Les remous les secouaient violemment, chaque vague menaçant de les renverser. Leurs mains engourdies s'agrippaient désespérément à la charrette, qui tanguait dangereusement.

Le paysage défilait autour d'eux, flou et chaotique. Les animaux de la forêt se redressèrent, les regardant surpris, intrigués du spectacle unique qui s'offrait à eux.

"Accrochez-vo... Blrghh... ggrrh..." cria Pally, sa voix noyée par l'eau.

Le courant les poussa sans relâche, les guidant comme un torrent furieux directement vers Sleepinwood.

Ils avançaient à grande vitesse, mais le ruisseau faisait un virage beaucoup trop serré, les conduisant inévitablement à foncer sur la terre ferme.

En voyant ça, Pally et Merwinn crièrent simultanément, "GWEEEEEEEEEEEEEEEEUUUH !" Leurs visages se tordirent en une grimace comique, reflétant parfaitement leur prise de conscience qu'ils allaient se heurter violemment.

Avec un choc retentissant, la charrette s'écrasa dans la neige, s'arrêtant net.

Pally et Merwinn furent projetés en avant, atterrissant face la première dans la neige et fesses en l'air. Marcel, quant à lui, fut stoppé net par sa cargaison de jus de raisin, qui lui servit de bouclier et l'empêcha d'être éjecté.

Les habitants de Sleepinwood, alertés par le bruit, sortirent de leurs maisons et se rassemblèrent autour de la scène.

Des rires éclatèrent en voyant Pally et Merwinn se redresser, couverts de neige, l'air abasourdi mais indemnes.

Braum, le chef du village, s'approcha rapidement, son visage sévère et ses sourcils froncés. "Pally ! Merwinn ! À quoi vous jouez ?" demanda-t-il, sa voix stricte et empreinte d'incompréhension.

Pally se redressa en titubant, crachant de la neige et tentant de reprendre son souffle. "On... on a ramené le jus de raisin," dit-il, pointant la charrette maintenant bien enfoncée dans la neige.

Marcel, émergeant de derrière la cargaison, leva une main en signe de salut. "Et ils m'ont sauvé la vie," ajouta-t-il, un sourire reconnaissant sur le visage.

"Sauvé la vie !?" Braum, remarquant enfin Marcel et réalisant l'ampleur de la situation, laissa ses traits se détendre. "Marcel ? Qu'est-ce qui s'est passé ?"

Pally et Merwinn se regardèrent, riant malgré la douleur de leurs côtes contusionnées. Leurs rires étaient empreints de soulagement et de fierté, malgré les blessures qu'ils ressentaient à chaque inspiration.

Ventre à terre, ils se prirent dans les bras, bras dessus, bras dessous autour du cou, continuant de rire ensemble.

Soudain, une voix de femme familière ajouta, "Et puis-je savoir où vous vous êtes procuré ces épées ?"

L'entente de cette voix arrêta net Pally et Merwinn. Leur rire mourut instantanément sur leurs lèvres, leurs expressions de joie se transformant en une combinaison complexe de soulagement, d'excitation et de crainte. Leurs yeux s'écarquillèrent, capturant l'ampleur de l'émotion qui les envahissait. C'était comme si chaque fibre de leur être reconnaissait l'autorité et l'affection mêlées dans cette voix.

Ils se retournèrent brusquement, leurs regards se fixant sur la silhouette qui s'approchait. "CIRILLA !!" s'exclamèrent-ils en chœur, leurs voix trahissant un mélange d'allégresse et de respect, conscients qu'ils allaient devoir expliquer leurs actions mais également réconfortés par la présence de celle qui les avait toujours protégés et guidés.

Cirilla se tenait devant eux, imposante et magnifique. Ses yeux d'un vert éclatant, perçants et brillants comme des émeraudes, semblaient sonder leurs âmes, révélant à la fois sa capacité à être intraitable et à lire en eux comme dans un livre ouvert. Ses cheveux argentés, tombant en vagues douces autour de son visage, accentuaient son allure à la fois mystique et majestueuse.

Son visage, bien que sévère et marqué par les combats, conservait une beauté indéniable. Les traits délicats de son visage contrastaient avec l'autorité naturelle qu'elle dégageait. Sa peau, parsemée de quelques taches de rousseur, ajoutait une touche de douceur à son apparence guerrière. Ses lèvres, légèrement pincées, reflétaient une détermination inébranlable, mais elles savaient aussi esquisser des sourires réconfortants lorsqu'ils en avaient le plus besoin.

Elle portait une tenue de combat, simple mais élégante, adaptée à la fois à la bataille et aux déplacements rapides. Une épée reposait dans son dos, attachée par une ceinture, prête à être dégainée à tout moment. Ses mains, bien que fines et élégantes, étaient fortes et habiles, capables de manier l'épée avec une précision mortelle.

"J'attends vos explications !" dit-elle, fermement.

Elle était pour Pally et Merwinn à la fois l'autorité d'un père et la douceur d'une mère. Son regard sévère pouvait les remettre à leur place en un instant, mais derrière cette façade impassible, il y avait une tendresse et une affection profondes. Elle les avait élevés et formés, leur inculquant discipline et courage tout en veillant toujours à leur bien-être.

"Alors ?" dit-elle, son impatience devenant perceptible.

Pally et Merwinn ne savaient pas quoi dire. Ils étaient partagés entre l'envie de lui sauter dans les bras et celle de se cacher pour la bêtise qu'ils avaient faite en fouillant dans sa maison. Cirilla, voyant leur hésitation, finit par détendre son visage et leur dit doucement, "Venez par là."

En entendant ces mots, Pally et Merwinn se regardèrent, soulagés et tout excités. Ils coururent vers Cirilla et sautèrent dans ses bras, la serrant fort contre eux. Cirilla les étreignit avec tendresse, sa fermeté laissant place à une chaleur maternelle.

Merwinn, sensible qu'il était, commença à pleurer doucement, ses larmes coulant librement sur ses joues.

Pally, de son côté, avait les yeux brillants de larmes mais il les retenait, serrant les dents pour essayer de garder son calme.

Cirilla les tenait tous les deux fermement, murmurant des mots apaisants, leur offrant le réconfort dont ils avaient tant besoin. "Allons… allons…," murmura Cirilla en essuyant doucement les larmes de ses joues. "Tu dois rester fort Merwinn."

Pally, se redressant légèrement, s'exclama avec une excitation à peine contenue:

"On a tellement de choses à te raconter concernant nos exploits et aventures !"

Cirilla esquissa un sourire tendre et répondit:

"Vous aurez tout le temps de me raconter tout cela. Braum m'a convaincue d'assister à la grande fête de Sleepinwood."

Elle tourna la tête vers Braum, qui fit un signe de tête respectueux envers elle.

Cirilla lui rendit son regard avec gratitude, puis reporta son attention sur les deux garçons, ses yeux brillants de fierté et d'affection.

"OUAIIIII !" crièrent les garçons en chœur, fous de joie.

Cirilla leur dit alors, avec un sourire espiègle, "Allez vous préparer et vous doucher, car là vous sentez le fauve."

Pally et Merwinn se regardèrent et éclatèrent de rire. "Mais on a juste un peu transpiré !" protesta Merwinn en riant.

Pally renifla alors Merwinn et fit une grimace. "POuah, ouais, tu pues vraiment !"

Merwinn, agacé, renifla à son tour Pally.

"Ouah, tu t'es senti toi ? C'est toi qui pues le plus !"

"Nan, c'est toi !" protesta Pally.

"Nan, c'est toi !" répliqua Merwinn.

Cirilla, amusée mais décidée à rétablir l'ordre, les réprimanda en leur tirant affectueusement les joues à tous les deux.

"Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Allez, oust, à la douche !"

Les garçons se regardèrent et éclatèrent de rire, leurs disputes oubliées.

Braum ajouta en souriant, "Titis vous attend pour vous préparer pour la grande fête de ce soir. Dépêchez-vous, avant que quelqu'un ne s'évanouisse à cause de votre 'parfum'."

Les garçons, toujours rieurs, commencèrent à s'éloigner en courant vers la maison de Titis. Braum, se tournant vers les villageois rassemblés, éleva la voix.

"Rendez-vous ce soir dans deux heures pour les prémices de la grande fête de Sleepinwood !"

Les villageois acclamèrent et applaudissaient, excités par la perspective de la fête à venir, tandis que Pally et Merwinn s'éloignaient en courant, toujours aussi enthousiastes.

Chapitre 7: La grande fête de Sleepinwood!

Pally et Merwinn se retrouvaient maintenant dans une pièce chaleureuse de l'orphelinat, assis dans une grande bassine en bois remplie d'eau tiède. La vapeur s'élevait doucement, créant une ambiance apaisante et réconfortante. Titis, la grand-mère bienveillante de l'orphelinat, frottait vigoureusement le dos de Pally avec une brosse en bois, tandis que Merwinn, les cheveux remplis de savon parfumé, s'amusait à faire des bulles dans l'eau.

Les deux garçons, malgré les grognements et les grimaces occasionnées par le frottement énergique de Titis, étaient tout sourire, excités de raconter leurs exploits.

"Et puis là, tu vois," commença Pally, son visage illuminé par l'excitation, "on est arrivés devant cette grotte, et il y avait cette araignée géante ! Vraiment énorme, je te jure, Titis. Ses yeux brillaient, ses crocs étaient énormes, comme ça !"

Pally imita les crocs de l'araignée avec ses mains, ouvrant grand la bouche et faisant une tête à l’allure féroce.

"Et elle avait des pattes comme des épées !" il claqua ses mains plusieurs fois sur l'eau pour imiter l'araignée qui essayait de les planter avec ses pattes.

"Tu aurais dû voir sa tête quand Pally lui a montré ses fesses pour me sauver la vie ! Elle était folle de rage !" ajouta Merwinn ricanant les cheveux couverts de mousse, tout en se penchant en avant pour éviter une éclaboussure de Pally.

"Tu as montré tes fesses, Pally !?" s'exclama Titis en lui frappant gentiment la tête, comme pour le réprimander d'avoir fait une bêtise, tout en ayant un sourire qu'elle ne put retenir.

"Aie !", dit Pally en mettant ses deux mains sur sa tête. "Mais Titis c'était la seule façon pour moi d'appâter l'araignée! En plus elle a vraiment cru que mes fesses c'était du poulet vu comment elle a voulu me manger ensuite."

Pally et Merwinn rirent en chœur, mais Titis était inquiète de leur histoire, espérant que leur imagination débordante était la cause de leur péripéties.

"Bon aller ça suffit les bêtises, venez par ici, je vais vous rincer" dit Titis.

Elle prit un seau en bois et commença à verser doucement de l'eau tiède sur les garçons pour les rincer. Chaque geste de Titis était empreint d'attention et d'amour. Elle veillait à ce que l'eau ne soit ni trop chaude ni trop froide, et elle utilisait ses mains, ridées par le temps, pour vérifier la température avant de la verser. Elle frottait doucement leurs cheveux, enlevant chaque trace de savon avec soin, et s'assurait que leurs visages soient bien propres en passant délicatement un chiffon humide. Elle finit leur toilette en leur faisant un gros bisou sur leurs joues rosies par la chaleur et l'excitation.

Une fois bien propres, ils se levèrent des bassines. Titis les enveloppa dans de grands draps en lin, les frottant vigoureusement pour les sécher.

"Vous voilà tout neufs !" dit-elle en souriant. "Allez, allez vous habiller. J'ai préparé des vêtements tout propres pour vous. Ce soir, vous allez briller comme de vrais héros."

Pally et Merwinn, encore tout excités, s’habillèrent rapidement. Pally enfila une tunique en lin blanc cassé avec des broderies marron et un pantalon en toile assorti, parfaits pour les festivités. Il compléta sa tenue avec une ceinture en cuir brun. Merwinn, quant à lui, opta pour une tunique noire à l’extérieur et violet pâle à l’intérieur, ornée de petits boutons dorés en laiton. Il compléta sa tenue avec un pantalon en toile noire, brodé de deux filets violets parcourant l’ensemble du pantalon. Les vêtements, bien que simples, étaient confortables et propres, et les garçons se sentaient prêts à affronter la fête avec éclat.

Pally ajouta sa petite touche personnelle : un bandage autour de la tête qu’il avait décidé de garder suite à une blessure qu’il s’était faite avant de venir à l’orphelinat, on ne sait comment. Titis lui avait remplacé ce bandage lorsqu’il était venu pour la première fois dans l’orphelinat et, depuis, il l’avait toujours gardé. Titis, en le voyant, lui demanda avec un sourire :

“Pally, pourquoi continues-tu de porter ce bandage ?”

Pally répondit en riant : “C’est ma marque de fabrique maintenant, Titis ! Et puis, ça me rappelle de rester vigilant à l’extérieur du village. Et ça me fait penser à quel point tu prends toujours soin de moi.”

Titis, émue, s’exclama : “Oh mon chéri, viens dans mes bras,” et lui fit un gros câlin. Elle leur dit finalement, “Allez-y, ou vous allez être en retard pour la fête !”

Suite à cela, prêts et tout fringants, Pally et Merwinn sortirent de la pièce et tombèrent nez à nez avec Ellendia, l’aînée parmi les orphelins de Sleepinwood, souvent considérée comme la grande sœur de l’orphelinat par le village.

“Oh, vous êtes tout bien préparés !” dit Ellendia en les regardant avec admiration. “Ooooh, j’aime beaucoup tes petits boutons dorés, Merwinn.”

Merwinn devint tout rouge et timide, baissant les yeux et jouant nerveusement avec le bord de sa tunique. Son cœur battait la chamade. Depuis qu’il avait vu Ellendia pour la première fois, il éprouvait pour elle un amour secret, rêveur et profond. La moindre attention de sa part le rendait à la fois heureux et terriblement nerveux.

“Oh, m-merci, Ellendia, tu es très… bel… aus…” balbutia Merwinn, rougissant encore plus.

Pendant qu’il parlait, ses yeux commencèrent à admirer Ellendia de bas en haut. Elle portait une très belle robe fleurie, aux couleurs vives et harmonieuses, qui lui allait à ravir. Sur sa tête, un superbe bandana orangé ajoutait une touche de gaieté à son ensemble, encadrant parfaitement son visage radiant d’une belle énergie. Ses cheveux, d’un noir profond, étaient captivants, avec des reflets vert foncé qui semblaient capturer et jouer avec la lumière, ajoutant une dimension mystérieuse et envoûtante à sa beauté naturelle. Merwinn était sous le charme.

Pally, remarquant son état, demanda avec inquiétude : “Ça va, Merwinn ? Pourquoi tu parles plus ? T’as mal au ventre ?”

Merwinn répondit en agitant ses bras, essayant de montrer que tout allait bien, mais incapable de parler sous la pression.

Soudain, ils entendirent des éclats de rire et de la musique venant de l’extérieur, un bruit de fête comme si beaucoup de gens s’amusaient. Les lumières de la fête scintillaient à travers les fenêtres, et l’air était empli d’une ambiance joyeuse et festive.

Ellendia ne pouvait plus attendre :

“Allez, les garçons, ne tardons plus, la grande fête de Sleepinwood nous attend.”

Elle passa chacun de ses bras en dessous des bras de Pally et Merwinn, et les entraîna avec enthousiasme, bras dessus bras dessous, vers la sortie de l’orphelinat, les emmenant d’un élan énergique jusqu’à l’extérieur.

“Aaah, doucement, Ellendia, doucement !” s’exclama Pally, ressentant la douleur de ses nombreuses blessures dues à ses aventures, tandis que Merwinn, complètement charmé et incapable de parler, se laissait bercer par l’énergie d’Ellendia. Elle ricana en continuant de les entraîner vers la fête.

En arrivant à l’extérieur, Pally, Merwinn et Ellendia découvrirent un spectacle enchanteur. La grande fête de Sleepinwood battait son plein. Des guirlandes lumineuses et des lanternes colorées illuminaient la place du village, créant une atmosphère féerique.

Des stands de toutes sortes bordaient les allées. Il y avait des stands de tir où les villageois tentaient de toucher des cibles avec des fléchettes, des stands de pêche aux canards pour les plus petits, et même un stand de chamboule-tout avec des piles de boîtes de conserve colorées à faire tomber. Le stand de rumsteak du Délice de Benz attirait une foule affamée, tandis que le stand de jus de raisins, proche de la taverne, voyait Durrin en boire encore et encore avec Baloo, son ours, assis tranquillement à ses côtés.

Au centre de tout ces stands, une grande structure en bois, semblable à une piste de danse surélevée, accueillait des couples et des groupes de danseurs, leurs rires et leurs pas résonnant dans la nuit. Les musiciens du village jouaient des airs entraînants, et l’ambiance était à la fête et à la joie.

Main dans la main, les trois amis observèrent la fête avec émerveillement.

“Regardez tout ça !” Pally ne savait plus où poser les yeux. “Je veux tout essayer !”

Merwinn acquiesça avec un sourire rêveur, les yeux fixés sur le carrousel scintillant. “Mais on commence par quoi?”

Ellendia, avec un sourire, les guida du regard vers la grande structure en bois. “Commençons par là, les garçons. La grande structure en bois. C’est là que tout le monde danse. Vous verrez, c’est magique !”

Pally fit une grimace. “Danser ? Oh non, je préfère les stands de tir !”

Mais Ellendia ne lui laissa pas le choix. Elle les attrapa fermement et les tira avec elle. “Allez, Pally, tu verras, c’est amusant !” dit-elle en riant.

Merwinn, incapable de résister à l’enthousiasme d’Ellendia, se laissa entraîner avec plaisir, tandis que Pally grognait légèrement, mais se laissait quand même emmener vers la grande structure en bois.

Une fois montés sur la plateforme, Ellendia commença à danser avec aisance et leur montra comment faire. Pally, cependant, refusa et regarda autour de lui, se demandant pourquoi les gens appréciaient danser. Il se disait que c’était ringard et gênant. Mais il commença soudain à sentir ses pieds chauffer. “C’est bizarre, on est en hiver pourtant,” se dit-il. “Ah, ah, ah !” Ses pieds brûlaient de plus en plus, le forçant à mettre un pied après l’autre.

Ellendia lui lança, en riant : “Ah bah voilà, quand tu veux t’y mettre !”

Pally, perplexe, demanda : “Mais pourquoi mes pieds brûlent comme ça ?”, toujours en alternant un pied après l’autre.

Ellendia répondit avec un sourire malicieux : “C’est la base même de cette structure. Du feu est allumé en dessous pour que la plateforme soit chaude et oblige les gens à danser en mettant un pied après l’autre. C’est comme une façon de contraindre les petits rabat-joie comme toi !”

Pally répliqua : “Mais c’est vicieux !” et se tourna vers Merwinn pour chercher un regard complice.

Mais Merwinn était resté sans bouger, hypnotisé par la danse d’Ellendia, ses pieds sûrement en train de chauffer mais il ne le remarquait pas, trop charmé par sa beauté.

“Hey Merwinn, bouge, bouge !” s’exclama Pally, en prenant Merwinn par les mains pour le forcer à bouger. Cela donna l’image que les deux étaient en train de danser ensemble.

Ellendia, en les voyant, éclata de rire : “Regardez-vous, vous dansez à merveille !”

La musique enjouée résonnait autour d’eux, et la structure en bois semblait vibrer sous leurs pieds, amplifiant chaque pas qu’ils faisaient. Les guirlandes de lumières illuminaient la scène d’une douce lueur dorée, ajoutant une touche magique à l’atmosphère. Autour de la plateforme, les villageois riaient et applaudissaient, certains rejoignant la danse, d’autres se contentant de regarder et de taper des mains en rythme avec la musique.

Pally et Merwinn, bien que maladroits au début, se mirent peu à peu au rythme de la danse. Merwinn, toujours rougissant, suivait les mouvements de Pally, leurs pieds se déplaçant de manière synchronisée sur la plateforme chauffée.

Ellendia les rejoignit, ses mouvements fluides et gracieux les entourant d’une énergie contagieuse. “Allez, laissez-vous porter par la musique !” cria-t-elle joyeusement. Les trois amis riaient ensemble, perdus dans l’instant, oubliant leurs soucis et savourant la magie de la fête.

Suite à ça, le trio enchaîna sur les autres stands. Ils s’arrêtèrent d’abord au stand de tir où Pally tenta de toucher les cibles avec des fléchettes. Malgré ses efforts, il n’en atteignit que quelques-unes. Merwinn, motivé par le regard d’Ellendia qui l’observait avec attention, se concentra intensément. Avec une précision surprenante, il réussit à toucher presque toutes les cibles, remportant ainsi le prix principal : une petite poupée en tissu. Fier de son exploit, il offrit la poupée à Ellendia, qui fut ravie et le remercia avec un grand sourire.

Ensuite, ils se dirigèrent vers le stand de pêche aux canards. Pally et Merwinn riaient en essayant d’attraper les petits canards en bois flottant sur l’eau, tandis qu’Ellendia les taquinait gentiment sur leur manque de précision.

Le stand de chamboule-tout attira également leur attention.

Ils remarquèrent que William, un autre orphelin de Sleepinwood, était déjà là, lançant des balles avec une intensité notable.

Dès que Pally arriva, la tension monta immédiatement. Pally et William ne pouvaient pas se sacer, et leur rivalité était bien connue.

Les deux garçons se retrouvèrent vite dans une compétition acharnée. Pally, utilisant sa force brute, lançait les balles avec toute sa puissance, tandis que William, plus stratégique, étudiait les angles avant de lancer. Les boîtes de conserve volaient dans toutes les directions sous leurs coups acharnés.

À un moment donné, dans l’excitation du jeu, Pally lança une balle qui dévia de sa trajectoire et heurta William. La tension monta d’un cran, les deux garçons se retrouvant face à face, prêts à en découdre.

Saisissant la situation, Ellendia et Merwinn se précipitèrent pour intervenir. Ils attrapèrent Pally chacun par un bras et, dans un élan de solidarité, l’entraînèrent rapidement loin du stand.

“Allez, on va au stand de Benz !” déclara Ellendia, essayant de détendre l’atmosphère.

Le trio continua leur périple, s’arrêtant au stand de rumsteak du Délice✨ de Benz où ils savourèrent de délicieuses tranches de viande grillée au miel que Pally et Merwinn avaient fraîchement extrait. Benz avait l’air ravi du succès de ces rumsteaks.

Ensuite, ils passèrent par le stand de jus de raisin, proche de la taverne, où ils aperçurent Durrin et Baloo. Le nain, jovial et animé, les accueillit avec enthousiasme.

“Aaaaah, mes p’tits aventuriers !” s’exclama Durrin, levant une chope de jus de raisin en leur direction. “Comment ça va, les gars ? Toujours à courir après les ennuis, hein ?”

Pally sourit, ravi de voir Durrin. “Salut, Durrin ! Oui, on profite de la fête. Comment ça va avec Baloo ?”

Le nain éclata de rire. “Ah, Baloo, ce vieux coquin, il va toujours bien. Hein, mon grand ?” Il tapota affectueusement l’ours sur le flanc, et Baloo grogna doucement en réponse.

Pendant ce temps, Ellendia, restée un peu en retrait, observait la scène avec intérêt. Elle ne connaissait pas bien Durrin, mais l’énorme ours Baloo captait toute son attention.

Elle s’approcha timidement de Baloo, qui la regarda avec ses grands yeux doux. Durrin, remarquant son intérêt, s’adressa à elle : “Pas d’crainte à avoir, m’demoiselle. Baloo est plus doux qu’un agneau quand il s’y met. Allez, approche, il va t’aimer.”

Ellendia, rassurée, tendit une main hésitante vers Baloo, qui renifla doucement avant de lui lécher la main, provoquant un sourire émerveillé sur le visage de la jeune fille.

“Vous avez raison,” dit-elle en riant, “il est vraiment adorable !”

Merwinn, un peu intimidé, mais curieux, demanda : “Et toi, Durrin, tu t’amuses bien ?”

Durrin hocha la tête avec énergie. “Oh, oui ! Entre les stands et l’bon jus d’raisin, j’me régale ! Vous devriez y goûter, les gars, c’est succulent.” Il but une longue gorgée puis ajouta : “En plus, on m’a dit qu’on doit cette cargaison grâce à vous !”

Pally sourit et répondit : “Pour ramener cette cargaison, c’était une longue histoire.”

Durrin se rapprocha discrètement d’eux, et d’une façon qui ne lui ressemblait pas, commença à parler doucement. “Oui, d’ailleurs en parlant d’cette histoire, Marcel m’a raconté c’qui s’est passé dans la caverne.”

Pally et Merwinn devinrent très attentifs, n’ayant jamais vu Durrin parler aussi sérieusement et calmement. Ellendia écoutait d’une oreille discrète.

“Les araignées géantes, j’me fais ça au p’tit déj,” dit Durrin en essayant de détendre un peu l’atmosphère. “Mais Marcel m’a aussi parlé des bruits qu’vous avez entendus dans cette grotte, des bruits qui n’avaient rien à voir avec des araignées.”

Pally, les sourcils froncés, fixa Durrin avec intensité. Merwinn, de son côté, déglutit nerveusement, les yeux écarquillés.

Durrin les regarda un moment avant de poursuivre, sa voix grave et posée. “Et ça, j’en connais un rayon, étant donné qu’j’suis un rôdeur, j’ai l’habitude de la route. »

Il prit un air encore plus sérieux.

“J’pense qu’une créature se cache dans les bois.”

Pally et Merwinn échangèrent un regard inquiet. Les yeux de Merwinn s’élargirent encore plus, une lueur de peur visible dans son regard. Pally, bien que tentant de rester stoïque, ne put empêcher un petit frisson de parcourir son échine. Cependant, en même temps, une vague d’excitation l’envahit à l’idée de vaincre cette mystérieuse créature. La perspective d’une nouvelle aventure le captivait déjà.

Ellendia, qui écoutait discrètement à quelques pas de là, sentit son cœur s’accélérer. Elle ne connaissait pas bien Durrin, mais la gravité dans sa voix ne lui échappa pas. Son regard se posa instinctivement sur Baloo, l’ours, qui restait tranquille à côté de son maître, comme une ombre protectrice. Ellendia se demandait quel genre de créature pourrait bien inquiéter un rôdeur accompagné d’un ours aussi massif comme Durrin.

Durrin, remarquant leur trouble, ajouta doucement, “Faut pas paniquer, les enfants. Mais faut rester vigilants. La forêt cache parfois des choses qu’on n’comprend pas tout de suite.”

Alors qu’ils digéraient cette information inquiétante, une voix puissante se fit entendre à travers la fête.

“Rassemblez-vous tous autour de la structure montée !” Pierrot, le marchand du village, appelait les villageois à se réunir autour de la grande structure en bois surélevée pour un événement imminent.

Les enfants échangèrent un dernier regard avec Durrin avant de suivre le flot des villageois vers la structure. L’atmosphère de la fête était devenue à la fois festive et tendue, une excitation palpable mêlée à une nouvelle inquiétude. Mais très vite, cette inquiétude prit fin avec l’annonce de Pierrot.

“Un combat d’exhibition va avoir lieu entre notre chef du village, Braum, et notre sauveuse contre les bandits pourpres, Cirilla !”

Pally et Merwinn répétèrent en chœur, “Cirilla !!?” en se regardant, leurs yeux s’illuminant d’excitation et de surprise.

“Je n’peux pas y croire! Cirilla va se battre?!” murmura Merwinn, ses joues rougissant d’admiration.

“Ça va être incroyable,” ajouta Pally, un frisson d’anticipation parcourant son dos.

Ellendia, qui avait écouté discrètement, les interrompit avec un sourire malicieux. “Allez, les garçons, on va voir ce duel de plus près. Qui sait, peut-être que vous apprendrez quelques astuces de combat !”

Ils se frayèrent un chemin à travers la foule, cherchant le meilleur point de vue pour assister au duel. L’excitation montait, et tout le village semblait retenir son souffle en attendant le début de l’exhibition.

D’un côté de la structure surélevée, Braum se tenait prêt, équipé de son ancienne armure de soldat. Un heaume solide sur la tête, une épée en fer dans une main et un bouclier dans l’autre, il incarnait la puissance et la discipline.

De l’autre côté, Cirilla, calme, habillée plus légèrement, portait une tunique blanche, un pantalon noir et des bottines marron. Son ensemble était parsemé de ceintures marron, permettant d’y fixer quelques couteaux et d’attacher son épée dans le dos. Ses cheveux blanc cendrés étaient attachés en chignon, lui donnant un air à la fois élégant et redoutable. Elle avait l’air agile et prête à bondir à tout moment.

Les villageois chuchotaient entre eux, et les enfants, Pally, Merwinn, et Ellendia, attendaient avec impatience, les yeux rivés sur les deux combattants.

Un air solennel résonnait, joué par les musiciens aux tambours, comme pour prévenir qu’un grand combat approchait. La tension montait dans l’air, chaque battement de tambour renforçant l’anticipation de l’affrontement imminent.

Pierrot leva les bras pour attirer l’attention de la foule, sa voix résonnant au-dessus des murmures et des battements de tambour. “Mesdames et messieurs, le moment que vous attendiez tous est enfin arrivé ! Préparez-vous à assister à un combat d’exhibition entre notre valeureux chef du village, Braum, et la redoutable Cirilla, notre sauveuse contre les bandits pourpres !”

La foule retint son souffle tandis que Braum et Cirilla prenaient leurs positions sur la grande structure en bois. Le silence s’installa, seulement rompu par les battements rythmés des tambours. Pierrot abaissa sa main en un geste dramatique, signalant le début du combat.

Braum, équipé de son armure d’ancien soldat, brandit son épée en fer et son bouclier, avançant prudemment vers Cirilla. De son côté, Cirilla, calme et concentrée, fit un léger signe de tête, puis dégaina son épée avec une élégance fluide.

Les premiers échanges furent méthodiques et mesurés. Braum, utilisant son bouclier pour bloquer les attaques de Cirilla, montrait une force impressionnante, mais Cirilla se retenait visiblement. Elle dirigeait ses coups de manière à ce que Braum puisse les parer aisément, ne cherchant pas à le blesser.

“Bien joué, Braum !” lança-t-elle avec un sourire en esquivant une attaque et en ripostant avec une frappe rapide que Braum dévia avec son bouclier.

Le public applaudissait chaque mouvement, fasciné par la danse habile des deux combattants. Pally et Merwinn étaient émerveillés par la maîtrise et la grâce de Cirilla, tandis qu’Ellendia observait attentivement chaque mouvement.

Braum tenta une attaque puissante, mais Cirilla l’anticipa et se déplaça avec une agilité surprenante, le contournant facilement. Elle fit mine de porter une attaque rapide, mais s’arrêta juste avant de toucher, laissant Braum ajuster sa garde.

Leurs épées s’entrechoquèrent encore plusieurs fois, le cliquetis métallique résonnant dans l’air. Cirilla continua à modérer ses coups, utilisant juste assez de force pour créer une belle démonstration sans mettre Braum en danger. La foule était captivée, applaudissant et criant d’encouragement à chaque échange.

Cirilla changea soudain de tactique, dans un mouvement spectaculaire, glissant sur le bois de la structure, son épée frôlant le sol avant de remonter en un arc rapide vers Braum. Il réussit à intercepter l’attaque avec son bouclier, mais l’élan de Cirilla le fit reculer de quelques pas. La foule émit un “oh” d’admiration.

“Bien défendu!” dit-elle pour l’encourager, avant de bondir en arrière et de reprendre une position défensive.

Braum, légèrement essoufflé mais déterminé, sourit. “Merci, Cirilla. » Il reprit son souffle. « Comme tu peux le voir, je ne suis pas encore fini !”

Les deux combattants se retrouvèrent face à face, et Cirilla, sprintant vers Braum, utilisa une feinte, simulant un coup à la tête avant de pivoter rapidement et de frapper vers les jambes de Braum. Celui-ci leva le pied pour éviter le coup, et tenta avec son bouclier de déséquilibrer Cirilla. Elle fit mine d’absorber le choc avec son épaule pour immédiatement esquiver le coup avec une grâce féline, ce qui déséquilibra Braum vers l’avant. Elle finit son mouvement par mettre simplement sa jambe en barrage, faisant tomber Braum au sol et pointa son épée vers lui, signifiant ainsi sa victoire.

Braum baissa légèrement son épée et leva la main. “Je pense que ça suffit pour aujourd’hui. Merci, Cirilla, pour ce combat.”

Cirilla hocha la tête, rengainant son épée et lui présentant une main aidante. “Avec plaisir, Braum. C’était un honneur.”

La foule éclata en applaudissements et acclamations, célébrant la fin du combat. Pally, Merwinn et Ellendia se joignirent aux acclamations, le cœur battant d’excitation après avoir assisté à un spectacle aussi impressionnant.

Pally, Merwinn et Ellendia décidèrent d’aller retrouver Cirilla, mais la foule dense les ralentit. En se frayant un chemin, ils aperçurent au loin Cirilla parler à Braum. Son visage sérieux contrastait avec l’assurance détendue qu’elle avait montrée pendant le combat.

Le temps qu’ils atteignent Braum, Cirilla était déjà partie en urgence pour une raison qu’ils ignoraient.

“Braum, où est Cirilla ?” demanda Pally, visiblement frustré.

“Elle est partie,” répondit Braum, secouant la tête.

“Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?” insista Merwinn.

“Je ne sais pas,” admit Braum. “Elle n’a pas voulu dire pourquoi, mais c’était visiblement urgent. Je respecte sa décision.”

Pally serra les poings, la frustration évidente sur son visage. “C’est pas juste…” murmura-t-il, agacé par le mystère entourant le départ précipité de Cirilla.

À ce moment-là, quelqu’un appela Braum, l’obligeant à partir à son tour. Les laissant là, Braum leur adressa un sourire rassurant avant de se détourner.

Pally piétinait le sol avec frustration, tandis que Merwinn et Ellendia partageaient sa déception, leurs visages tristes reflétant le même sentiment de vide. Cet ascenseur émotionnel fut difficile pour eux, la montée d’excitation suivie par la soudaine déception les laissant désorientés et abattus.

Quelques minutes passèrent, Pally et Merwinn étaient assis l’un à côté de l’autre, en face de la grande structure surélevée, silencieux. Ellendia, n’arrivant pas à les faire redescendre de leur frustration, décida de partir avec sa nouvelle poupée. Elle se dirigea vers Titis, qui voulait être accompagnée au stand des canards.

Pally se reprit et dit à Merwinn : “C’est pas grave, d’abord. Elle reviendra rapidement. En attendant, pour enlever notre frustration, on va faire des bêtises. T’es partant ?”

Merwinn, toujours un peu abattu, releva la tête et esquissa un sourire : “Des bêtises ? Qu’est-ce que tu as en tête ?”

Pally se mit à réfléchir, un sourire malicieux apparaissant sur son visage : “J’ai une idée. On pourrait aller sous la structure surélevée et augmenter la chaleur. Imagine voir les danseurs accélérer le pas et danser comme des hystériques à cause de la chaleur de la plateforme !”

Merwinn se redressa, l’enthousiasme revenant dans ses yeux : “Oh, ça serait trop drôle ! Allons-y avant que quelqu’un ne nous attrape !”

Les deux garçons se faufilèrent discrètement vers l’arrière de la structure, vérifiant plusieurs fois autour d’eux pour s’assurer que personne ne les voyait. Leur cœur battait la chamade, excités et nerveux à l’idée de mettre leur plan en action.

“Voilà, c’est ici,” chuchota Pally en pointant une petite trappe métallique.

“Et on fait comment pour augmenter la chaleur ?” demanda Merwinn, les yeux pétillants d’excitation.

Pally sourit et ouvrit la trappe, révélant un système de leviers et de commandes. “On va tourner ce levier vers la droite, comme ça,” expliqua-t-il en le faisant tourner doucement. Le mécanisme émit un léger grincement.

“Ça va marcher, tu crois ?” s’inquiéta Merwinn.

“Bien sûr que oui,” répondit Pally avec assurance. “Maintenant, viens, on va regarder ce qui se passe.”

Ils se cachèrent derrière une pile de caisses, observant la scène depuis leur cachette. Sur la plateforme, les danseurs continuaient de bouger au rythme de la musique, mais quelques instants plus tard, des expressions de surprise apparurent sur leurs visages.

“Eh, tu sens ça ?” cria un danseur en essuyant son front en sueur. “Ça chauffe drôlement !”

“Allez, on bouge !” hurla un autre en accélérant le pas, ses mouvements devenant de plus en plus frénétiques.

Les deux garçons échangèrent un regard complice et étouffèrent un rire en voyant les danseurs commencer à sautiller et à gesticuler de manière exagérée.

“Regarde celui-là, on dirait qu’il fait une danse de la pluie !” s’esclaffa Merwinn, pointant du doigt un homme qui semblait faire des sauts désordonnés.

“Et celle-là, elle fait des tours sur place comme une toupie !” ajouta Pally, les larmes aux yeux de rire.

L’agitation sur la plateforme devenait de plus en plus intense, les danseurs se déplaçant rapidement pour éviter la chaleur grandissante sous leurs pieds. Les mouvements désordonnés et les exclamations de surprise créaient un spectacle hilarant.

“Je crois qu’on a réussi notre coup,” murmura Pally avec satisfaction. “Ils dansent comme des hystériques maintenant.”

Soudain, une voix grave et autoritaire les fit sursauter. “Qu’est-ce que vous faites là, vous deux ?” C’était Braum, qui venait de les surprendre en plein acte.

Pally et Merwinn se retournèrent, pris sur le fait, mais incapables de retenir leurs rires en voyant l’effervescence sur la plateforme.

“On… euh… on voulait juste s’amuser un peu,” balbutia Pally, les joues rouges de honte et de rire.

Braum, les sourcils froncés, secoua la tête avec un air sévère. “Amuser, hein ? Eh bien, vous allez maintenant apprendre à assumer les conséquences de vos actes. Vous êtes de corvée de vaisselle pour toute la fête. Rendez-vous à l’entrée sud du village.”

Les deux garçons déglutirent, réalisant la gravité de leur situation. Sans un mot de plus, Braum les escorta jusqu’à l’endroit désigné, où une pile de vaisselle sale les attendait déjà.

“Et ne pensez même pas à vous défiler. Je veux que chaque assiette brille,” ajouta Braum avant de repartir.

Pally et Merwinn se mirent à la tâche, la tête basse. Pally, jeta un coup d’œil à Merwinn, et murmura : “C’était drôle, quand même…”

Merwinn hocha la tête avec un petit sourire. “Oui, mais la prochaine fois, peut-être qu’on devrait être un peu plus prudents.”

Les deux amis se mirent à rire doucement, partageant ce moment malgré la corvée qui les attendait.

Trente minutes passèrent et ils étaient loin d’avoir fini. La pile de vaisselle semblait interminable. Pally, frottant vigoureusement une assiette, soupira. “Pff, on en a encore pour un moment…”

Merwinn, prenant une pause et essuyant la sueur de son front, jeta un coup d’œil à Pally. “Pally, tu crois qu’Ellendia m’aime bien ?”

Pally leva les yeux, surpris par la question. “Bien sûr qu’elle t’aime bien. Pourquoi tu demandes ça ?”

Merwinn, visiblement embarrassé, jouait avec une éponge. “C’est juste que… elle est tellement… géniale. Et moi, je suis juste… moi.”

Pally haussa les sourcils, ne comprenant pas vraiment où Merwinn voulait en venir. “Ben oui, tu es toi, et il est où le problème? »

Merwinn rougit légèrement. “C’est juste que… j’aimerais bien qu’elle m’aime encore plus.”

Pally se mit à rire doucement, commençant à comprendre. “Ah, c’est ça ! Ben, je suis sûr qu’elle t’aime bien. Et puis, t’as vu comment elle t’a souri quand tu lui as offert la poupée ? T’as toutes tes chances, mon pote.” Lui dit-il en levant le pouce en l’air comme pour l’encourager.

Merwinn hocha la tête, un sourire timide apparaissant sur son visage. “Tu crois ? C’est vrai qu’elle avait l’air contente…”. Il acquiesça, se sentant un peu plus encouragé. “Merci, Pally. T’es vraiment mon meilleur ami.”

Pally reprit une assiette et commença à la laver. “Allez, finissons ça vite. Peut-être qu’on pourra encore profiter de la fête apr….”

Soudain, un bruit non loin de l’entrée du village retint son attention. Un craquement, suivi d’un bruissement dans les buissons. Pally se figea, sentant ses muscles se tendre, chaque fibre de son être prête à réagir.

“Tu as entendu ça ?” demanda-t-il à voix basse, jetant un coup d’œil à Merwinn.

Merwinn, plongé dans ses pensées, s’arrêta de frotter une assiette et tendit l’oreille. La sueur qui perlait sur son front n’était plus due uniquement à l’effort.

“C’était… peut-être un oiseau,” dit-il, mais l’incertitude dans sa voix trahissait son malaise.

Le bruissement se fit à nouveau entendre, cette fois plus proche, plus distinct. Son coeur battait si fort qu’il en oublia le froid de l’eau sur ses mains. Il n’y avait aucun oiseau dans la forêt à cette heure-ci, et encore moins un capable de provoquer ce genre de bruit.

Les paroles de Durrin concernant une créature rôdant dans les bois leur revinrent soudain en mémoire, et un frisson parcourut leur échine. Pally et Merwinn échangèrent un regard, la même pensée traversant leur esprit. Et si c’était elle ? Si cette créature mystérieuse, dont Durrin avait parlé d’un ton grave, s’était aventurée plus près du village ?

Les bruits de la fête semblaient désormais appartenir à un autre monde, distant et inaccessible. Ici, près de l’entrée du village, l’obscurité était plus dense, plus menaçante, comme si elle abritait un secret que seuls Pally et Merwinn pouvaient percevoir.

“Attention, Merwinn,” murmura-t-il enfin, les yeux fixés sur les ombres mouvantes. “Nous ne sommes pas seuls.”

Chapitre 8: La menace qui rôde...

Les bois de Sleepinwood, autrefois si familiers et apaisants, semblaient soudainement empreints d’une atmosphère étrangère et oppressante. Les arbres, qui avaient toujours été de silencieux gardiens, paraissaient maintenant étouffants, comme s’ils se refermaient autour de Pally et Merwinn. Chaque ombre, autrefois douce et protectrice, prenait maintenant des formes inquiétantes, jouant avec leur imagination et leur insécurité grandissante. Le silence, qui les aurait normalement rassurés, devenait angoissant, amplifiant chaque petit bruit, chaque craquement dans l’obscurité. Un poids lourd s’était installé dans l’air, rendant chaque respiration difficile. Leur cœur battait plus fort, par la peur insidieuse qui s’infiltrait en eux.

Leur insécurité croissante s’intensifia encore lorsqu’ils aperçurent deux silhouettes sombres se faufiler à travers les arbres. Elles se mouvaient avec une assurance effrayante, se rapprochant du village sans se soucier de qui pourrait les voir. Pally et Merwinn se figèrent, le souffle coupé, leurs yeux fixés sur ces formes inquiétantes. Puis, des voix leur parvinrent, distinctes mais basses, suffisamment proches pour être entendues.

« Je pense que c’est ce village, » murmura l’une des silhouettes, d’une voix rauque.

« Très bien, » répondit l’autre, avec un calme glaçant. « On agit rapidement et avec efficacité. »

Ça voit était grave et posée et relevait d’une détermination implacable.

Ces mots firent courir un frisson glacé le long de l’échine des deux garçons. Ce n’était pas seulement des visiteurs. C’était une menace. Le retour des bandits pourpres se demandaient-ils.

Pally ne pouvait accepter une nouvelle attaque contre leur village. Une vague d’adrénaline déferla en lui, balayant toute hésitation. Déterminé, il se précipita vers l’entrée du village. En un éclair, il se jeta sur une haie épaisse bordant le sentier et, malgré son cœur battant à tout rompre, il la franchit d’un bond, atterrissant devant les deux silhouettes. Sans perdre une seconde, il se redressa, brandissant un couteau de cuisine, ses mains tremblantes mais résolues. D’une voix forte, il s’écria :

« Vous n’irez nulle part ! »

Les deux silhouettes s’arrêtèrent net, surprises par l’audace du garçon. Elles le fixèrent, les sourcils froncés, immobiles, leurs regards perçants et concentrés. Pourtant, celui de droite, malgré son apparence assurée, laissa transparaître une lueur d’inquiétude dans ses yeux. Son visage se crispa légèrement, et il fit un pas en arrière, pris de peur face à l’inattendu de la situation. Instinctivement, il posa sa main sur la garde de son épée, prêt à réagir, son regard inquiet figé sur Pally.

Merwinn, bien que terrifié, sentit qu’il ne pouvait laisser son ami affronter ce danger seul. Il prit une grande inspiration, et dans un élan de courage, se précipita à son tour vers l’entrée du village. Imitant Pally, il bondit par-dessus la haie et atterrit aux côtés de son ami, bloquant également le passage des supposés agresseurs. La peur lui nouait l’estomac, mais il resta debout, prêt à faire face, le souffle court et les mains moites.

Les deux silhouettes se matérialisèrent dans l’obscurité, révélant peu à peu leur apparence. Celle de droite portait une armure légère et une cape flottant dans la brise nocturne. Sur sa tête, un heaume laissait entrevoir un visage aux traits jeunes, à la fois concentré et assuré. Une longue épée était accrochée à sa taille, brillant faiblement dans la pénombre, et chaque mouvement de ce personnage évoquait l’agilité et la précision d’un chevalier en pleine possession de ses moyens.

L’autre silhouette, celle de gauche, était bien plus imposante. Une armure scintillante, même dans l’obscurité, recouvrait son torse massif, chaque plaque reflétant les faibles lueurs environnantes comme si elle était forgée dans un mélange d’acier et d’argent. Il était grand, extrêmement grand, et son corps semblait taillé dans le roc, musclé et solide. À sa main droite, il tenait un énorme marteau, une arme forgée dans un matériau noble semblable à celui de son armure, témoignant de sa puissance et de son statut.

Ses cheveux, d’un gris poivresel, étaient retenus en arrière par un diadème qui brillait doucement, conçu dans le même matériau noble que son marteau. Ce diadème relevait légèrement sa coiffure, mettant en valeur son visage sévère, encadré par une barbe fournie et impeccablement entretenue. Tout dans son apparence inspirait la droiture, la discipline et la dureté. Il dégageait une autorité naturelle, une présence imposante qui ne pouvait être ignorée.

Pally, malgré la peur qui lui tenaillait le ventre, ne put s’empêcher de penser que cet homme ressemblait un peu à Braum, non seulement dans son allure, mais aussi dans cette aura de rigueur et de discipline qui émanait de lui. C’était un homme qui semblait incarner la force et la justice, mais cette même force pouvait tout aussi bien représenter une menace terrifiante pour quiconque se dressait sur son chemin.

À cet instant, le jeune homme à droite prit la parole, sa voix calme mais empreinte d’une certaine fermeté :

« Ce ne sont que des enfants... »

Elric, l’homme imposant à sa gauche, tourna légèrement la tête vers lui, une expression sévère sur le visage.

« Des enfants qui ont l’air plus courageux que toi, » répliqua-t-il d’une voix grave et autoritaire, son regard perçant fixant le jeune homme avec une intensité glaciale. Sa remarque cinglante fit rougir le jeune chevalier, qui serra un peu plus la garde de son épée, hésitant entre reculer et affirmer sa position.

« Qui êtes-vous et que venez-vous faire dans notre village? »

Voyant l’hésitation et la nervosité du chevalier à droite, Pally en profita pour prendre les devants. Se redressant légèrement, il planta ses yeux dans ceux des deux hommes, la main toujours fermement serrée sur le manche de son couteau.

« Qui êtes-vous et que venez-vous faire dans notre village ? » demanda-t-il avec assurance, sa voix plus stable qu’il ne l’aurait cru.

Le silence qui suivit sa question sembla s’étirer, l’air autour d’eux devenant plus lourd alors que Pally et Merwinn attendaient une réponse, prêts à affronter ce qui allait suivre.

L’homme plus robuste s’avança d’un pied ferme, son pas lourd résonnant dans la nuit. L’impact fit instinctivement reculer Pally et Merwinn, un frisson de crainte traversant leurs corps. Sentant leur alerte se transformer en méfiance, l’homme leva les mains, paumes ouvertes, pour indiquer qu’il n’avancerait pas plus loin.

« N’ayez crainte, je ne suis pas votre ennemi, » déclara-t-il d’une voix grave et posée. « Je souhaite simplement parler avec le chef du village concernant une affaire de la plus haute importance. »

Pally, bien qu’un peu rassuré par les gestes de l’homme, ne baissa pas complètement sa garde. Il esquissa un sourire nerveux sur le côté, essayant de dissimuler son anxiété.

« Je répète une dernière fois la question : qui êtes-vous et que venez-vous… »

Il ne put terminer sa phrase, car une voix puissante l’interrompit brusquement.

« Pally ! Merwinn ! Que faites-vous avec ces inconnus ? » Braum, le chef du village, s’avançait d’un pas rapide, son regard sévère se posant tour à tour sur les deux garçons et sur les étrangers.

Pally et Merwinn se tournèrent vers lui, soulagés de voir leur chef intervenir. Braum prit aussitôt la relève, son regard autoritaire rivé sur les deux hommes.

« Qui êtes-vous et que voulez-vous à Sleepinwood ? » demanda Braum d’une voix forte et assurée.

Elric, le plus imposant des deux, baissa respectueusement la tête avant de répondre.

« Je suis Elric, Paladin Supérieur de l’ordre des Malekites, » déclara l’homme imposant, son ton grave résonnant dans l’air. « Je viens directement de la grande capitale des Alekims, la cité de Faithstone. Et voici Sir Daemon, un chevalier de notre ordre. Nous venons avec un message urgent qui nécessite l’attention immédiate du chef de votre village. »

À l’entente de ces mots, Pally ne put s’empêcher de murmurer à voix basse, presque pour lui-même : « Paladin… » Le mot résonnait dans son esprit, rempli de mystère et de fascination. Il se demanda ce que cela signifiait réellement, et quel genre de guerrier se tenait devant lui.

Braum, quant à lui, sentit un frisson parcourir son échine en entendant le nom de l’ordre des Malekites. Un nom qu’il n’avait pas entendu depuis des années, mais qui évoquait en lui des souvenirs puissants.

Il se rappelait de cet ordre, l’un des plus respectés et craints à travers le continent. Braum avait été un guerrier autrefois, mais il n’a jamais pu devenir un Paladin. En revanche, il connaissait bien leur réputation : des hommes d’une droiture inébranlable, des combattants d’élite au service de la justice, utilisant la lumière de leur foi pour protéger la veuve et l’orphelin, mais également, quand la situation l’exige, exterminer les créatures démoniaques de ce monde.

Il fixa Elric avec un nouveau respect mêlé de prudence, car s’ils étaient venus jusqu’au village de Sleepinwood, c’était sûrement qu’une menace planait dans les environs.

Braum prit une profonde inspiration avant de s’adresser à Elric.

« Vous avez dit que vous aviez un message urgent. De quelle menace s’agit-il ? » demanda Braum, son ton grave, les yeux scrutant Elric pour déceler la moindre trace d’informations.

Elric échangea un bref regard avec Sir Daemon avant de se tourner à nouveau vers Braum, son expression se durcissant.

Pally et Merwinn étaient tout ouïe, suspendus aux paroles des deux hommes, leur curiosité et leur inquiétude grandissant à chaque instant.

Elric, voyant l’attention de tous, prit une inspiration avant de parler d’une voix grave. « Il y a une menace extrêmement dangereuse, catégorisée de rang S, que nous traquons depuis un certain temps. Les traces que nous avons suivies indiquent qu’elle rôde actuellement dans les environs du village de Sleepinwood. »

Braum resta silencieux, absorbant la gravité de la situation. Elric continua, son ton empreint d’urgence : « Il est impératif que tout le village soit mis sous quarantaine immédiatement. Aucun habitant ne doit quitter ou entrer dans le village de Sleepinwood jusqu’à ce que la menace soit neutralisée. »

Il jeta un regard à Sir Daemon avant de poursuivre. « Ce soir, nous partirons dans les bois pour traquer cette créature et l’éradiquer. Mais nous devons agir vite. Le village doit être sécurisé. Puis-je compter sur vous Braum? »

Pally et Merwinn échangèrent un regard, l’inquiétude et la peur désormais bien ancrées dans leurs jeunes esprits. Ils se rappelèrent alors les paroles de Durrin, qui avait mentionné une créature démoniaque rôdant dans les bois. Ils comprirent qu’il avait peut-être raison, et que le danger était bien réel.

Braum, après un bref moment de réflexion, acquiesça avec détermination. « Très bien, Elric. Je vais de ce pas informer le village et mettre Sleepinwood sous quarantaine. Nous ne prendrons aucun risque. »

Il croisa les bras, son regard se durcissant. « Pendant que vous traquerez cette créature dans les bois, je veillerai personnellement à ce que tout se passe bien ici. Je revêtirai mon armure, porterai mon épée et mon bouclier, et je patrouillerai dans les rues du village toute la nuit s’il le faut. Je m’assurerai que tout le monde respecte cette quarantaine. Vous pourrez ainsi accomplir votre mission sereinement, sans avoir à vous soucier de ce qui se passe ici. »

Elric baissa la tête, en signe de reconnaissance de l’engagement de Braum. « Merci, Braum. Votre présence rassurera les villageois et nous permettra de nous concentrer sur la traque de cette créature. »

Il releva les yeux, son regard d’acier fixé sur celui du chef du village. Une lueur solennelle traversa ses traits. Après un bref silence, il ajouta d’une voix grave :

« Permettez-moi d’effectuer une bénédiction pour vous, Braum. Cela vous apportera la force nécessaire pour protéger votre village cette nuit. »

Braum, surpris par cette proposition, fronça légèrement les sourcils. Il n’avait jamais assisté à une telle cérémonie et ne savait pas à quoi s’attendre. Cependant, il voyait dans les yeux d’Elric une sincérité et une conviction qui le rassurèrent. Après un moment d’hésitation, il hocha la tête.

« Faites comme bon vous semble, Paladin. Si cela peut aider Sleepinwood, je suis prêt. »

Elric s’avança d’un pas vers Braum, retirant lentement ses gantelets pour révéler ses mains robustes mais étrangement délicates. Il leva sa main droite et la posa sur sa poitrine, proche du coeur, le poing fermé, fermant les yeux, puis l'approcha doucement, paume tournée vers Braum. Il inspira profondément, et lorsqu’il parla, sa voix semblait résonner avec une profondeur spirituelle.

« Ô Créateur des justes, entends ma prière. Révèle en cet homme le courage qui l’habite, la force qui coule dans ses veines, et la flamme de sa détermination. Qu’il soit un rempart pour les innocents, un phare dans l'obscurité. »

Les mots d’Elric étaient empreints de gravité et d’une puissance indéniable. Une lueur douce commença à émaner de ses mains, une lumière blanche teintée de nuances dorées, comme un lever de soleil diffus. La lumière s’intensifia légèrement, mais resta apaisante, presque chaleureuse. Elle dansait autour de ses doigts, comme une flamme vivante. Cependant, au lieu de se diriger vers Braum, cette lumière sembla réveiller une réponse de l’intérieur de ce dernier. Tandis qu’Elric levait lentement sa main droite, paume tournée vers le ciel, une lueur douce et dorée commença à s’élever depuis Braum lui-même, comme si elle émergeait de son âme.

La lumière, d’abord faible et vacillante, grandit à mesure que la main d’Elric montait, accompagnant le geste avec une harmonie parfaite. Les volutes dorées, vibrantes et chaleureuses, jaillissaient du cœur de Braum, s’élevant en douceur comme une source longtemps endormie enfin réveillée. C’était une lumière pure, puissante mais apaisante, qui emplissait l’espace d’une énergie sereine et d’une force tranquille.

Pally et Merwinn regardaient, bouche bée, la scène qui se déroulait devant eux. La lumière émanant de la main d’Elric semblait irréelle, et celle émanant de Braum encore plus, comme si elle était vivante, imprégnée d’une pureté presque divine. Merwinn, d’abord figé, se tourna légèrement vers Pally, ses doigts serrant instinctivement son bras, comme pour chercher un appui face à cette vision extraordinaire. Il ouvrit la bouche, prêt à parler, mais aucun mot n’en sortit. Il craignait que le simple son de sa voix ne brise la magie de ce moment, ne vienne ternir l’aura de ce spectacle presque sacré.

Pally, quant à lui, était complètement captivé, ses yeux rivés sur Elric et la lumière qui semblait jaillir de Braum. Il ne voyait plus rien d’autre que cette scène, comme si le monde autour de lui s’était effacé. Une chaleur étrange, mélange d’admiration et de curiosité, s’éveillait dans sa poitrine. Il n’avait jamais rien vu d’aussi extraordinaire, d’aussi… pur. Comment une telle lumière pouvait-elle exister ? D’où venait-elle ? Était-ce vraiment une force divine ? Ou quelque chose que l’on pouvait apprendre à maîtriser, comme une compétence ou un art ?

Les gestes d’Elric, calmes et assurés, résonnaient profondément en lui. Ce n’était pas seulement un pouvoir brut qu’il voyait, mais une forme de maîtrise, de connexion, presque de grâce. Pally serra les poings, pas d’appréhension, mais d’un désir inavoué : comprendre. Découvrir. Une graine avait été plantée dans son cœur, une fascination et une aspiration qu’il ne pouvait plus ignorer. Être un jour capable de projeter cette lumière, pas seulement pour lui, mais pour protéger, guider, et inspirer comme le faisait ce Paladin.

Elric, toujours concentré, continuait son mouvement, guidant la lumière de Braum vers une élévation plus grande, jusqu’à ce qu’elle enveloppe entièrement le chef du village, illuminant une dernière fois son visage d’une vigueur renouvelée avant de disparaître.

Braum, ébloui par cette élévation soudaine de lumière émanant de lui-même, ressentit une puissante énergie parcourir son corps. Il leva légèrement la tête, les yeux fermés, comme pour mieux accueillir cette force bienfaisante. Une chaleur apaisante se diffusa dans ses membres, dissipant toute fatigue ou doute qu’il aurait pu ressentir. Ses muscles se détendirent puis se raffermirent, imprégnés d’une nouvelle vitalité. Lorsqu’il rouvrit les yeux, une étincelle de détermination brillait dans son regard. Un sourire confiant se dessina sur ses lèvres, témoignant de la vigueur et de la sérénité qui l’habitaient désormais.

Elric abaissa lentement sa main, inclinant légèrement la tête, ses yeux clos dans une expression de profond respect. Dans un souffle empreint de révérence, il murmura : « Louanges au Créateur, source infinie de toute lumière.»

Sir Daemon ajouta, avec un ton solennel : « Avec vous qui sécurisez le village et nous qui traquerons la bête dans les bois, nous maximisons nos chances de réussite. Nous vous tiendrons informé de nos progrès dès que possible. »

Braum les salua d’un signe de tête montrant sa reconnaissance. « Ainsi soit-il, Sleepinwood compte sur vous. »

Puis, se tournant vers Pally et Merwinn, il leur dit d’une voix ferme mais bienveillante : « Vous avez entendu. Prévenez le village, et rentrez dans l’orphelinat de ce pas. Ne traînez pas en chemin, et assurez-vous que tout le monde soit informé. »

Pally et Merwinn, toujours plongés dans leurs pensées après la scène à laquelle ils venaient d’assister, hocha la tête avec un peu de retard. Ils échangèrent un dernier regard avec Braum avant de se précipiter vers le village, leur cœur battant la chamade. Ils s’élancèrent dans les rues, frappant aux portes des maisons, criant l’ordre de Braum. Les villageois, d’abord incrédules, virent bientôt la gravité dans les yeux des deux garçons et comprirent que la situation était sérieuse. Chacun s’empressa de rentrer chez soi, verrouillant portes et fenêtres, rassemblant leurs proches autour d’eux.

Pendant ce temps, Braum retourna à la maison communale où il avait déjà préparé son armure et son équipement après le combat d’exhibition contre Cirilla. L’acier de son armure était encore brillant, et il pouvait encore sentir l’énergie du duel récent dans ses membres. Il attacha son bouclier à son bras gauche, saisit son épée, et alluma une lanterne à l’huile. Son visage, éclairé par la lueur vacillante, montrait une détermination farouche. Il savait que cette nuit serait longue, et il se tenait prêt à défendre Sleepinwood une fois de plus.

À l’entrée du village, Elric et Sir Daemon se préparaient également pour la chasse. Elric vérifia son armure, ajustant les sangles de cuir et assurant la bonne prise de son imposant marteau. La lumière de la lune faisait briller son diadème, qui maintenait ses cheveux poivre et sel en arrière, donnant à son visage un air de commandement austère. Sir Daemon, plus jeune et plus agile, testait la lame de son épée, s’assurant qu’elle était parfaitement affûtée. Ils échangèrent un regard silencieux, une entente tacite s’établissant entre eux. C’était une mission qu’ils avaient menée des dizaines de fois auparavant, mais la menace pesante sur Sleepinwood ajoutait une gravité particulière à celle-ci.

Alors que le crépuscule cédait lentement la place à la nuit, les deux Paladins s’engagèrent dans les bois, leurs silhouettes s’effaçant progressivement dans l’obscurité.

Braum, de son côté, commença sa patrouille dans les rues désertes de Sleepinwood, la lanterne à la main, projetant des ombres inquiétantes sur les murs des maisons. Il s’assura que chaque porte était bien fermée, que chaque fenêtre était verrouillée. Les seuls sons qui accompagnaient ses pas étaient ceux du vent léger qui s’engouffrait dans les ruelles et le cliquetis métallique de son armure.

Pally et Merwinn, après avoir terminé leur course, revinrent à l’orphelinat. Ils furent accueillis par Titis, inquiète mais soulagée de les voir rentrer sains et saufs. Elle les fit entrer, verrouillant soigneusement la porte derrière eux. Les autres enfants étaient déjà rassemblés dans la grande salle commune, dont William et Ellendia, un silence lourd régnant parmi eux, seulement interrompu par le crépitement des flammes dans l’âtre.

La directrice de l’orphelinat, de son apparence stricte, entra dans la salle commune. Son chignon serré et sa longue robe sombre accentuaient son air autoritaire. Elle se plaça près de la cheminée, où les flammes dansaient sur son visage marqué par l’expérience, et frappa des mains pour attirer l’attention de tous.

« Enfants, écoutez-moi bien, » dit-elle d’une voix ferme mais empreinte de calme. « Ce soir, vous devez tous monter dans vos dortoirs sans discuter. Une fois dans vos lits, vous y resterez jusqu’à l’aube. »

Un silence pesant s’installa, troublé seulement par le crépitement du feu. Pally et Merwinn, toujours au centre de la pièce, scrutaient la directrice avec une intensité inhabituelle. Les enfants, réunis autour de la salle, échangèrent des regards nerveux et s'interrogèrent. Ils n'étaient pas au courant se dirent-ils.

Non loin de là, Titis, les mains occupées à essuyer nerveusement un torchon déjà propre, jetait des regards inquiets vers les fenêtres obscures, comme si elle s’attendait à voir surgir une ombre inquiétante à tout instant. Elle se racla doucement la gorge, s’approchant du bord de la pièce, ses gestes trahissant son anxiété.

« Peu importe ce que vous pourriez entendre dehors, » continua la directrice, son ton plus grave, « vous ne devez en aucun cas quitter vos dortoirs. Pas un bruit, pas une porte qui grince, rien. Est-ce bien compris ? »

Les enfants bien que ne comprenant pas le comportement de la directrice acquiescèrent en silence, même les plus jeunes sentant la tension palpable dans l’air. La directrice continua, son visage s’adoucissant légèrement.

« Demain matin, je viendrai vous chercher, un par un, pour le petit déjeuner. Ce n’est qu’une précaution, mais elle est nécessaire pour votre sécurité. Rassurez-vous, tout ira bien. »

Elle posa un regard appuyé sur Pally et Merwinn, qui semblaient vouloir poser des questions. « Pally, Merwinn, cela inclut également de ne pas vagabonder dans les couloirs. Ai-je été claire ? »

Les deux garçons se redressèrent, légèrement intimidés par son ton.

« Oui, madame, » répondirent-ils en chœur, bien que leurs pensées tourbillonnaient encore autour de la mystérieuse créature mentionnée par Elric et Sir Daemon.

La directrice jeta un dernier regard circulaire, s’assurant que ses instructions avaient été bien comprises. « Allez, filez maintenant. Bonne nuit à tous. »

Les enfants se levèrent lentement, jetant un dernier coup d’œil à la directrice avant de se diriger vers les escaliers menant à leurs dortoirs. Parmi eux, William, avait remarqué les regards échangés entre Pally et Merwinn ainsi que leur comportement étrange. Il comprit immédiatement qu’ils en savaient plus sur cette situation inquiétante. Pourtant, il choisit de rester silencieux, se contentant de fixer les deux garçons d’un regard perçant, scrutant le moindre indice sur leurs visages.

Pally et Merwinn restèrent un instant en bas, jetant un regard pensif vers l’entrée de l’orphelinat. La curiosité et l’inquiétude se mêlaient sur leurs visages.

« Allez, vous deux, pas d’exceptions, » déclara la directrice, les ramenant à la réalité.

Sans un mot, ils montèrent les marches, leurs esprits occupés par les récents événements. Une fois dans leur dortoir, ils s’allongèrent dans leurs lits, silencieux, l’esprit en ébullition après tous les évènements passés et malgré leurs pensées tourbillonnantes et l’inquiétude qui pesait sur eux, la fatigue finit par avoir raison d’eux...

« Quelle est cette mélodie ? » murmura Pally, sa voix résonnant dans le néant comme un écho solitaire. Il fronça les sourcils, les yeux fermés, tendant l’oreille pour capter chaque note. Les sons étaient délicats, presque fragiles, comme un secret chuchoté entre les ombres, mais portaient en eux une tristesse profonde, mêlée à une chaleur rassurante. Il finit par ouvrir les yeux et regarda autour de lui cherchant la provenance de cette mélodie qui tournait en boucle.

Il se tenait dans une obscurité épaisse, presque palpable, comme si le monde entier s’était effacé, ne laissant qu’un vide silencieux et oppressant. Tout autour de lui, il n’y avait rien, si ce n’est une étrange mélodie qui flottait dans l’air, douce et lointaine, mais étrangement familière.

Une fine grêle s'ajouta au paysage acoustique, attirant l'attention de Pally qui sursauta. Les petits éclats de glace tambourinaient contre une fenêtre, derrière laquelle la nuit avait déjà enveloppé le monde. À côté, une lanterne solitaire, posée sur un bureau en bois ancien, l’illuminait d’un halo doré. Ce bureau semblait flotter dans l’obscurité, un îlot de clarté dans un océan d’ombres. Pally, attiré par cette lueur, avança lentement. Chaque pas résonnait légèrement d'un son grave, amplifié par l’immensité silencieuse qui l’entourait.

Lorsqu’il atteignit le bureau, ses yeux furent immédiatement attirés par un petit objet posé au centre, baigné dans la lumière douce de la lanterne : une boîte à musique en forme de coeur.

Elle était petite, délicatement façonnée dans un bois d’ébène poli, sombre et lisse, presque velouté au toucher, ornée de motifs argentés en forme de constellations, comme si elle emprisonnait un fragment du ciel nocturne. De minuscules rubis, sertis avec une précision presque onirique, ponctuaient certains points des constellations, représentant les étoiles les plus brillantes. Il semblait qu'à l'ouverture du coeur, un mécanisme ingénieux se mettait en mouvement, déclenchant une mélodie d’une pureté envoûtante, comme si elle émanait directement des étoiles qu’elle représentait.

Une fine chaîne en argent, subtilement travaillée avec des maillons gravés de motifs similaires à ceux de la boîte, était fixée à sa base, permettant de la porter autour du cou. Elle était à la fois un bijou et un trésor, pensée pour être gardée près du cœur, littéralement et symboliquement.

La mélodie qui résonnait autour de lui semblait venir de cette boîte, mais il n’arrivait pas à se souvenir pourquoi elle lui semblait si importante.

Pally hésita un instant, tendant la main vers la boîte. Quand ses doigts effleurèrent le bois d’ébène, un frisson parcourut son bras, comme une chaleur froide, étrange et contradictoire, qui semblait à la fois le réconforter et l’ébranler profondément. Une image vague et indistincte s’imposa brièvement à son esprit : des mains délicates qui refermaient ce cœur. Une voix douce, lointaine, mais aimante, chuchota presque inaudible au creux de son esprit.

La mélodie sembla s’élever doucement, gagnant en intensité, comme une réponse à sa présence. Chaque note, cristalline et poignante, semblait résonner directement dans sa poitrine, éveillant des échos d’un passé qu’il avait oublié... ou peut-être choisi d’oublier.

Il reprit ses esprits et, hésitant un instant, décida de la prendre délicatement dans ses mains. Sur le dos de la boîte, une fine inscription, gravée avec une précision presque solennelle, attirait son regard : “Mon amour ne mourra jamais.” Ces mots, étrangers à sa mémoire consciente, éveillèrent pourtant un écho profond en lui, une émotion troublante mêlant toujours cette chaleur réconfortante et douleur lancinante, qu’il ne parvenait ni à nommer ni à comprendre.

Son souffle s’accéléra légèrement. « Pourquoi… est-ce que je connais ça ? » murmura-t-il, le regard fixé sur les gravures.

Soudain, un grincement sinistre résonna derrière lui, interrompant ses pensées. Une porte s’ouvrit lentement, le bruit sourd et prolongé déchirant le silence. Pally sursauta, et dans sa panique, la boîte à musique glissa de ses mains, tombant au sol avec un bruit lourd. Le cœur se referma brusquement, interrompant la mélodie dans un claquement tranchant. Un silence pesant emplit alors la pièce, étouffant jusqu’au souffle de Pally.

Il tourna lentement la tête, glacé par la peur. À travers l’ombre de la porte entrouverte, une silhouette se dessinait. Grande, vacillante, elle semblait floue et indistincte, mais son avancée était claire. L’ombre s’approchait, chaque pas traînant résonnant dans la pièce comme un battement de tambour lent et implacable. Une respiration rauque, accompagnée de sons gutturaux et inhumains, s’échappait de la silhouette, comme si elle luttait pour exister. La figure titubait, ses mouvements désordonnés ajoutant une étrangeté terrifiante à sa progression.

Pally, figé par la peur, sentit un frisson glacé parcourir son échine. Il tenta de bouger, de fuir, mais ses jambes refusaient de répondre, comme clouées au sol. Ses mains tremblaient, cherchant un appui, mais la panique brouillait son esprit. La silhouette continuait de s’approcher, son aura oppressante emplissant l’espace.

Soudain, la mélodie changea. Ce qui était doux et apaisant devint tendu et menaçant. Les notes délicates de la boîte à musique se déformèrent, leur rythme autrefois régulier se brisant en fragments chaotiques. Une nouvelle tonalité surgit, plus grave et imposante, comme si un orgue funèbre s’était joint à l’air, balayant les douces volutes sonores pour les noyer dans une tempête d’accords dramatiques.

La pluie, qui caressait doucement la fenêtre quelques instants plus tôt, devint une rafale violente. Chaque goutte martelait la vitre avec une intensité oppressante, comme si le monde extérieur partageait sa terreur. Les basses grondantes de l’orgue emplissaient l’espace, résonnant comme un écho venu d’un gouffre insondable. Chaque note portait un poids insoutenable, semblant resserrer une étreinte invisible autour de lui.

La silhouette tendit une main décharnée et froide vers lui. Lorsqu’elle l’attrapa par l’épaule gauche, une douleur fulgurante envahit Pally, comme si un poids écrasant se refermait sur lui. Son souffle devint court, ses pensées s’embrouillèrent. Les sons, les images, la mélodie… tout se mêla dans un chaos assourdissant. Une voix grave et lointaine murmura son nom, suivie d’une cacophonie de murmures. Il ne distinguait plus rien, perdu entre rêve et cauchemar.

« Pally… Réveille-toi ! » Une voix claire, plus proche, perça soudain le tumulte. Puis une autre, douce et inquiète : « Pally, ça va ? »

Il ouvrit brusquement les yeux, haletant et couvert de sueur. Merwinn était à son chevet, le regard rempli d’inquiétude, tandis qu’Ellendia, les sourcils froncés, lui tenait la main.

« Pally, tu faisais un cauchemar, » murmura Merwinn, presque tremblant. « On t’a entendu gémir… »

Pally passa une main tremblante sur son visage, tentant de reprendre son souffle. Tout semblait flou, irréel, mais la sensation glacée de cette main sur son épaule restait gravée en lui.

Pally reprit son souffle, le visage encore humide de sueur. Merwinn posa une main hésitante sur son épaule, ses yeux cherchant une réponse dans le regard de son ami. « Pally… qu’est-ce qui s’est passé ? Tu vas bien ? »

Pally détourna les yeux, comme pour cacher quelque chose. « Oui, oui… ça va… juste un mauvais rêve, » répondit-il d’une voix qui se voulait rassurante, mais qui trahissait une certaine tension.

Ellendia, accroupie près du lit, l’observait avec un mélange de curiosité et d’inquiétude. « Un cauchemar, hein ? Vu comment tu t’agitais, ça avait l’air bien plus qu’un simple mauvais rêve, » dit-elle doucement, son regard perçant essayant de lire en lui.

Merwinn hocha la tête en direction d’Ellendia. « Elle a entendu du bruit et s’est faufilée ici. Je lui ai expliqué… enfin, ce qu’on sait sur cette créature dans les bois. » Il déglutit, ses doigts jouant nerveusement avec le bord de sa tunique. « Mais c’est quand même fou, non ? Une créature démoniaque, là, si près de nous… »

Ellendia se redressa, croisant les bras. « Et vous deux, vous savez quoi ? Vous avez l’air de tout me cacher. »

Pally baissa la tête, son expression se durcissant. « Ce n’est rien. Juste… des images dans ma tête qui ne veulent pas partir, » murmura-t-il, plus pour lui-même que pour eux.

Il resta silencieux un instant, le regard perdu. Les souvenirs confus de son rêve lui revenaient par vagues : cette mélodie, cette boîte à musique, cette ombre menaçante. Tout cela semblait inexplicablement lié à la créature qui rôdait dans les bois. Une sensation brûlante de frustration et d’impuissance montait en lui. Il serra les poings, cherchant à contenir l’agitation qui grondait dans sa poitrine.

Merwinn, inquiet, s’accroupit à son tour pour essayer de capter son attention. « Pally, tu es sûr que ça va ? On peut rester ici si tu veux en parler. »

Pally releva brusquement la tête, ses yeux brillants d’une détermination féroce. « Non, Merwinn, j’en ai marre d’attendre. J’en ai marre de rester là comme des gamins impuissants ! Cette créature est dehors, et personne ne fait rien pour l’arrêter. » Il se leva d’un bond, ses poings toujours serrés. « Alors c’est nous qui allons la tuer. Toi et moi, on est bien assez forts avec nos épées ! »

Merwinn recula légèrement, surpris par l’intensité soudaine de son ami. « Quoi ? Non, Pally, c’est de la folie ! Tu sais très bien qu’on n’a aucune chance contre une créature démoniaque, » balbutia-t-il, ses yeux s’agrandissant sous l’effet de la peur.

Ellendia, adossée contre le mur, serra les poings, sa mâchoire crispée. « Je suis d’accord avec Merwinn. C’est insensé, Pally. Vous allez vous faire tuer. »

Pally planta son regard dans celui d’Ellendia, une lueur de défi dans les yeux. « Peut-être. Mais rester ici, c’est pire. Je ne peux pas… je ne veux pas être impuissant. J’ai besoin de réponses, et je sais qu’on peut y arriver. Ensemble. »

Un silence lourd s’installa. Merwinn fixait le sol, partagé entre la peur de l’inconnu et le désir de ne pas abandonner son ami. Il finit par soupirer profondément, résigné. « Si tu y vas, alors je viens avec toi. Mais je préfère qu’Ellendia reste ici. Si quelque chose t’arrive… enfin, non, si quelque chose nous arrive, je veux qu’elle soit en sécurité. »

Ellendia décroisa les bras, avançant d’un pas déterminé. « Hors de question que je reste. Vous croyez quoi ? Que je vais vous laisser affronter ça seuls ? J’ai mon arc, et je sais viser. Si on fait ça, on le fait ensemble. »

Pally soupira, mais hocha la tête. « D’accord. Ensemble, alors. Mais il faut qu’on soit discrets. Si Braum nous voit, il nous renvoie ici avant même qu’on atteigne les bois. »

Ils s’activèrent rapidement. Pally attrapa son épée en acier, son poids familier lui apportant une étrange sensation de confort. La lame, bien entretenue et tranchante, reflétait une lueur pâle dans la pénombre. Merwinn, plus méthodique, prit également son épée, testant la solidité de la poignée et passant un doigt prudent sur le tranchant pour s’assurer de son efficacité. Ellendia, quant à elle, attrapa son arc et fixa soigneusement son carquois dans son dos à l’aide de sangles ajustées. Elle vérifia que chaque flèche était bien alignée, ses gestes rapides mais précis. Son visage trahissait une anxiété qu’elle tentait de masquer derrière son calme apparent.

Pally se dirigea vers son coffre au pied de son lit, l’ouvrant avec précaution pour ne pas faire de bruit. Il en sortit une corde épaisse qu’il avait soigneusement cachée. Sans un mot, il se rendit à la fenêtre et l’attacha solidement au montant du lit, vérifiant deux fois le nœud pour s’assurer qu’il tiendrait. Jetant un coup d’œil dehors, il plissa les yeux pour sonder les ombres mouvantes de la nuit. Le vent jouait doucement dans les arbres, mais aucun signe de mouvement suspect.

« Allez, on descend un par un. Pas un bruit, » murmura-t-il, ses yeux scrutant les environs.

Tandis que Merwinn s’approchait pour descendre, Pally resta près de la fenêtre, faisant le guet avec vigilance. Il observa les ruelles et les environs, ses sens en alerte. Il savait que Braum patrouillait, et qu’un seul faux pas pourrait ruiner leur plan.

Merwinn attrapa la corde, ses mains serrant fermement les fibres rugueuses. Descendre dans l’obscurité n’était pas chose facile, et il grimaça en sentant le vent froid s’engouffrer sous sa tunique. Ses bottes touchèrent enfin le sol, et il fit un signe discret vers la fenêtre pour indiquer que tout était clair.

Ellendia suivit avec une agilité surprenante. Elle s’accrocha à la corde, son arc fermement attaché dans son dos, et se laissa glisser avec une fluidité qui trahissait son habitude de grimper. Ses bottes atterrirent presque sans bruit sur la terre meuble, et elle rejoignit Merwinn en jetant un regard attentif autour d’eux.

Pally, après un dernier coup d’œil pour s’assurer qu’ils n’étaient pas observés, saisit la corde et descendit à son tour. Son visage était crispé, concentré sur chaque mouvement. Une fois à terre, il tira la corde avec soin et la dissimula dans un buisson à proximité pour effacer toute trace de leur départ.

Ils se regroupèrent près du mur de l’orphelinat, accroupis, leurs silhouettes à peine visibles dans l’ombre. Le souffle court mais silencieux, ils échangèrent un regard.

Pally chuchota : « Pas de bruit. On avance vite, et on trouve cette créature avant que l’aube ne se lève. »

Ellendia jeta un coup d’œil dans la direction de la rue principale, ses yeux plissés pour mieux distinguer les mouvements. « Braum pourrait être dans les parages. Il faudra rester dans l’ombre et éviter les lanternes. »

Merwinn hocha la tête, son visage tendu par l’appréhension. « S’il nous voit, c’est fini. Suivons les ruelles derrière les maisons. »

Ils échangèrent un dernier regard, mêlant peur et détermination. Puis, d’un pas léger et discret, ils s’éloignèrent, s’enfonçant dans l’obscurité de la nuit, leur objectif fixé sur les bois où la créature les attendait.

✨ Bonus

🎧 Mélodie qu'entend Pally dans son rêve -> https://storage.googleapis.com/projet-automate.appspot.com/music/Davy%20Jones%20Music%20Box%20short%20version%20Ambient%20noise%20%20Thunderstorm.mp3

Chapitre 9: La Créature Démoniaque

Sous les ombres mouvantes des branches noueuses, trois enfants avançaient, frêles silhouettes face à une obscurité bien plus ancienne qu’eux : l’ironie d’un gibier traquant son chasseur.

Le vent s’était tu. Seul le craquement hésitant des feuilles sous leurs pas rompait le silence, mais même cela sonnait faux, déplacé, comme un bruit intrus dans un sanctuaire interdit.

Pally marchait en tête, son épée accrochée à son dos, ses pensées se mêlant les unes aux autres.

Était-ce cette profonde incompréhension qu’il ressentait depuis son rêve ? Une tristesse étrange, mêlée à une colère sourde et injustifiée ? Ou ce vide dévorant qui réclamait des réponses ? Lui-même l’ignorait. Mais il avançait, comme si une force invisible le guidait, un appel muet le tirant vers les ténèbres qu’il cherchait à affronter.

Derrière lui, Merwinn et Ellendia suivaient, leurs regards balayant chaque recoin d’ombre autour d’eux. Merwinn, le souffle court, jetait des regards nerveux à Pally, ses yeux reflétant un mélange d’inquiétude et d’incrédulité. Que cherchait-il vraiment ?

Quant à Ellendia, son arc fermement en main, elle avançait avec une détermination tendue, mais ses doigts tremblaient légèrement sur la corde, trahissant la peur qu’elle ne voulait pas montrer.

Ellendia brisa le silence, sa voix basse, presque un murmure :
« Tu sais où chercher, Pally ? »

Pally ne se retourna pas. Ses yeux restaient fixés droit devant lui, comme s’il cherchait une destination invisible dans l’obscurité.
« Pas vraiment… Mais je le saurai quand on aura trouvé une piste. »

Merwinn, malgré ses efforts pour marcher silencieusement, fit craquer une branche sous son pied. Il fronça les sourcils, sa voix trahissant son agitation.
« Pally, c’est insensé. On ne sait même pas à quoi on a affaire. Et si c’était… un monstre ? »

Pally s’arrêta net, obligeant les deux autres à faire de même. Il tourna légèrement la tête, son profil éclairé par un rayon de lune filtrant à travers les branches.
« Ça l’est. Un monstre. Une créature démoniaque. Et c’est pour ça qu’on est là. »

Il se rappelait son rêve, cette entité qui s’approcha de lui comme pour l’attaqué avant qu’il ne se réveille.

Merwinn et Ellendia échangèrent un regard stupéfait. La réponse froide et directe de Pally les figea sur place.

« Quoi ? Comment tu peux dire ça ? Comment tu peux en être sûr ?! » rétorqua Merwinn, sa voix à peine plus qu’un chuchotement, mais teintée de panique. Puis, avec un sourire incertain, il ajouta : « Et arrête de prendre cet air sérieux, tu m’fais flipper ! »

Pally serra les poings, sa voix empreinte d’une conviction troublante.
« Je le sais, c’est tout. Tu ne trouves pas ça étrange que des Paladins soient venus jusqu’à Sleepinwood pour cette menace ? Tu crois qu’ils se déplacent pour des bandits ou des loups ? Non. Quelque chose de bien pire est là. »

Ellendia resserra son emprise sur son arc, ses doigts tremblants malgré elle.
« Mais… et si c’est une chose qu’on ne peut pas combattre ? Quelque chose qui nous dépasse complètement… Tu y as pensé, Pally ? »

Pally se retourna complètement cette fois, ses yeux plongeant dans ceux d’Ellendia.
« Si on ne peut pas, alors qui le pourra ? Braum ? Les Paladins ? Ils sont là, oui, mais ils n’ont rien fait encore. Rien de concret. Et nous… nous on a toujours su protéger ce village. Alors peut-être qu’on peut encore faire quelque chose. »

Merwinn, la mâchoire serrée, leva les yeux vers Pally, cherchant ses mots. Sa voix était hésitante, mais il finit par parler, le regard fixé sur son ami.
« Pally… je veux dire… on est juste des gamins. Cette créature, elle est pas comme les défis qu’on a eus jusqu'à maintenant. Là c'est autre chose, alors pourquoi crois-tu qu’on peut s'en occuper? Les Paladins sont là pour s’en charger ? On a rien à prouver.»

Il serra les poings, ses yeux reflétant de l’inquiétude.

Un silence lourd s’installa. Même le bruissement des feuilles semblait s’être tu. Soudain, un bruit lointain déchira la nuit : des oiseaux s’envolant brusquement dans un fracas de battements d’ailes. Les trois enfants sursautèrent, se tendant instinctivement.

Pally respira profondément pour se calmer, ses épaules se relâchant légèrement. Il détourna le regard et répondit, d’un ton plus bas mais chargé d’émotion :
« Ce n’est pas une question de prouver quoi que ce soit. Je… je dois savoir. ». Il essayait de trouver ses mots.

« Il y a quelque chose ici, cette créature, et..., et j'ai l’impression que ça me concerne. Je ne peux pas l’expliquer mais... je le sens. »

Merwinn observa son ami, notant le sérieux rare dans son regard, mais aussi quelque chose de plus profond, presque imperceptible. Une tension, un trouble qu’il n’arrivait pas à comprendre. Pally semblait bouleversé, mais Merwinn n’osait pas l'interroger, pas maintenant. Il soupira, résigné, et hocha lentement la tête.

« Très bien. Mais si on croise ce monstre et qu’il est trop fort, on fuit. Tu entends, Pally ? Pas de folie. On fuit. »

Pally releva doucement les yeux vers lui, et pendant un instant, Merwinn crut voir une lueur de gratitude mêlée à une inquiétude dans son regard.

« D’accord, » murmura Pally, sa voix plus posée, presque apaisée par la promesse de son ami.

Ellendia, jusque-là silencieuse, glissa un regard furtif à Merwinn et Pally, prête à dire quelque chose. Mais soudain, Pally plissa les yeux, fixant un point derrière eux. Une faible lumière dansait entre les arbres.

« À couvert ! » chuchota-t-il d’une voix pressante.

Sans attendre, ils plongèrent dans un buisson proche. Le cœur battant, ils épièrent entre les branches. Ellendia arma immédiatement son arc, ses doigts en tension sur la corde. Pally et Merwinn dégainèrent leurs épées, les lames à peine visibles dans la pénombre. Ils retinrent leur souffle, leurs yeux scrutant chaque recoin, chaque mouvement.

La lumière vacillait, se rapprochant lentement, accompagnée de bruits de pas irréguliers. Une silhouette se dessinait dans l’obscurité, avançant avec une démarche décontractée.

« C’est Braum ? » murmura Merwinn à peine audible.

Ellendia secoua la tête, son arc toujours tendu. « Non. Trop petit. »

Pally fixait la silhouette, ses muscles tendus, prêt à agir. Mais à mesure qu’elle approchait, un détail inattendu se révéla.

« Pas la peine de vous cacher, je vous vois… » dit une voix gênée mais familière.

Pally baissa légèrement son épée, stupéfait. De derrière la lumière apparut William, une lanterne vacillant dans sa main. Il s’arrêta juste devant leur buisson, son expression mêlant malaise et sarcasme.

« Sérieusement… Vous pensez vraiment pouvoir me semer ? » lança-t-il, haussant les épaules avec un soupir.

« Qu’est-ce que tu fais ici, William ? » lança Pally, une pointe d’agacement dans la voix.

William haussa les épaules, visiblement peu impressionné par l’attitude de Pally. « Ne t’inquiète pas, Pally, je ne suis pas venu pour toi, j'aimerai mieux te voir perdu dans les bois à jamais. Mais je sais que vous cachez quelque chose. Vous savez ce qui se passe dans la forêt, n’est-ce pas ? » Il plissa les yeux, son regard perçant. « Je vous ai vus filer en douce, et je veux savoir de quoi il s’agit. »

Merwinn, sentant la tension dans l’air entre les deux, prit les devants et expliqua rapidement la situation. Ses mots étaient mesurés, mais le ton de sa voix trahissait une certaine nervosité. William écouta attentivement, son expression se durcissant à mesure que les détails étaient dévoilés.

« Je le savais, » dit finalement William, sa voix grave et chargée d’une étrange certitude. « C’est sûrement une créature démoniaque. »

Merwinn et Ellendia échangèrent un regard, stupéfaits d’entendre William mentionner cette même théorie qu’ils redoutaient tous. « Une créature démoniaque ? » répétèrent-ils presque en chœur, la surprise évidente dans leur voix.

Pally, quant à lui, esquissa un sourire, et haussa légèrement les épaules d’un air qui semblait dire : « Vous voyez, je vous l’avais dit ! ».

Ellendia, toutefois, ne put retenir sa curiosité.

« Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de créature démoniaque ? » demanda-t-elle, une pointe d’agacement dans la voix, comme pour se convaincre que tout cela n’était qu’un mauvais conte.

William prit une profonde inspiration, son regard devenant soudain plus sombre. « J’ai entendu des histoires… » Sa voix se fit plus basse, presque un murmure, et l’atmosphère sembla s’alourdir autour d’eux. « Des histoires sur des êtres humains qui ont été transformés en monstres malgré eux. Des créatures sanguinaires, avides de chair fraîche. Leur conscience les quitte, et tout ce qu’il leur reste, c’est une soif insatiable de sang et de violence. »

Ses mots résonnaient étrangement dans l’obscurité, et même le vent qui caressait les arbres sembla s’éteindre, laissant derrière lui un silence pesant.

« Ces créatures, » poursuivit-il, « sont bien plus dangereuses qu’on ne peut l’imaginer. Une morsure suffit, une seule...», il marqua une pause, « Et vous devenez l’un des leurs. »

Merwinn et Ellendia déglutirent en chœur, leurs regards se croisant brièvement comme pour chercher du réconfort. Même Pally, d’ordinaire espiègle et provocateur, avait laissé son sourire s’effacer, son expression se durcissant alors qu’il écoutait attentivement le récit sombre de William.

William serra les poings, son regard se perdant dans le vide. « C’est une malédiction. Beaucoup de gens, par peur ou par ignorance, ont accusé des innocents d’être contaminés. Ils les ont livrés à la foule… exécutés sur la place publique, souvent sans preuve. »

À ces mots, son regard s’assombrit encore davantage. Ses yeux, humides et brillants, semblaient refléter des souvenirs qu’il aurait préféré oublier. Une lueur de colère y brûlait, mais aussi une profonde tristesse.

Ellendia et Merwinn restèrent silencieux, figés par l’intensité de son récit. Pally, malgré ses moqueries incessantes et son mépris habituel pour William, sentit une étrange tension dans sa poitrine en le voyant ainsi. Il n’avait jamais vu ce garçon, d’ordinaire si détaché, montrer autant d’émotions. Il y avait dans ses paroles une vérité brutale, quelque chose qui dépassait la simple histoire.

Pally réalisa que William avait sûrement perdu ses parents comme ça...

William inspira profondément, détournant brièvement le regard avant de se reprendre. « Mais… peut-être que ce n’est pas cette créature, » dit-il, sa voix un peu plus calme. « Justement. Je suis là pour m'en assurer. »

Pally, toujours en le fixant, plissa légèrement les yeux. « Et si c’est le cas ? » demanda-t-il, sa voix basse mais appuyée.

William releva la tête, plantant ses yeux dans ceux de Pally. Une lueur déterminée et grave traversait son regard. « Alors je l'exterminerai. » Ses mots étaient comme une lame affûtée, tranchant le silence avec une certitude glaçante.

Pally le regarda un instant, une étincelle de respect mêlée à une détermination partagée dans les yeux. Un sourire presque imperceptible se dessina au coin de ses lèvres. « On est d’accord. »

William brisa le silence, scrutant tour à tour Pally, Merwinn, et Ellendia, avant de demander d’un ton pragmatique : « Très bien, et maintenant ? Vous avez un cap ? »

Un léger malaise s’installa parmi eux. Pally se contenta de hausser les épaules, les yeux fixés devant lui. « Pas vraiment… » répondit-il honnêtement.

Ellendia fronça les sourcils, croisant les bras. « Tu plaisantes, Pally. Tu nous fais sortir dans les bois, au milieu de la nuit, sans avoir la moindre d'idée de où l'on va ? »

« Eh bien, on cherche la créature, non ? » rétorqua Pally, son ton un peu plus défensif.

William soupira, croisant lentement les bras, son regard glissant sur chaque membre du groupe comme pour évaluer leur utilité. « Chercher une créature démoniaque dans une forêt immense sans plan… On pourrait aussi bien planter un drapeau pour qu’elle nous trouve plus facilement. » Il s’interrompit un instant, calculant visiblement ses prochaines paroles. « Il nous faut un objectif. Une destination. »

Pally, un sourire espiègle éclairant son visage malgré l’atmosphère tendue, lança : « Moi, je propose qu’on attache William à un arbre et qu’on s’en serve d’appât pour la créature. »

Merwinn éclata d’un rire nerveux, mais son regard trahissait son incertitude. « Pally, arrête c’est vraiment pas le moment ! »

William roula des yeux, croisant les bras avec un air faussement blasé. « Ha… ha… ha… Très drôle. Je pense que tu es un meilleur candidat pour le rôle de la princesse en détresse, Boucle d'Or. »

Pally fronça les sourcils, il détestait ce surnom, hérité d’une histoire que Titis leur avait racontée sur une jeune fille blonde et espiègle surnommée Boucle d’Or, à laquelle, à son grand regret, il ressemblait un peu trop.

Derrière lui, Merwinn détourna légèrement la tête, essayant tant bien que mal de retenir un rire, incapable de nier que l’allusion n’était pas totalement injustifiée.

Ellendia, les bras croisés et l’air blasé, soupira profondément avant de lever les yeux au ciel. « Sérieusement les garçons ? Vous avez fini avec vos gamineries ? Si on pouvait se concentrer un peu, ça nous éviterait peut-être de nous faire dévorer par une créature démoniaque, vous croyez pas ? »

Pally reprit ses esprits, leva les yeux, songeur, cherchant une réponse dans l'obscurité silencieuse des bois.

Ses yeux se posèrent sur la lune. Elle brillait haut dans le ciel, pleine, blanche et parfaitement ronde, baignant la forêt d'une lumière froide mais éclatante. Il y avait quelque chose de fascinant dans sa perfection, comme un œil céleste observant leurs moindres mouvements. Un œil qui voit tout, qui sait tout... Comme celui d'une voyante. Une boule de cristal. Bien sûr.

Il releva brusquement la tête, une idée évidente mais audacieuse naissant en lui. « La sorcière. »

Ellendia arqua un sourcil, tendant un peu plus son arc par réflexe. « Quelle sorcière ? »

« Celle qui habite plus profondément dans les bois, » répondit Pally, son ton déterminé. « Elle connaît la forêt mieux que quiconque. Si quelqu’un sait ce qui se passe ici, c’est bien elle. »

Merwinn se raidit, ses yeux s’écarquillant sous l’effet de l’appréhension. « Non. Non, non, non. Pourquoi j’ai suivi Pally… » Il secoua la tête, marmonnant pour lui-même, visiblement ébranlé.

Ellendia, inquiète, le dévisagea. « Merwinn, c’est sérieux ? Une vraie sorcière ? »

Merwinn déglutit difficilement, jetant un coup d’œil à Pally, hésitant à parler. « Oui, elle existe. Et crois-moi, ce n’est pas quelqu’un qu’on veut rencontrer, encore moins en pleine nuit. »

Puis, il se souvint qu’il se voyait comme le protecteur d’Ellendia. Elle comptait tellement pour lui, et s’il y avait un moment pour prouver son courage, c’était bien maintenant. Inspirant profondément, il redressa les épaules comme s’il s’apprêtait à affronter un dragon, puis se tourna vers Ellendia avec un sourire légèrement tremblant mais sincère. Ses joues rosirent malgré lui, mais il tenta de rester confiant.

"Enfin je veux dire oui elle est dangereuse mais... euh... ne t'inquiète pas. Je suis là et je ne la laisserai jamais te faire du mal..."

Ellendia le fixa, surprise, avant qu’un petit sourire attendri ne se dessine sur ses lèvres. « Vraiment, Merwinn ? » murmura-t-elle, mi-amusée, mi-intriguée.

Merwinn se frottant nerveusement et balladant ses yeux dans tous les sens comme pour éviter ceux d'Ellendia ajouta : "Oui, enfin... bien sûr, c'est normal, non? On est ensemble... enfin je veux dire on forme une équipe tous les deux... euh.. les quatre."

Pally, qui avait écouté en silence, ne put retenir un sourire en coin. « Sacré Merwinn… »

Merwinn rougit jusqu’aux oreilles, marmonnant quelque chose d’incompréhensible, tandis qu’Ellendia, touchée malgré tout, baissa légèrement la tête pour cacher son sourire grandissant.

William observait le groupe en silence, ses yeux plissés, comme s’il analysait chaque mot, chaque expression.

Puis, d’un mouvement calculé, il décrocha sa lanterne de sa ceinture et la tendit à Pally.

« Toi, devant, » dit-il calmement. « Tu connais notre cap, tu éclaireras le chemin. »

Pally accepta la lanterne, fronçant légèrement les sourcils. « Et toi, tu fais quoi ? »

William esquissa un sourire à peine perceptible, son regard déjà fixé sur les bois sombres qui les entouraient. « J’assurerai les arrières. »

Il fit un signe de la main, indiquant une composition qu’il avait visiblement réfléchie. « On avance en 1-2-1. Toi, devant, avec la lanterne pour éclairer le chemin. Merwinn et Ellendia, vous prenez les flancs gauche et droit. Merwinn, tu protégeras Ellendia pendant qu’elle scrutera les alentours, toujours son arc armé. Restez proches, et restez en alerte. Moi, je protège nos arrières. »

Merwinn pinça les lèvres, mais finit par acquiescer. « Ça a du sens… »

Ellendia jeta un coup d’œil à William, son arc toujours en main. « Et si on se fait attaquer ? »

William répondit calmement. « Je vous couvrirai. Si vous suivez mes instructions, personne ne sera pris par surprise. »

En disant cela, il sortit deux dagues, d’un geste fluide. Les lames brillèrent un instant sous la lumière de la lune, et dans un mouvement habile, il fit tournoyer les dagues entre ses doigts, traçant une figure rapide dans l’air – une croix parfaite qui sembla suspendue un instant avant qu’il ne saisisse fermement chaque poignée.

Pally tendit devant son visage la lanterne, la lumière vacillante projetant des ombres inquiétantes sur les arbres noueux autour d’eux. Il inspira profondément et fit signe au groupe de le suivre. « Alors allons-y. »

Ils progressaient dans la forêt, suivant leur formation. Le silence n'était rompu que par le craquement des feuilles mortes sous leurs pas et le grincement occasionnel des branches au-dessus d'eux. La lanterne de Pally projetait un halo tremblotant, créant une bulle de lumière rassurante au milieu des ténèbres.

Soudain, Pally ralentit son pas. Quelque chose avait changé dans l'atmosphère de la forêt. Les bruits nocturnes – le hululement des chouettes, le bruissement des petits animaux – s'étaient tus. Même le vent semblait retenir son souffle.

« Attendez, » murmura-t-il, levant légèrement la lanterne. « Vous entendez ? »

Un silence pesant lui répondit. Puis, au loin, presque imperceptible, un craquement de branche. Différent de ceux qu'ils produisaient. Plus lourd. Plus... délibéré.

Ellendia banda son arc d'un geste fluide. « Il y a quelque chose qui nous observe. »

La main de Merwinn se resserra sur la garde de son épée. Son regard allait d'Ellendia aux ombres menaçantes, partagé entre son instinct de protection et sa peur grandissante. William, à l'arrière, avait sorti ses dagues sans un bruit, ses mouvements précis et mesurés trahissant une tension contenue.

C'est là qu'ils les virent. Des yeux. Des paires d'yeux luisant d'un éclat verdâtre surnaturel, apparaissant un à un dans l'obscurité. Ils les encerclaient.

Pally éleva la lanterne, révélant leurs assaillants. Des loups, mais pas ordinaires. Leur pelage sombre était parcouru de symboles phosphorescents qui pulsaient faiblement, comme des runes vivantes. Leurs corps massifs se mouvaient avec une grâce létale, leurs babines retroussées dévoilant des crocs luisants.

« Restez groupés, » ordonna Pally, sa voix calme mais ferme. « Dos à dos. Ne les laissez pas nous séparer. »

Le premier loup bondit. Merwinn le repoussa d'un coup d'épée précis, son désir de protéger Ellendia surpassant sa peur. Cette dernière décocha une flèche qui se planta dans l'épaule de la bête, lui arrachant un glapissement de douleur.

« Attention ! » cria Ellendia, alors qu'un deuxième loup surgissait des ténèbres.

Pally pivota, balançant la lanterne devant lui. La lumière vive aveugla momentanément la créature, permettant à son épée de tracer un arc mortel. Le loup recula, un filet de sang coulant de son flanc où les symboles verdâtres pulsaient avec plus d'intensité.

Un mouvement furtif dans l'obscurité attira l'attention de William. Alors que tous étaient concentrés sur les loups devant eux, une ombre se faufila silencieusement sur leur flanc. Un loup plus petit et plus agile que les autres, ses symboles à peine visibles, se préparait à bondir.

Le cœur de William s'emballa. Ses mains moites serrèrent les manches de ses dagues. Il avait passé des heures à s'entraîner seul, répétant les mêmes mouvements encore et encore, mais c'était différent. Là, c'était réel.

Le loup bondit. William ne réfléchit pas. Son corps bougea par instinct, ses dagues maladroitement levées devant lui. La première lame ripa sur les crocs de la bête dans une gerbe d'étincelles, le choc lui engourdissant le bras. Mais ce contact imprévu déséquilibra suffisamment le loup pour que sa seconde dague, plus par chance que par habileté, entaille son flanc.

La bête retomba en travers, ses marques verdâtres pulsant de douleur. Son pelage hérissé, elle fixa William de ses yeux luisants, comme surprise qu'un humain si jeune ait pu la blesser. Puis elle disparut dans les ténèbres avec un gémissement rageur.

William reprit son souffle, ses mains tremblantes sur ses dagues. Ce n'était pas aussi élégant que dans ses entraînements solitaires, mais il avait réussi.

« Ellendia, à ta droite ! » prévint Merwinn, se précipitant pour intercepter un loup qui tentait de la prendre à revers.

Pally, comprenant que la lumière était leur meilleur atout, dirigea le faisceau de la lanterne vers le sol, créant un cercle lumineux autour d'eux. Les ombres des loups s'étirèrent, révélant leurs positions. Dans cette clarté soudaine, Ellendia put viser avec précision. Sa flèche trouva la gorge du loup alpha.

La bête, déjà bien blessée, s'effondra, ses marques verdâtres vacillant avant de s'éteindre comme des braises mourantes. Les autres loups reculèrent dans l'obscurité, mais leurs grondements ne cessèrent pas. Au contraire, leurs hurlements résonnèrent au loin, se répercutant entre les arbres, impossibles à localiser. Un appel qui sonnait davantage comme une promesse que comme une retraite.

Le silence retomba sur la forêt, hanté par l'écho de ces cris. Merwinn, réalisant qu'il s'était placé devant Ellendia pendant tout le combat, baissa maladroitement son épée, ses joues rosissant légèrement.

Ellendia posa une main sur son épaule, son autre main gardant fermement son arc. « Merci, » murmura-t-elle, un sourire doux aux lèvres.

Pally s'approcha du loup tombé, éclairant sa dépouille. Les symboles sur son pelage avaient complètement disparu, ne laissant que des marques à peine visibles. « Ces marques... La sorcière nous attend. »

Des hurlements lointains ponctuèrent ses paroles, comme pour confirmer ses dires. Il releva la lanterne, son regard déterminé fixé sur le chemin devant eux. « On continue. Elle veut nous tester ? Alors allons à sa rencontre. »

Chapitre 10: La Sorcière

Tu as aimé? ;)

N'hésite pas à nous faire part de tes impressions concernant ta lecture de Tales of past.